Géographie des dépotoirs
Nuisance et réhabilitation coûteuse
L’un des graves problèmes de pollution au Liban est celui des dépotoirs, dispersés, à ciel ouvert, un peu partout sur l’ensemble du territoire. Des substances chimiques, des déchets industriels, des ordures immondes et des millions de sacs en plastique sont déversés dans ces dépotoirs qui menacent sérieusement certaines régions.
Selon une étude de la Compagnie de la terre, financée par le programme de développement des Nations unies (PNUD), il existe sur l’ensemble du territoire libanais 670 dépotoirs, dont 504 qui contiennent des déchets industriels, ménagers et médicaux et 166 utilisés pour les résidus des bâtiments en construction. Toujours selon la même étude, il faudrait environ 52 millions de dollars pour réhabiliter ces dépotoirs qui reçoivent, chaque jour, plus de 1300 tonnes de déchets solides, pour un total variant entre 410000 et 510000 tonnes par an, sur les 1,4 million de tonnes de déchets produits par le Liban chaque année. Le dépotoir de Hamate, dans le caza de Batroun est à ciel ouvert. Le ruisseau, en amont duquel se trouve ce dépotoir, charrie des bactéries et des virus, provoque toutes sortes de maladies infectieuses et dégage des matières cancérigènes. Il s’étend jusqu’à Héri, un village de la côte. A Bourj Hammoud, le fameux dépotoir, qui ne cesse de défrayer les chroniques, s’étend sur une superficie de 200000 mètres carrés et une hauteur de cinquante mètres. Il menace toute la région de Bourj Hammoud et de Dora par le gaz méthane qu’il dégage, dont le risque est accru pendant les grandes chaleurs. Il constitue un danger de pollution, non seulement du sol, mais aussi de l’air et des nappes phréatiques.
Inter-Montagne d’ordure à Saïda. Ce sont des milliers de tonnes de déchets par jour qui se déversent dans le dépotoir de Saïda, venant des régions environnantes. Ce problème a été soulevé au cours des derniers mois, et une usine d’incinération est prévue. En attendant, la pollution due au dépotoir reste entière.
|
Le dépotoir de Hbaline est privilégié par les camions chargés de déchets hospitaliers et de toute la gamme des ordures et des décharges. Il est situé dans une petite vallée entre Hbaline et Amchit, en passant par le village Ghorfine, une vallée pourtant classée «réserve protégée». Ce qui ne l’a nullement protégée. Elle sert de dépotoir non seulement au caza de Jbeil, mais aussi aux villages du Kesrouan avoisinants. Dans cette vallée, sous les 120000 m2 sur lesquels s’étend le dépotoir, passe un fleuve souterrain qui alimente des dizaines de nappes phréatiques, d’où 17 villages se fournissent en eau dans des puits artésiens. Les eaux que pollue le dépotoir, s’écoulent vers Amchit, infectent ses puits et atteignent son rivage et la mer qui le baigne. Les dépotoirs représentent une capacité totale de 6750000m3 sur l’ensemble du territoire libanais. Leur réhabilitation demanderait des sommes exorbitantes. La réhabilitation du dépotoir du Normandie a coûté plus de 125 millions de dollars, alors qu’une grande partie des déchets est versée dans la mer.
Inter–catégories de dépotoirs Selon l’étude de la Compagnie de la terre, les dépotoirs peuvent être divisés en catégories, en se basant sur des critères multiples tels la capacité du dépotoir, la quantité de déchets qui y est déversée, la nature biologique et hydrologique de la terre où il se trouve, ainsi que le lieu et la distance qui le séparent des régions habitées. La plupart des dépotoirs, toujours selon la même étude, sont situés en dehors de Beyrouth et du Mont-Liban, dont les déchets sont déversés à Nahmé. L’étude classe, en conclusion, vingt dépotoirs. Parmi les plus dangereux, ceux qui reçoivent par jour plus de 70% de l’ensemble des déchets ménagers acheminés vers les dépotoirs. Trouvera-t-on une solution à cette affaire? A.K.
|