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Nº 2953 du vendredi 13 juin 2014

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Histoire

En exclusivité, exposition internationale au Centre des sciences de Montréal. La grotte de Lascaux ou les chefs-d’œuvre de la préhistoire

On y rentre comme dans une machine à remonter le temps. On sait que c’est dans la préhistoire que l’on va plonger, pour essayer de comprendre à quoi ressemblaient nos ancêtres et comment ils s’exprimaient. Flash-back… sur place.

L’homme de Cro-Magnon est comme vous, comme moi. C’est la première grosse constatation qui s’impose au cours de la visite qui s’amorce dans la pénombre, propice au recueillement face à cette incursion dans ce qu’on a nommé «la chapelle Sixtine de la préhistoire».
Dans cette exposition itinérante, actuellement à Montréal jusqu’à mi-septembre, toutes les conditions d’une caverne ont été reproduites. Celles où, il y a 20 000 ans, des hommes et des femmes ont peint dans d’insondables galeries et des cavités souvent inaccessibles, des fresques qu’on a du mal encore à expliquer. Sur leurs parois des scènes d’animaux de toutes sortes et des signes énigmatiques. Une symbolique difficile à interpréter: «C’est comme si, des dizaines de milliers d’années après le christianisme, quelqu’un venait sur terre et découvrait des croix disséminées un peu partout. Il saurait que cela signifierait quelque chose, mais quoi?», commente un historien dans l’une des huit vidéos de spécialistes qui tentent une explication de ce véritable joyau de l’art préhistorique. Un dispositif monumental reproduit cinq fresques (l’Empreinte, la Vache noire, les Bisons adossés, la Frise des cerfs et la Scène du puits), parmi les plus importantes de Lascaux, en 3D, sur une maquette au 1/10e, d’une étonnante précision. Les panneaux sont identiques aux originaux dans leurs caractéristiques: microrelief, apparence, texture et rendu final. A se croire véritablement sur les lieux.
L’intérêt de cette exposition réside dans son souci pour comprendre, restituer l’histoire et l’esthétique de cette civilisation. Une multitude d’objets abandonnés (on ne sait pas pourquoi) dans la grotte nous parle du mode de vie de Cro-Magnon, de ses habitudes alimentaires, de ses activités quotidiennes. Par le son et l’image, on découvre, par exemple, comment cet homme qu’on qualifie «des cavernes» taillait dans la pierre de quoi confectionner une aiguille, comment il lui perçait un chas et avec quelle finesse il polissait son œuvre, tout à fait identique à l’aiguille que nous piquons aujourd’hui dans notre jean! Ce Cro-Magnon, qu’on imagine chevelu et sale, détenait des techniques artistiques étonnantes: il utilisait par exemple les reliefs naturels des parois pour mettre en scène les animaux, une sorte de bande dessinée préhistorique! «Ils maîtrisaient parfaitement le mélange des pigments – ocres naturelles, oxydes de fer et de manganèse –qui leur ont permis d’obtenir une palette polychrome d’une vingtaine de nuances différentes, unique dans l’art préhistorique», affirme le directeur artistique et de la production de l’exposition, Francis Ringenbach. Pour compléter la découverte, des présentations multimédias et interactives permettent de manipuler des images, de faire des expériences sensorielles et de s’approprier en quelque sorte les dessins géométriques énigmatiques qui se juxtaposent.
Mais malgré le travail impressionnant pour relever, photographier, filmer, analyser, dater, numériser et transposer Lascaux, malgré toute la technologie de pointe et l’art de l’excellence combinés, la signification d’un des premiers chefs-d’œuvre de l’Homme demeure un mystère. Les origines de l’humanité nous laissent tout aussi perplexes.

Gisèle Kayata Eid, Montréal

L’histoire de la reconstitution
La Dordogne est une très belle région du sud-ouest de la France. Dans son flanc, se cache un trésor inestimable découvert fortuitement par quatre adolescents en 1940. Plus d’un million de visiteurs se sont précipités pour voir, dans la grotte de Lascaux, des gravures, des peintures faites par notre ancêtre, le Cro-Magnon. Alarmé par la détérioration des cavernes, due à la pollution des visiteurs (algues, champignons), le gouvernement français les ferme en 1963 et ouvre une grotte artificielle, réplique des œuvres de la grotte originale, reconstituée à partir de calques. Pour voir ces chefs-d’œuvre rupestres, il fallait quand même aller dans le Périgord… jusqu’à cette exposition itinérante qui va faire le tour du monde jusqu’en 2020.

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