A l’initiative de Gebran Bassil, le ministère des Affaires étrangères a lancé, les 30 et 31 mai 2014, à l’hôtel Habtoor, le premier congrès réservé à l’émigration: Potentiel de la diaspora libanaise. Plus de 200 personnalités d’origine libanaise, dont les noms ont brillé sur la scène internationale, se sont déplacées à Beyrouth pour assister à ce congrès.
Carlos Eddé, Wajdi Mouawad, Amin Maalouf, Georges Schéhadé, Carlos Ghosn, Paul Anka, Shakira, Mika, Salma Hayek, Georges Corm… Hommes politiques, hommes de lettres, journalistes, scientifiques, hommes d’affaires, musiciens… Ces personnalités que nous connaissons sont toutes issues de la diaspora libanaise.
Remontant à plusieurs siècles, la tendance des Libanais à émigrer fait désormais partie du quotidien. La diaspora libanaise compte actuellement 3 à 4 millions de personnes, dispersées dans plus de 70 pays. «Cette diaspora résulte des bouleversements historiques qui ont secoué le Liban et le Moyen-Orient, brisant la stabilité des peuplements et des territoires». Le déclenchement de la guerre civile en 1975 a fortifié la diaspora libanaise, près d’un million de Libanais ayant quitté le pays à cette époque. Emigration d’abord provisoire vers les pays voisins, elle s’est transformée par la suite en une émigration définitive vers des pays plus éloignés tels que la France, les Etats-Unis, l’Australie, certains pays d’Afrique occidentale, la Suède, etc. La prolongation de la guerre, ses conséquences socioéconomiques désastreuses et la difficulté qu’éprouve le pays pour s’en remettre économiquement et politiquement sont des facteurs qui ont accéléré «l’exode», altérant ainsi les perspectives de retour des Libanais.
De nouvelles solutions?
«L’immigration renforce le budget national», «Il faut privilégier l’immigration choisie contre l’immigration subie», «L’aide au développement peut interrompre les flux d’émigration», «La lutte contre l’immigration clandestine favorise l’intégration des migrants installés». Tant de questions et d’affirmations qui, jusqu’à ce jour, n’ont pas réussi à rétablir
la situation.
Se prononçant sur le droit des émigrés à la nationalité, le ministre Bassil affirme qu’«avec 450 000 réfugiés palestiniens, 350 000 non-Libanais naturalisés et un million et demi de déplacés syriens, le Liban laisse tomber des milliers de Libanais de ‘‘pure race’’». Favorable à une plus grande participation des émigrés à la vie politique libanaise, par le biais d’une représentation parlementaire, de la création d’un vote électronique en ligne (l’e-voting) et de l’élaboration d’une loi électorale neuve, le ministre des Affaires étrangères insiste sur la nécessité de sortir de l’individualisme et de s’ouvrir au «groupe», à la communauté. En d’autres termes, il s’agit de créer des réseaux de communication plus efficaces permettant aux résidants et aux émigrés d’établir des liens entre eux. Abordant le volet économique, Bassil précise que 8 milliards de dollars sont envoyés chaque année au Liban par la diaspora, soit 20% du produit national, le taux le plus élevé dans la région.
De son côté, le ministre de l’Education, Elias Bou Saab, a présenté un projet de mise en place d’écoles libanaises dans tous les pays où résident des Libanais (à savoir qu’onze écoles existent déjà). Projet que soutient Bassil soulignant la «nécessité de créer des opportunités d’investissement, d’encourager les émigrés à investir, de créer une infrastructure pour la diaspora et d’édifier des écoles libanaises qui adopteraient le cursus national dans le monde». Si le gouvernement libanais ne commence pas à prendre les mesures nécessaires pour régler ce problème, les émigrés libanais perdront leur sentiment d’appartenance et le Liban son identité.
Natasha Metni
Au programme
Dans son discours, le ministre Gebran Bassil a expliqué que «le Liban est fier des réalisations de ses fils résidants et émigrés», souhaitant mettre la lumière sur la réussite des Libanais à l’étranger et sur la possibilité de regrouper les acteurs de ce succès international autour d’une cause unique: celle du Liban. Le programme du premier jour a comporté deux sessions de travail: Droits des Libanais de l’émigration et Le lien en vue du développement entre les résidants et émigrés libanais. Au programme du second jour, une séance de débat, Les Libanais qui réussissent et excellent à l’étranger, suivie de deux ateliers réunissant les émigrés regroupés sur bases géographique et sectorielle.