Magazine Le Mensuel

Nº 2850 du vendredi 22 juin 2012

Economie & Finances

Economie et finance

Banques
Signes de confiance interne et externe

De la bouche même de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, dont les propos ont été repris par le chef de l’Etat, Michel Sleiman, lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, «les Etats-Unis sont satisfaits de la coopération entre la Banque du Liban et la Réserve Fédérale américaine (FED)». Cette prise de position en dit long dans la mesure où son interprétation ne prête à aucune équivoque: le monde de la finance internationale peut traiter avec confiance avec les banques opérant au Liban et, de leur côté, les Libanais peuvent être tranquilles sur la préservation de leurs dépôts bancaires et de la sécurité de leurs trans-actions financières avec l’étranger.
Vraisemblablement, la BDL et l’Association des banques ont mis le train sur la bonne voie. Des démarches tangibles ont en effet été entreprises au niveau du secteur pour éviter toute infraction à l’embargo financier imposé par les Etats-Unis et l’Union européenne à l’Iran et à la Syrie et, d’autre part, la mise au point d’ici fin 2012 d’un mécanisme efficace qui permettrait d’éviter toute évasion fiscale des fonds américains placés au Liban.
Sur le plan monétaire, les statistiques de la BDL au 31 mai 2012 ont montré une progression des dépôts bancaires en livres libanaises de 263 milliards et un recul de ceux en devises étrangères de 38 millions de dollars, alors que la masse monétaire (M4) s’est agrandie de 149 milliards de livres. Quant au taux d’intérêt interbancaire, il est demeuré inchangé à 2,75% – fixé par la BDL – vu le volume des liquidités disponibles en livres sur le marché local. Dans le même contexte, la BDL, tout comme le ministère des Finances, ont refusé ces dernières semaines les propositions des banques de souscrire aux bons du Trésor à condition que le niveau du taux d’intérêt soit relevé de 15 points de base. Estimant que la conjoncture macroéconomique ne nécessite pas une telle hausse de la structure des taux, la Banque centrale a elle-même financé les besoins de l’Etat.
Pour ce qui est des banques libanaises opérant en Syrie (au nombre de 7), elles s’abstiennent totalement depuis un certain temps de porter des titres souverains. Ce comportement s’est maintenu car l’inflation a atteint 30%, selon des sources officielles, qui ont toutefois qualifié ce taux de «gérable». Dans le même prolongement s’inscrit l’indicateur financier que constitue le budget de l’Etat syrien, qui a atteint un niveau record dans l’histoire du pays, soit 21 milliards de dollars, suscitant la réserve de la part des banques libanaises. Ce qui les pousse à se montrer vigilantes vis-à-vis des obligations syriennes est la planche à imprimer de la monnaie qui a commencé à tourner. Une quantité importante de livres syriennes aurait été imprimée en Russie afin de permettre à l’Etat de payer les salaires des fonctionnaires.
En Egypte, une nouvelle proposition de loi réglementant le fonctionnement des banques commerciales égyptiennes est en discussion au Parlement. Elle concernerait les banques libanaises BlomBank et Audi Bank, qui opèrent sur base d’une licence d’exploitation bancaire égyptienne. La proposition de loi exige un relèvement des fonds propres de toute banque égyptienne à 330 millions de dollars. Cette mesure ne devrait pas constituer une entrave aux deux banques libanaises. Les capitaux propres de BlomBank s’élèvent en ce moment à 126 millions et ceux de Bank Audi à 200 millions, représentant 10% et 5,7% du total des actifs respectifs de Audi Bank et BlomBank. Toujours est-il que les établissements de crédit libanais devraient prendre en compte ces nouvelles données lors de l’élaboration de leurs stratégies à venir. Sachant que la proposition de loi qui émane d’un Parlement dominé par les Frères musulmans – récemment dissous – recommande que le pourcentage de banques islamiques dans le pays passe de 4% à 35% d’ici cinq ans. n

Energie renouvelable
12% de la production en 2020, espère Bassil

Lorsque la détérioration de la sécurité, notamment au Liban-Nord et dans certaines régions de la plaine de la Békaa s’est fait ressentir, les priorités du gouvernement ont changé. Mais dans un pays où la consommation d’énergie est équivalente à 3130 kwh par habitant, soit un niveau supérieur à celui enregistré dans la région Mena et sur le plan mondial, la production d’énergie est un dossier qui ne peut pas être mis en veilleuse. Il est donc normal que le citoyen s’interroge sur le sort des fameux bateaux-générateurs et des appels d’offres pour la construction de nouvelles centrales électriques. D’autant que ces dossiers avaient empoisonné la vie politique pendant des mois et avaient failli provoquer la démission du gouvernement.
Il y a une dizaine de jours, les responsables semblent avoir mis le cap ailleurs. Installé aux côtés du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, le ministre de l’Energie, Gebran Bassil, a mis l’accent sur «l’initiative du secteur privé à la lumière du maintien du «projet national vert pour le financement des microprojets visant à mettre en place des installations destinées à la production d’une énergie renouvelable». Ce projet est, rappelle-t-on, soutenu par la BDL, le Pnud, l’UE et le Centre libanais pour la préservation de l’énergie. Le ministre Bassil a appelé de ses vœux que le Liban puisse assurer, d’ici 2020, 12% de ses besoins énergétiques à partir des mécanismes de l’énergie renouvelable, soit l’énergie solaire, l’énergie éolienne ou autre.
Entre-temps, où est passée l’initiative gouvernementale de la location de navires générateurs d’énergie? La question est de nouveau à l’ordre du jour, à un moment où les heures de rationnement ont augmenté, atteignant parfois dans certaines régions16 heures de coupure par jour. Cette hausse des heures de rationnement est justifiée par les responsables par leur volonté d’alléger le déficit du Trésor d’une part, et par des raisons compliquées d’ordre politique et financier liées «au retard délibéré» dans l’approbation de la loi de Finance. Il faut aussi prendre en considération certaines raisons d’ordre technique, à savoir l’interruption de l’acheminement d’énergie vers le Liban à partir de la Syrie et de l’Egypte (330 MW) à cause de la situation sécuritaire dans ces pays. Ceci, sans oublier les pannes qui touchent par intermittence certaines unités électrogènes vétustes. Sur le terrain, ces tracas de tout ordre affectent 1300000 abonnés au réseau électrique de l’Etat, qui versent plus de 950 milliards de livres par an à l’EDL, sans pour autant recevoir en contrepartie les services escomptés.
L’EDL enregistrait avant le déclenchement de la guerre civile, en 1975, un excédent en termes de revenus en rythme annuel, qui alimentaient le Trésor. Mais le déficit a commencé à se creuser il y a deux décennies, atteignant un montant nominal aujourd’hui de 11 milliards de dollars. Sans oublier les taux d’intérêt qui se sont accumulés tout au long de cette période. C’est la banque centrale qui est intervenue au cours de ces dernières années pour couvrir ce déficit grandissant. Les avances de la BDL sont venues grossir la dette publique. En deux mots comme en mille, selon l’expert Mansour Bteich, si le problème du déficit de la BDL avait été résolu au début des années 90, comme ceci avait été planifié, le montant de la dette publique aurait représenté 34 milliards de dollars au lieu de 54 milliards de dollars. Sachant que si l’on prend en compte le taux d’intérêt moyen appliqué à ces avances, soit 9%, le montant effectif global des avances serait de 17 milliards de dollars ou de 31,5% du total de la dette nominale (54 milliards de dollars).

Liliane Mokbel

 

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