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Nº 2850 du vendredi 22 juin 2012

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La poudrière des camps. Qui réveille le facteur palestinien?

La fièvre sécuritaire a donc fini par gagner les camps palestiniens. A Nahr el-Bared, Beddaoui et Aïn el-Heloué, des affrontements entre l’Armée libanaise et des réfugiés en colère ont fait deux morts et une dizaine de blessés. Qui remet les Palestiniens en scène?

Jusque-là, les camps palestiniens avaient été épargnés du contexte explosif du Liban-Nord. Bien que les comités de sécurité qui les dirigent fassent constamment face à des groupuscules prêts à s’embraser à tout moment, le couvercle semblait plutôt bien vissé avant qu’il ne saute la semaine dernière.
Avec l’ouverture de ce nouveau front, l’analogie avec la période pré-1975 n’en est que renforcée. Les autorités, par la voix du président Michel Sleiman et du Premier ministre Najib Mikati, ont œuvré toute la semaine pour parer au plus urgent. Mais c’est le commandant de l’armée, le général Jean Kahwagi, qui a jeté un pavé dans la mare en accusant une tierce partie d’avoir été à l’origine du début des heurts. Car à peine le front nord s’était calmé, le front sud devait s’embraser. Un mouvement de solidarité, à entendre les responsables palestiniens du côté de Aïn el-Heloué. Une solidarité qui ne s’était jamais manifestée lors de la guerre de Nahr el-Bared, en 2007. Les observateurs avisés s’interrogent plutôt sur le timing de ces affrontements au moment où les rues de Tripoli commençaient à se pacifier.
La nuit du vendredi 15 juin, à Nahr el-Bared deux jeunes Palestiniens circulant en scooter s’arrêtent au poste de contrôle de l’Armée libanaise, situé à la lisière du camp. Ils refusent de présenter leurs papiers d’identité. Les deux jeunes sont arrêtés. Le ton monte, la tension aussi. Très vite, on se masse autour du check-point. Pour empêcher l’arrestation, les habitants lancent des pierres, l’armée disperse la foule à coups de semonce. Les responsables du camp se mobilisent afin de ramener le calme et éviter que la situation ne dégénère, mais le mal était fait. Dans la cohue, un homme, Ahmad Qassem, est tué par balles et trois autres personnes sont blessées. La nouvelle se diffuse comme une trainée de poudre. Des centaines d’habitants de Nahr
el-Bared ont par la suite coupé les routes dans le camp et, en geste de solidarité, les habitants du camp de réfugiés palestiniens de Beddaoui, à quelques kilomètres de là, ont manifesté, coupant les accès à la ville voisine de Tripoli. Cette fois encore, c’est le comportement de l’armée qui est remis en cause.
Le lendemain, les factions palestiniennes et les dignitaires religieux du camp ont exhorté le commandement de l’armée à ouvrir une enquête. Ils dénoncent «les tirs arbitraires des soldats libanais sur les protestataires pacifiques». L’armée explique n’avoir d’abord utilisé que du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc et que des armes défensives. Elle a par ailleurs appelé les Palestiniens à ne pas tomber dans «le piège de l’exploitation politique». Malgré les tensions, et grâce aux contacts entrepris entre le président Sleiman et son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, un accord fragile de pacification a été trouvé. Mais l’accalmie n’aura duré que deux jours.
Lundi, après les funérailles d’Ahmad Qassem, les affrontements ont repris. Cette fois, plusieurs victimes sont à déplorer. L’armée, qui a dû déployer les grands moyens, a accusé des groupes palestiniens armés, «lésés ou infiltrés», d’avoir jeté des pierres et des cocktails Molotov en direction d’un des postes de l’armée qui a dû intervenir. Le conflit entre Palestiniens et l’Armée s’est désormais déporté vers Aïn el-Heloué où pullulent les groupuscules intégristes.
Alors que les tensions dans le pays se généralisent sur fond de coupures de courant et de revendications politiques en cette fin de semaine, les contacts se poursuivent entre les autorités libanaises et palestiniennes et l’on se dirige probablement vers un accord global stipulant un arrêt général des affrontements contre l’assurance de la libération des onze Palestiniens interpellés ces derniers jours à Nahr el-Bared et Aïn el-Héloué.

 

J. A.R.
 

 

Détenus relâchés
Au lendemain de la décision du juge d’instruction Ghassan Oueidate, agissant dans le cadre de la Cour de justice instaurée pour juger des affrontements de Nahr el-Bared en 2007, d’accepter les demandes de remise en liberté de quatorze personnes mises en cause dans cette affaire, neuf détenus islamistes à la prison de Roumié ont été relaxés.
Une libération saluée, mais jugée insuffisante par les islamistes, réunis mardi sur la place centrale de Tripoli, qui ont réclamé que ce sont les 180 détenus qui doivent être relâchés et non seulement les quatorze que la justice a accepté de relaxer après le paiement, par le Premier ministre, Najib Mikati, de leur caution.

 

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