Hausse des taux d’intérêt
Tributaires de l’environnement extérieur
Le Premier ministre Najib Mikati a donné un avant goût de la politique fiscale que son gouvernement entendait adopter, lors de l’annonce de son plan de réforme économique. Le chef du gouvernement a souligné «qu’il n’y aura pas de nouvelles dépenses publiques sans des sources de revenus supplémentaires». Il s’agit là de l’une des règles fondamentales des Finances publiques. Toutefois, le ministère des Finances est-il conscient du fait que le relèvement de la taxe sur les taux d’intérêt bancaires de 5% à 7% serait, pour le moins que l’on puisse dire, nuisible tant pour les dépositaires que pour les banquiers eux-mêmes? Tout simplement, les rendements sur les dépôts bancaires constituent pour des dizaines de milliers de familles libanaises une des sources vitales de leurs revenus mensuels. Quant aux banques, il est clair que pour la deuxième année consécutive, leurs profits sont en recul et qu’une telle politique fiscale contribuerait à réduire davantage leur marge de bénéfices. A titre indicatif, l’activité bancaire en termes de financement des opérations d’exportation a enregistré seulement au cours des deux derniers mois, une baisse variant de 30% à 40%.
Parallèlement, le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, a fait preuve d’un franc-parler avec les banquiers, au cours de leur dernière réunion mensuelle. Il a estimé que le ministère des Finances détient dans son portefeuille un excédent de bons du Trésor qui lui permettrait de ne pas recourir à une nouvelle émission d’obligations en livre, affirmant par ailleurs que la Banque centrale n’a nullement l’intention d’être en lice avec les banques lors d’une éventuelle émission de titres souverains. «La conjoncture actuelle est inappropriée pour l’utilisation de l’outil des taux d’intérêt afin d’attirer des capitaux étrangers», a dit le patron de la BDL. De plus, il n’a pas caché sa prudence à cette étape, en attendant les solutions qui seraient proposées pour le règlement des crises dans la zone euro et le cours que prendraient les événements dans la région. En fait, lerisque qui toucherait le secteur bancaire domestique est lié à l’environnement extérieur du Liban, qui pourrait à tout moment connaître une grave escalade, entraînant automatiquement une dégradation de la notation du risque souverain libanais. Une révision à la baisse de la notation de la créance libanaise aurait pour résultat un relèvement obligé des taux d’intérêt. Les conséquences désastreuses seraient immédiatement ressenties tant sur les finances publiques que sur les coûts d’investissement et les prix à la consommation. Partant de ce scénario, pourquoi le gouvernement prendrait-il le risque de couper l’herbe sous les pieds de dizaines de milliers de dépositaires qui trouvent dans le rendement sur leur épargne à la banque une sorte de pension-retraite. De plus, pourquoi ce mauvais choix de faire assumer au secteur bancaire, dont l’activité représente 6% à 7% du volume de l’économie, environ 30% des impôts versés par les sociétés opérant au Liban? Et ceci, si l’impôt sur leurs bénéfices devait passer de 15% à 20%, soit 5% de plus que l’impôt sur les revenus des autres société
Solidere
L’action bat de l’aile mais les prix des terrains résistent
Les prix des actions Solidere A et B n’ont été affectés ni par les pronostics positifs rendus publics la dernière semaine de juin par plusieurs banques de Beyrouth ni par l’annonce de la distribution de dividendes aux actionnaires pour l’exercice financier 2011. Toutefois, le prix des terrains dans le périmètre de la Société libanaise pour le développement et la reconstruction du centre-ville, y compris les lots situés dans la Zone du Biel, ce qu’on appelait dans le temps la région du Normandie, ont fait preuve de résilience, enregistrant une progression régulière. Les prix des actions Solidere dans leurs deux catégoriesA et B ont clôturé la dernière semaine de juin à 13,7 dollars, accusant une hausse minime de 0,61% et de 0,07% respectivement d’une semaine à l’autre. Toutefois, la banque privée FFA a estimé le prix économique de l’action Solidere à 20 dollars, soulignant que la plus grande société libanaise immobilière en termes de capitalisation boursière a «un potentiel significatif de valeur pour l’investisseur de long terme, à condition que la situation politique et sécuritaire se stabilise». A court terme, le département de recherche FFA a fait état «de transactions de vente modérées de lots de terrains et souligné l’importance pour le management de Solidere d’intensifier ses efforts en cours afin de finaliser la conclusion de contrats de cession de 4 parcelles de terrains situées sur le front de mer et de deux autres qui se trouvent dans la zone traditionnelle du centre-ville. Cependant, si la conjoncture locale sécuritaire venait à se détériorer, Solidere n’aurait d’autre option que d’emprunter des fonds afin de continuer à financer l’achèvement de l’infrastructure, souligne Nadim Kabarra, chef du département des recherches à FFA. De toute façon, celui-ci s’attend à ce que Solidere accroisse ses emprunts à moyen-terme dans le but de soutenir sa stratégie de croissance et son investissement dans l’infrastructure. Dans le cadre du meilleur scénario, les prévisions de FFA en termes de revenus s’élèveraient à 169 millions de dollars, soit la moitié de ceux enregistrés en 2011. Contre vents et marées, le Conseil d’administration de Solidere a décidé de distribuer des dividendes par action de 0,25 dollar et une action supplémentaire contre chaque 50 actions détenues par un actionnaire.
Sous le thème Solidere, un investissement de long terme viable, le bulletin économique hebdomadaire de BlomInvest a relevé que la liquidation du stock restant de parcelles de terrains de la société qui s’élèvent à près de 1,85 million de mètres carrés, au cours des 17 prochaines années – Solidere a été créée en 1992 pour une période de vie de 35 ans – nécessiterait la conclusion de transactions de vente de lots de terrains portant au moins sur 109000 mètres carrés en rythme annuel. Or dans la pratique, les ventes annuelles de Solidere sont considérablement en deçà de ce chiffre. La raison est simple: la compagnie immobilière refuse de baisser les prix qu’elle avait fixés au préalable malgré un marché ardu. Par cette stratégie, elle entend créer «une valorisation de l’investissement pour l’actionnaire». Dans la conjoncture actuelle, une telle stratégie nécessiterait soit une prolongation de la vie de la société, soit l’amendement de ses statuts de manière à la libérer de toute contrainte en termes de durée de vie. Un avocat commercial, consultant juridique pour un nombre de transactions d’une valeur d’environ un milliard de dollars, a expliqué à Magazine l’évolution de la moyenne des prix des terrains dans le périmètre de Solidere. Ces prix sont calculés sur base de l’espace de l’appartement à construire ou ce qui est plus communément connu dans le jargon anglo-saxon «Built Up Area» ou «Net Development Rights». Ces chiffres sont considérés comme une évolution de la moyenne approximative des prix, du fait de leur fluctuation suivant que le terrain est situé dans la zone traditionnelle du centre-ville ou sur le front de mer. Selon la source, en termes de Built Up Area (BUA) le mètre carré valait en 1998 près de 950 dollars, 1250 dollars en 2000, entre 1400 et 1800 dollars en 2005, 2500 dollars en 2006/2007 (Zone Biel), 2250 dollars en 2008/2009, 3000 dollars au moins en 2010, au moins 3600 dollars en 2011/2012 et 4600 dollars en 2012 (Zone Biel). De quoi laisser rêver les amateurs de luxe…