Le détroit d’Ormuz, l’arme suprême de l’Iran
Depuis le 1er juillet, dans le cadre des sanctions internationales contre Téhéran et son programme nucléaire, l'Union européenne applique un embargo total sur l'achat, mais aussi sur le transport de pétrole iranien, voté en janvier dernier par les ministres européens des Affaires étrangères. Cet embargo s'accompagne d'un gel des actifs de la banque centrale d'Iran et de toutes ses transactions liées au pétrole, ainsi que toutes les transactions en or et métaux précieux. Des mesures également appliquées depuis le mois de juin par les Etats-Unis.
Pour protester contre ces sanctions, à l’initiative de Javad Karimi Qodoosi,une centaine dedéputés du Parlement iranien ont signé, au début du mois, une proposition de loi visant à forcer l’armée nationale à interdire le passage du détroit d'Ormuz, par lequel transitent 20% du pétrole mondial, aux pétroliers se rendant vers les pays européens qui ont imposé des sanctions contre le pétrole iranien. Mais si la pression exercée au niveau national pour agir est importante, c’est aujourd’hui à l’état-major de l’armée que le débat semble le plus vif. La semaine dernière, le général Hassan Firuzabadi a expliqué que le plan de fermeture du détroit stratégique d'Ormuz existait «mais nous ne le mettrons à exécution que si la sécurité du pays est menacée». Lundi, Ali Reza Tangsiri, commandant de la marine, a indiqué que «la sagesse ne recommande pas la fermeture de ce détroit alors que l’Iran lui-même utilise cette voie pour transporter son pétrole».
Pour contourner les sanctions, les autorités iraniennes déploient d’importants efforts pour construire des pipelines vers les marchés asiatiques et développer d’autres ports sur le territoire national avec un accès direct à l’océan indien.
Par ailleurs, des représentants du gouvernement américain ont dernièrement avancé que, pour échapper à une riposte directe, les autorités iraniennes se seraient orientées vers une autre solution que celle de bloquer le Détroit d’Ormuz, à savoir, attaquer des plateformes et des tankers pétroliers autour du Golfe persique.
Le prince Bandar, nouveau chef des services de renseignement saoudiens
Depuis plusieurs mois, l'Arabie saoudite a réorganisé la structure du pouvoir. Dernier acte, la semaine dernière avec la nomination par décret royal du prince Bandar Ben Sultan, 63 ans, ambassadeur saoudien à Washington pendant 22 ans, à la tête des services de renseignement, dans l'espoir de dynamiser sa diplomatie pour jouer un plus grand rôle au Moyen-Orient.
Abdallah Chammari, expert en relations internationales, estime que «le prince Bandar a la capacité de saisir l'occasion qui s'offre au royaume de reprendre sa place sur l'échiquier régional à la faveur des mutations géostratégiques que connaît le monde arabe, qui vont conduire à de nouveaux rôles pour l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Iran». Selon Chammari, l'Arabie saoudite doit «réévaluer les méthodes de travail de sa diplomatie», dont «le rôle s'est éclipsé, au profit de l'Iran et de la Turquie, après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et l'invasion de l'Irak en 2003».
Depuis plusieurs mois, le pouvoir central saoudien est secoué par une lutte d’influence entre les modérés, représentés par le roi Abdallah, et les faucons, dont le prince Bandar est la figure de proue. Ce changement, intervenu dans le dispositif saoudien dans un contexte de guerre froide opposant les deux piliers de l’islam, est particulièrement significatif. Avec la promotion de celui qui dirigeait jusqu’alors le Conseil national de sécurité à la direction des services de renseignement, les faucons prennent une grosse option, au moment où la crise en Syrie s’engage dans un virage décisif. Les responsables saoudiens, très critiques du régime du président Bachar el-Assad, depuis le début des violences en Syrie, sont partisans de la fourniture d'armes à la rébellion. A l’heure où le terrain diplomatique semble miné par les refus russe et chinois, une offensive diplomatique venue de Riyad pourrait constituer une donnée importante dans les prochaines semaines.
Lundi noir en Irak
27 attentats, 18 villes touchées et au moins 111 personnes tuées dans une vague d'attentats en Irak lundi, journée la plus sanglante en deux ans et demi, au troisième jour du jeûne du ramadan, faisant aussi 235 blessés. Nombre de soldats et policiers figurent parmi les victimes.
L'attentat le plus violent s'est produit à Taji, à 25 km au nord de Bagdad, où une série d'explosions ont fait au moins 42 morts et 40 blessés. Plus au nord, près de la ville de Doulouiya, à 90 km au nord de Bagdad, des hommes armés ont fait irruption dans une base militaire et ont ouvert le feu tuant 15 soldats et en blessant deux. Dans la même province de Salaheddine, un attentat à la voiture piégée, à proximité d'une mosquée chiite et une attaque d'un point de contrôle ont fait trois morts et six blessés. Les violences ont également touché les villes de Kirkouk, Touz Khourmatou et Dibis, à la lisière du Kurdistan autonome. Sept personnes, au moins y ont péri et 29 ont été blessées. A Mossoul, une voiture piégée, une bombe placée en bord de route et un assassinat ont coûté la vie à neuf personnes et blessé sept. Des points de contrôle de l'armée et de la police, érigés dans la province de Diyala (nord-est de Bagdad), ont été pris pour cible par des hommes armés, et des attaques à la bombe ont tué 11 personnes et en ont blessé 40. Dans cette même province, dans la région de Hib-Hib, un minibus transportant des civils a explosé, faisant trois morts et sept blessés.
La capitale n'a pas été épargnée. Dans le bastion chiite de Sadr City, en plein cœur de Bagdad, 12 personnes ont notamment été tuées et 33 blessées dans l'explosion d'une voiture piégée. Dans le Sud irakien, à Diwaniya, une bombe placée en bord de route a tué trois personnes et a blessé 25 autres.
Alors que l'Etat islamique d'Irak (ISI), la branche irakienne d'al-Qaïda, vient d'annoncer son intention d'intensifier son combat dans le pays, l'Iran a estimé que «l'objectif de ces actes terroristes est de créer des dissensions confessionnelles et de menacer la sécurité, la stabilité et l'indépendance de l'Irak».
La Syrie brandit la menace des armes chimiques
Pour la première fois, le régime syrien a reconnu publiquement posséder des armes chimiques, tout en assurant qu'il ne les utiliserait qu'en cas d'«agression étrangère». Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jihad Makdessi, a déclaré «qu’aucune arme chimique ou non conventionnelle ne sera utilisée contre nos propres citoyens (…), ces armes ne seront utilisées qu'en cas d'agression étrangère». «Ces différentes armes sont stockées et sécurisées sous la supervision des forces armées et ne seront utilisées que dans le cas où la Syrie fait face à une agression extérieure» a fait écho le porte-parole, soulignant que les «généraux décideront quand et comment ces armes seront utilisées».
Makdessi a, par ailleurs, accusé les Occidentaux d'organiser une «campagne visant à justifier une intervention militaire en mentant sur l'(éventuel) usage d'armes de destruction massive» contre la population. Il a mis en garde contre «la possibilité que des parties étrangères arment les groupes terroristes (…) avec des bombes bactériologiques qui exploseraient dans un village pour que les forces syriennes en soient accusées».
A la suite de ces déclarations, les Etats-Unis ont tout de suite mis en garde Damas. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a prévenu le régime du président Assad qu'il commettrait une «erreur tragique» et devrait rendre des comptes s'il utilisait ses armes chimiques. Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a qualifié «d'intolérable» cette menace brandie par le régime. «C'est caractéristique de l'illusion totale qui berce ce régime, qui pense être victime d'une agression extérieure».
De son côté, Israël a prévenu, par la voix du Premier ministre, Benjamin Netanyahou, et du ministre de la Défense, Ehud Barak, qu'il ferait tout pour empêcher un transfert d'armes chimiques, de missiles et de systèmes de défense antiaérienne au Hezbollah. «C'est une chose inacceptable pour nous, pour les Etats-Unis, et nous devrons agir pour l'empêcher si besoin en est».