Magazine Le Mensuel

Nº 2855 du vendredi 27 juillet 2012

Livre

Le Phoenicia. Un hôtel dans l’Histoire

A l’occasion de son Jubilé d’or, l’hôtel Phoenicia s’est offert un magnifique ouvrage, retraçant l’histoire de ses cinquante dernières années. Présenté dernièrement à la suite d’une somptueuse réception au Phoenicia, l’ouvrage, signé Tania Hadjithomas Mehanna, propose de défier le temps et de le remonter à grandes enjambées.

Page après page, Tania Hadjithomas Mehanna revient sur l’histoire de Beyrouth, armée de mots, mais également de cartes postales, où l’on redécouvre l’ancien visage de la ville, de la promenade des Français à la Place des Martyrs, du temps où le Rivoli s’y tenait fièrement.
L’auteur brosse le portrait de la capitale libanaise dès le début des années 20 du siècle dernier; évoquant ses premiers hôtels aux noms aujourd’hui oubliés tels que l’hôtel de l’Europe, l’hôtel Victoria, l’hôtel Royal ou encore l’hôtel d’Amérique et les autres qui ont fait l’éclat du Liban comme l’hôtel Bassoul, le Saint-Georges, le Normandy, le Bristol, le Palm Beach, l’Excelsior, le Carlton, le Capitale et, bien sûr, dès les années 60, le Phoenicia.
«Beyrouth, ville des 1001 nuits», peut-on lire sur l’une des cartes postales. Il est vrai que le Beyrouth d’antan n’est plus tout à fait celui que l’on connaît aujourd’hui. La génération d’avant-guerre n’a de cesse d’évoquer la «belle époque». Celle des années 40 où quelques cabarets faisaient déjà sourire Beyrouth by night. Les salles de la capitale ont d’ailleurs vu passer les grandes dames de ce siècle, à l’instar d’Edith Piaf ou de Joséphine Baker, comme le souligne Tania Hadjithomas Mehanna. Quelques années plus tard, c’est au tour de Dalida, Henri Salvador, Charles Trenet, Juliette Gréco, Louis Amstrong et bien d’autres de faire résonner leurs voix aussi bien au Piccadilly, au Casino du Liban ou sur les estrades des night-clubs du quartier de Zeitouné: le Paon Rouge du Phoenicia, l’Elephant Noir, les Caves du Roi, Macumba, Bobino, le Chat Noir, Eve, Kitkat, etc.
C’est au début des années 50 que le projet de créer un grand palace à Beyrouth prend forme dans l’esprit de Najib Salha qui fonde, en 1953, avec les familles Bustros, Sehnaoui et Youssef Beidas, la Société des grands hôtels du Liban. Ils s’associent avec la Pan American qui avait fondé une société d’hôtel de luxe, l’InterContinental Hôtels. C’est ainsi que le Phoenicia est né, débutant sa construction en 1956 avec ses architectes, Edward Stone, Ferdinand Dager et Rodolphe Elias.
Le livre permet de découvrir les aléas de la construction du Phoenix à travers des photographies N§B. L’hôtel ouvre finalement ses portes le 23 décembre 1961, mais n’est officiellement inauguré que le 31 mars 1962, il y a donc cinquante ans.
Après un an de travail dans les archives, l’ouvrage est agrémenté d’une riche documentation, photographies, cartes postales, publicités, coupures de journaux, rien ne passe à la trappe, pas même les images des milices à l’intérieur de «La Grande Dame».
«Mon père est mort en 1980, avant d’avoir pu réaliser son rêve, celui de reconstruire son hôtel», révèle, dans le livre, Mazen Salha, actuellement propriétaire du Phoenicia avec son frère, fils de Najib Salha. Ce rêve, ils l’ont porté tous les deux, pour lui, comme un hommage, un devoir. Le 22 mars 2000, le Phoenicia renaît de ses cendres, un bain de jouvence fleuretant avec les 100 millions de dollars.
Le Phoenicia, c’est également des noms! Nadia Gamal qui enflammait les soirées du Paon Rouge, Nagib Hayek, chef barman qui créait pour ses hôtels prestigieux des cocktails à base d’arak, ou encore Elie Sfeir, emblématique coiffeur pour homme qui s’occupa, entre autres, de Mohammad Abdel-Wahab ou de Farid el-Atrache. Au détour d’une ligne, on découvre la liste impressionnante de comédiens, chanteurs mondialement connus qui ont été accueillis au Phoenicia depuis un demi-siècle: Claudia Cardinale, Brigitte Bardot, Omar Sharif, Eugène Ionesco, Jacques Brel, Gilbert Bécaud, Jean Paul Belmondo ou encore plus récemment, Mika, Catherine Deneuve, Shakira, Angelina Jolie ou Sting.
Bals, dîners d’honneur, réceptions en tout genre, défilés de mode, sommets internationaux, tournois de bridge ou même lieu d’expositions, le Phoenicia a su être présent aux moments-clés de la vie de la capitale. Ce livre offre ainsi au public l’occasion de découvrir «La Grande Dame» sous ses différentes facettes à l’heure de ses 50 ans.
Happy Birthday Lady Phoenicia!

Delphine Darmency

 

 

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