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Farid Chehab. Apprendre aux enfants à créer

Fondateur et président honoraire de H&C Leo Burnett, Farid Chehab publie un livre intitulé Un pont sur le XXIème siècle, dans lequel il s’interroge sur l’incidence de la technologie et du numérique sur les différentes générations. Par joëlle seif

Quel est le but de votre livre?
Depuis un certain temps, je m’interroge sur l’éducation de mon petit-fils qui a 1 an. Autour de moi, tout le monde affirme qu’il apprendra et s’adaptera comme nous au nouveau monde. Pourtant, les progrès technologiques du XXIème siècle vont plus vite que notre propension à nous adapter et ils causeront certainement des dommages collatéraux. C’est ainsi qu’est née en 2015 ma réflexion sur la manière d’aborder le XXIème siècle et ses changements. J’ai concocté pendant deux ans ce livre mais la naissance de mon petit-fils en a été le détonateur.

Comment affronter les nouveaux défis?
J’ai passé ces deux ans à lire tout ce qui a été écrit sur ce sujet. J’ai été inspiré par de nombreux auteurs, que je cite d’ailleurs dans mon livre, comme Yuval Noah Harari auteur de Homo Deus, Alain Minc, Thomas Friedman et bien d’autres. Tous parlent de la révolution numérique mais peu avancent des mesures à prendre immédiatement pour amener les nouvelles générations à mieux affronter les défis. Avec beaucoup d’humilité et de passion,
je propose des perspectives éducatives. Ceci implique un changement radical de la méthodologie suivie dans l’éducation. Il faut passer du mode apprendre au mode créer. Il ne faut pas arrêter d’apprendre mais il faut surtout apprendre à créer, ce qui n’est pas le cas de notre système académique. A partir du primaire, le jeu est interdit. Or il devient de plus en plus évident qu’apprendre à travers le jeu prépare le cerveau à créer.

Qu’en est-il de la résilience, des idées, valeurs et tolérance que vous évoquez?
Qui dit mental, dit résilience. Mais malheureusement notre siècle ne nous prépare pas suffisamment à celle-ci. L’éducation doit renforcer la résilience chez les jeunes. En outre, le numérique introduit une révolution de toutes nos valeurs. Beaucoup d’entre elles ne s’adaptent plus à la nouvelle ère. Certaines valeurs religieuses sont dépassées et mises au défi. Il y a une nouvelle philosophie à prendre en charge pour instiller aux nouvelles générations une nouvelle palette de valeurs
plus adaptée au XXIème siècle. Nous souffrons tous d’une intolérance généralisée. Nous devons apprendre aux générations futures l’esprit de tolérance. Dans la dernière partie de ce livre, il y a une ouverture vers le futur de la symbiose de l’intelligence artificielle avec l’intelligence organique.

A qui s’adresse ce livre?
Pour ne pas jouer au scientifique, comme je suis un publicitaire, j’ai parsemé ce livre d’anecdotes pour en rendre la lecture agréable. Je vulgarise ce que j’ai pu assimiler en y ajoutant mon grain de sel. Nous avons besoin de résilience, d’idées, de valeurs nouvelles et de tolérance pour survivre au XXIème siècle. Ce livre ouvre beaucoup de débats. Certains éducateurs pourront trouver un non-sens à ce que j’écris mais l’essentiel est d’éveiller notre conscience vers une urgence inéluctable.
Le Liban a toujours vécu grâce à la qualité de ses services. La réforme doit commencer chez nous. Celle-ci ne réclame aucune infrastructure. Mon ambition est de mobiliser les écoles et les universités afin d’amorcer ce changement.

Joëlle Seif

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