La loi de finance 2013
L’austérité n’est pas la solution
Les trois partenaires sociaux, l’Etat, le patronat et les ouvriers, sont d’accord au moins sur un point. Un budget 2013 d’austérité associé à des pressions fiscales n’est pas la solution appropriée au ralentissement économique qui s’accentue. Ce qui est réclamé est un projet de loi de finance qui encouragerait la croissance économique. D’ailleurs, tant le président de l’Association des Banques au Liban (ABL), Joseph Torbey, que le doyen des industriels, Jacques Sarraf, l’ont exprimé explicitement à maintes reprises. Ce dernier a même indiqué que la réduction du déficit budgétaire nécessite une croissance économique de 6%. Il est vrai que le vote d’un budget reste préférable à l’inexistence d’une loi de finance, comme c’est le cas depuis des années. Mais encore faut-il que celui de 2013 définisse clairement les sources de revenus et le plafond des dépenses?
Les incertitudes et la précarité qui marquent la scène interne secouée par des incidents sécuritaires et des tensions politiques, en plus des développements dramatiques aux frontières libano-syriennes, ont eu des retombées directes sur le marché financier. Ceci sans compter les nouvelles sanctions américaines et européennes qui imposent un embargo à la compagnie aérienne nationale syrienne. Le premier indicateur négatif est au niveau de l’évolution des dépôts bancaires des résidents. Le mouvement a été faible au cours des dernières semaines: le volume n’a augmenté en juin dernier que de 493 milliards de livres, et de 200 millions de dollars au cours de la première quinzaine de juillet. Ce mouvement des dépôts est en contradiction avec celui enregistré en avril, mars et février derniers. La moyenne de la progression des dépôts bancaires des résidents était de l’ordre de 1200 milliards de livres en avril et de près de 1500 milliards de livres en mars. Le marché des titres souverains a été marqué à la dernière semaine de juillet par un recul de plus de 2% en raison de l’offre à la vente de titres et d’eurobons libanais en provenance d’acteurs institutionnels étrangers. Toutefois, cette offre est demeurée limitée du fait que la majorité des titres souverains sont portés par des Libanais. Pour ce qui est des bons du Trésor, les banques domestiques ont poursuivi leur tendance à souscrire à la catégorie des titres de moyen terme dans une tentative ultime d’obtenir le meilleur taux d’intérêt à la hausse, vu le rétrécissement des domaines d’investissement. De toute façon, l’indice le plus révélateur du ralentissement économique demeure le volume des chèques retournés. Leur nombre a accusé au premier semestre de 2012 une hausse de 11,63%, alors que leur valeur a enregistré une progression de 8,22% sur la même période. Dans ce contexte morose, la question du financement de l’échelle des salaires du secteur public se pose avec insistance. A l’évidence, cette échelle ne peut être approuvée sans que le gouvernement ne trouve de nouvelles sources de revenus au Trésor. Certes, l’Etat est entré dans un cercle vicieux. Il devrait du moins tirer les enseignements de ce qui s’était produit en 1987, lorsqu’une augmentation de salaires de 100 pour 100 a été accordée aux salariés des secteurs privé et public et contribué à une montée en flèche du dollar face à la monnaie nationale en l’absence de nouveaux revenus. Avant même la classe ouvrière, ce sont les organismes économiques qui rejettent les nouvelles taxes proposées dans le cadre du projet de budget 2013. La raison principale est que de telles taxes porteraient principalement sur les taux d’intérêt bancaires, sur le relèvement du taux de la TVA, ainsi que sur l’immobilier. Pour certains économistes, il y aurait une issue à ce problème, mais la solution proposée n’est pas ce qu’il y a de mieux. Ces derniers proposent une avance de la BDL à des taux d’intérêt étudiés pour faire taire la grogne sociale. Mais ce règlement pourrait entraîner de nouveau le pays dans la tourmente d’une progression de la dette publique et toutes les conséquences négatives qui pourraient en découler, comme la hausse vertigineuse de la structure des taux d’intérêt, la chute de la valeur de la livre et, évidement, une croissance économique nulle. Quel homme politique serait-il prêt à assumer une telle responsabilité?
Secteur bancaire
Riad Salamé veut poursuivre en justice Mark Wallace
Des sources ayant pris part à la dernière réunion du conseil d’administration de l’Association des banques ont confié à Magazine que l’un des principaux sujets débattus par les participants est l’intention ferme du gouverneur de la BDL, Riad Salamé, d’intenter un procès contre Mark Wallace, le président de l’association américaine «United Against Nuclear Iran», sans plus attendre d’autres offensives arbitraires contre la réputation du secteur bancaire domestique.
Cette décision est devenue plus pressante dans la mesure où l’association a posé des questions directes au patron de la BDL sur les relations des deux banques centrales libanaise et iranienne. Certes, le dernier mot à ce sujet revient au patron de la BDL, mais certains participants ont émis des réserves, affirmant qu’ils sont persuadés que les réactions de ce lobby américain s’inscrivent dans le cadre de manœuvres politiques internes liées aux élections américaines et qu’il fallait mieux les ignorer.
Parallèlement, cette source bancaire a estimé qu’il n’y pas lieu de craindre des répercussions négatives sur leur bilan consolidé des banques libanaises opérant en Syrie. Toutes ces banques ont suivi une même voie dans le sens de la suspension d’octroi de nouveaux crédits à la clientèle tout comme la non réception de nouveaux dépôts. Si le taux de créances douteuses s’est accru, en revanche, la valeur de change de la livre syrienne vis-à-vis du billet vert a reculé, atteignant 75 livres syriennes pour un dollar. Les provisions des banques ayant été prises en dollars, les bilans des filiales syriennes ne représentent plus que la moitié de la part qu’ils représentaient au sein du bilan consolidé de chacun des établissements de crédits libanais.
Assurance
Le grand appétit des filiales de banques
Un grand appétit pour la création ou l’acquisition de filiales «assurance de banque» a été constaté récemment sur le marché local. Ces filiales sont des sociétés qui travaillent sur l’activité financière. Leur point fort est la synergie avec les produits bancaires, d’où leur potentiel à générer des profits. Elles capitalisent sur différents réseaux afin d’atteindre tous les segments de clientèle. Elles développent spécialement l’assurance vie, un produit qui est lié aux crédits et emprunts immobiliers, aux produits d’épargne et de protection. Le groupe Le Crédit agricole, présent sous l’entité Predica au titre d’un des actionnaires au sein de la compagnie Bancassurance aux côtés de Fransabank et de la Banque libano-française, s’est retiré de la compagnie. Les deux autres actionnaires libanais, la Banque libano-française et Fransabank, ont acquis les parts du partenaire français. La nouvelle a été confirmée par une source de la compagnie d’assurance qui a requis l’anonymat. Cette dernière n’a pas voulu dévoiler le montant de la transaction. Toutefois, l’opération de cession n’a pas encore été transmise à la Commission de contrôle des assurances pour approbation, a affirmé Walid Genadry, président de cette commission, à Magazine. L’actionnariat de la compagnie Bancassurance était répartie comme suit: Fransabank, 40%; la Banque libano-française, 31%; et Predica, 29%.
Parallèlement, Bank of Beirut a acquis la licence d’exploitation de la compagnie d’assurance Alig Life, et sa filiale assurance est déjà opérationnelle depuis le 2 janvier 2012 sous la raison sociale «Beirut Life SAL». Son conseil d’administration est présidé par Sélim Sfeir et son directeur général est Pierre Talhamé qui a une longue expérience dans l’industrie de l’assurance sur le marché canadien. Par ailleurs, la compagnie Adir, filiale assurance de Byblos Bank, qui est la plus importante entité de ce groupe bancaire en termes de bénéfices nets dégagés, a fait l’objet d’une offre d’achat depuis quelque temps. L’offre a été évidemment déclinée.
Pour ce qui est de la cession par Audi Bank et d’autres petits actionnaires de 81% de la compagnie d’assurance LIA en faveur de Saham Finance, il s’agirait d’une transaction à caractère commercial qui aurait rapporté des gains sensibles à l’établissement bancaire qui défriche agressivement un nouveau marché, celui de la Turquie.