Magazine Le Mensuel

Nº 2857 du vendredi 10 août 2012

Livre

Vie de Net… Pas si bête D’image en image

Céline Dawalibi, à 14 ans, est la plus jeune des lauréats du Prix littéraire Naji Naaman (prix d’encouragement 2011). Son récit Vie de Net… Pas si bête ou Le Retour de Shaïna est publié à la Maison Naaman pour la Culture.

«L’amour pour toujours au cœur si fin et aux sentiments divins ! La poésie l’affirme mais la réalité l’éjecte. L’amour c’est l’écorchure. Eh oui, l’amour ne connaît pas la crème chantilly, mais la limonade épicée». Dès les premiers mots de l’ouvrage, Céline Dawalibi dévoile une imagination fertile et encore vierge. Piquetée pourtant d’un effluve de maturité, étonnant pour son âge. Comme le démontrent progressivement les pages qui suivent, le récit qui s’entortille, les mots qui s’appellent l’un l’autre par association de sonorités ou d’images, ces images qui se suivent et se poursuivent, et qui souvent intriguent, nécessitent une pause, enclenchent un sourire: «Le monde est comme un lecteur qui ne sait pas lire les petits mots, car il donne de l’importance aux mots fanfarons» – «Ce mal de tête empeste le mal de conscience»…
Entre l’histoire de Sahïna, prophétesse à l’époque se situant entre Jésus et Mohammad, l’histoire de Sami, l’interminable étudiant libanais, rentrant de France dans l’espoir de métamorphoser son cher pays le Liban, Céline Dawalibi emmène le lecteur dans un univers à mi-chemin entre l’univers virtuel du Net et la relation liant le «bien» au «mal», le corps à la vérité, le Liban au monde. «Que veut dire Libanais ? Ne suis-je pas un citoyen du monde ?»
Céline Dawalibi semble se jouer d’un style percutant, contemporain, jeune et effilé. Comme l’exige le titre de l’ouvrage d’ailleurs : la Vie de Net se passe forcément par une manière d’écrire, rapide et qui va droit au but. Pourtant, les ornements stylistiques ne manquent pas. Voire poétiques. Un air frais et vivifiant souffle sur la trentaine de pages qui composent le récit de Céline Dawalibi, une plume prometteuse. Une belle plume pour ses 14 ans. Et surtout une curiosité créative accouplée à une envie de briser les carcans d’une société qui se complait dans son apathie.

 



 

L’Autre Moi
Ou la poésie spirituelle

L’Autre Moi: tel est le titre du recueil de poèmes de Patricia Chaptini, publié aux éditions de la Fondation Naji Naaman pour la culture gratuite (FCG).

L’Autre Moi, un titre révélateur, éclairant d’un coup les 20 poèmes qui composent le recueil. «Amour déchu», «Adam et Eve», «La Prière», «Miroir de l’âme», «Pécheur», «Chanter la paix», «Le monde à l’envers», «Le Pardon»… Autant de titres également révélateurs de la teneur du recueil.
Patricia Chaptini chante les louanges du créateur, du monde créé à l’image de l’Homme. Et que nous, hommes de toutes espèces, nous acharnons à détruire, à transformer, à métamorphoser, à vivre «à l’envers», aveuglés, méprisants, arrogants, perdus. Au plus grand désarroi de l’écrivaine. «Dieu créa l’univers et dans l’ordre le voulut, si clair. / L’être insouciant et nonchalant le tourna à l’envers». En des mots tellement simples, naissant du langage de tous les jours, Patricia Chaptini révèle le fond de sa pensée, de sa conscience, de sa foi. Ses mots résonnent comme des prières, des incantations, des lamentations, dans l’espoir d’atteindre la paix et le salut, du moins la paix et le salut intérieurs. Ainsi loue-t-elle, le «bienheureux»moine, lui demandant, «de grâce, priez pour nous qui sommes pécheurs! / Sur la terre, comme ailleurs! Amen!».
De facture classique, très classique, L’Autre Moi semble être né de la profonde spiritualité qui anime sa créatrice, de sa conscience, celles qui lui font «(chanter) la gloire et l’épopée de la paix / L’héroïsme et son apologie de la paix», celles qui lui font dire qu’il «a fallu l’intervention du démon / pour arracher à l’homme sa logique et son raisonnement».
Née à Tripoli, Patricia Chaptini a fait ses études en lettres françaises à l’USJ. Après trois ans d’enseignement dans des écoles privées catholiques et à l’American Language Center, elle joint en 1994 La Revue du Liban en tant que correspondante au Liban-Nord, ainsi qu’un autre magazine francophone de Beyrouth: Chronique. Mariée, elle se déplace de Houston, en Californie, au Colorado, au Texas, puis au Koweït, en Arabie saoudite et au Royaume-Uni. Actuellement à Moscou et mère de quatre enfants, elle écrit et enseigne toujours le français. Passionnée de philosophie, elle croit en la victoire du Bien au détriment du Mal.
Le livre est gratuit et peut être acquis via les bureaux de la fondation sise à Jounieh. En l’occurrence, il sera lu bientôt au site: www.najinaaman.org

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