Entre Rabié et Baabda
Un revirement surprenant
Le général Michel Aoun, selon les visiteurs de Rabié, rend actuellement hommage au rôle du président Michel Sleiman qui œuvre à l’entente en empêchant la prédominance des uns sur les autres, en appliquant la loi et en respectant les prérogatives constitutionnelles des ministres. Ces propos surprenants après les violentes critiques que le général adressait au chef de l’Etat, seraient dus, selon un ministre, au refus du président Sleiman que soit formé un comité ministériel, présidé par le Premier ministre, pour étudier le dossier de l’EDL et son insistance sur la seule responsabilité du ministre Gebran Bassil en coordination avec le chef du gouvernement.
Justice: Le nœud des désignations
Depuis le départ à la retraite du procureur général de la Cour de cassation, le juge Saïd Mirza, le nom de son remplaçant fait débat. Sa désignation serait liée, selon des ministres, à celle du président du Conseil supérieur de la magistrature. Le général Michel Aoun ayant opposé un veto à la nomination de la juge Alice Chaptini, un accord serait conclu autour du nom de Hatem Madi pour succéder à Saïd Mirza. En revanche, le Conseil supérieur de la magistrature pose problème, Baabda insistant sur la nomination d’Alice Chaptini, première femme appelée à cette présidence. La détente dans les relations entre Baabda et Rabié, depuis le soutien du président de la République au ministre Bassil, pourrait faciliter cette nomination, redynamisant ainsi l’action de la justice.
De la tension aux menaces
La tension politique que des parties pro-syriennes faisaient peser sur le Liban s’est transformée en menaces sécuritaires. Les services de sécurité ont réussi à découvrir et à arrêter des personnes impliquées dans des plans visant à faire exploser la situation. Selon un de leurs responsables, les services de sécurité détiennent des renseignements de la part de leurs homologues européens sur tous les plans visant la stabilité du Liban et sont donc mobilisés. Les rapports indiquent que la tension politique au Liban est due aux difficultés que vit le régime syrien depuis la défection du Premier ministre Riad Hijab et son ralliement à l’opposition. D’autres défections pourraient être annoncées bientôt.
En coulisses
Le comité de Bkerké reprend ses réunions pour élaborer un projet électoral, celui du gouvernement ayant été rejeté. Un membre du comité craint un retour à la loi de 1960. Les forces chrétiennes favorisent les petites circonscriptions dans n’importe quelle formule. Le comité penche pour une loi majoritaire sur la base de 48 circonscriptions ce que refuse la majorité. Ce serait un retour à la loi de 1960, selon le député Sleiman Frangié. Le projet du gouvernement, dit l’opposition, ne passera pas au Parlement, le député Walid Joumblatt s’y opposant. Le patriarche Raï pourrait être appelé à présider les réunions du comité afin d’aider à trouver projet unificateur pour les commandements chrétiens.
Inquiétudes diplomatiques
Les plans visant à déstabiliser le Liban inquiètent des diplomates occidentaux. Les tentatives syriennes de créer des réseaux confessionnels en profitent. Des propos israéliens sur une partition de la Syrie qui serait suivie par celle du Liban ont retenu l’attention de ces diplomates qui se sont interrogés sur les raisons de tels propos aujourd’hui. Ces diplomates intensifient leurs rencontres avec les forces politiques pour avoir leurs avis et comprendre leurs positions vis-à-vis des développements actuels.
Palestiniens: 1200 familles de Syrie au Liban
Les services de sécurité libanais sont inquiets de l’afflux au Liban des Palestiniens fuyant l’enfer syrien. Plus de 1200 familles sont arrivées au camp de Bourj Brajné, Aïn el Heloué, étant envahi par des Palestiniens alliés à al-Qaïda, selon un responsable. Les services de sécurité contrôlent l’entrée de ces Palestiniens et ne leur accordent qu’un visa de séjour d’une semaine. Mais certains peuvent décider d’y rester. Le Liban intensifie ses contacts avec les organisations internationales pour que les Palestiniens soient déviés vers la Jordanie. La crainte est de voir les camps se transformer en poches d’insécurité, en dehors du contrôle de l’Etat qui ne peut toujours pas contrôler les armes en dépit des décisions du comité du dialogue.
La révolte des poulets
La visite de Saïd Jalili, secrétaire général du Conseil national de la sécurité iranienne a été vivement critiquée par l’opposition libanaise. Le responsable iranien a entendu des propos peu amènes de la part du président Saad Hariri qui a exprimé sa très vive méfiance à l’égard de cette visite qui intervient après celle de Walid Moallem à Téhéran. Le député Walid Joumblatt a appelé Jalili à s’occuper des affaires internes de son pays qui connaît une rébellion populaire, dite des poulets, en allusion à la cherté de cette volaille, le prix d’un poulet coûtant plus qu’un missile. L’ambassade d’Iran au Liban a riposté à Joumblatt en disant qu’en Iran il n’existait pas de révolte, l’Etat s’intéressant à ces citoyens, et l’a accusé d’agir ainsi pour obtenir de Riyad une rencontre avec le roi.
Le Canada s’informe
En visite au Liban, le ministre canadien des Affaires étrangères a rencontré les dirigeants du pays et le président Fouad Siniora en présence des personnalités du 14 mars. L’objectif principal du séjour libanais du ministre John Baird était de sonder l’avis des responsables et des leaders politiques au sujet des développements en Syrie et de leur attente de l’après Bachar el-Assad en Syrie, indiquant que le régime syrien tirait à sa fin.
Les sièges Kataëb
Les Kataëb veulent conserver leurs quotas sur les listes électorales. Plusieurs sièges parlementaires occupés par des fidèles au parti devraient leur revenir. Des sièges comme celui des maronites à Tripoli ne peuvent être abandonnés sauf si des modifications redistribuaient la représentation chrétienne entre Tripoli et Batroun. A Beyrouth, le siège maronite du député Nadim Bachir Gemayel doit rester et le parti vise un des deux sièges arméniens, le député Sami Gemayel souhaitant présenter la candidature de l’un de ses principaux appuis arméniens. A Babda, le siège maronite devrait rester fidèle au martyr Antoine Ghanem qui l’a occupé jusqu’à son décès.
Les Turcs de la Finul ont peur
Le bataillon turc de la Finul a exprimé à l’Armée libanaise et au commandement de la Finul son inquiétude des répercussions de la prise des 11 otages libanais en Syrie, les familles des otages ayant menacé d’enlever des soldats du contingent en contrepartie de la libération de leurs parents. Les voisins du siège turc ont noté que les soldats avaient réduit leurs déplacements depuis la crise syrienne et après la prise d’otages. Les activités normales dans les villages avoisinants se sont raréfiées et les soldats ont réduit leurs sorties. Ils ont même enlevé leur drapeau national des voitures, gardant celui de l’Onu.
Messages fermes à Joumblatt
Selon une autorité politique, des messages auraient été adressés à Walid Joumblatt, le mettant en garde contre les conséquences pour lui d’une chute du gouvernement actuel. Walid Joumblatt et d’autres comme lui pensent que le succès de la vague occidentalo-régionale peut réussir à frapper certains Etats de la région. Ces mêmes milieux révèlent que la teneur des messages est ferme et sans discussion possible et que de tels revirements feront effectivement chuter le gouvernement, mais signifieront l’écartement de Joumblatt de l’équation politique interne, changeant la représentation druze. La majorité, selon ces sources, n’a pas cessé de respecter le droit de Joumblatt à une marge de manœuvre politique dont ont besoin tous les ténors de l’équilibre confessionnel. Elle comprend son souci d’élargir cette marge et de manœuvrer en douce tant au gouvernement qu’au Parlement. Les récentes déclarations joumblattistes contre la Syrie et l’Iran, ou contre l’équation: «le peuple, l’armée et la résistance» sont considérées par la majorité être censées satisfaire l’Arabie saoudite afin d’y être accueillis. La loi à la proportionnelle serait, selon le maître de Moukhtara, conçue pour l’écarter du régime. Ces mêmes sources considèrent que le leader druze a une sagesse qui lui permet de prévoir le sens d’un reversement de la majorité et la chute de son gouvernement et lui conseillent de réfléchir aux propos du président Nabih Berry sur la loi électorale «qui remet les choses en place» et ne prend pour cible ni une partie ni une confession.
Le missile «Cornet» vs blindés israéliens
Pour un expert militaire, les résultats de la guerre de juillet orientent la technique militaire israélienne dans la région. La neutralisation des blindés israéliens par les missiles «Cornet» russes a changé le cours de la guerre et de ses résultats. La «ligne des Cornets» s’étend sur le front sud de la Palestine occupée et n’a plus de limite du fait de la guerre des armées régulières contre l’opposition armée en Syrie et l’opposition armée kurde au Sud-est de la Turquie. Le danger est de fournir en armes spécifiques les activistes au risque de voir cette initiative entraîner l’extension de la ligne des «Cornets» à de nouveaux fronts régionaux. Le missile qui a détruit la quatrième génération de chars Merkava israéliens inquiète du fait de l’élargissement du champ des affrontements à nombre d’Etats arabes et islamiques et notamment en Turquie. Des rapports font état d’affrontements, depuis deux semaines, au sud-est de l’Anatolie. Le gouvernement d’Erdogan interdit aux médias et aux parlementaires turcs et kurdes de se rendre dans la région des affrontements. Des questions se posent sur le nombre de morts et de prisonniers de chaque bord.
Les armes chimiques libyennes se promènent
Un rapport diplomatique émanant de l’un des pays du «Brics» (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et parvenu à Beyrouth met en garde contre la diffusion d’armes chimiques libyennes au Moyen-Orient. Ces armes auraient disparu après la chute de Mouammar Kadhafi en octobre dernier et pourraient être distribuées sur la frontière avec la Syrie pour laisser croire que celle-ci les utilise contre la Turquie. Un lien est établi entre cette «éventualité» et le prétexte de certains Etats de l’Otan pour mener une agression militaire contre la Syrie. Le rapport met en garde contre toute tentative de faire porter la responsabilité de l’utilisation des armes chimiques à l’armée syrienne libre, car Damas veille sérieusement sur son arsenal chimique. Le même rapport indique que les Etats-Unis et Israël ont formé une force de 75 mille soldats chargés d’intervenir en Syrie sous le prétexte de contrôler les armes chimiques. Mais cette initiative pourrait entraîner le déploiement de ces armes au Moyen-Orient et les faire tomber entre les mains des combattants d’al-Qaïda.
Retour sur l’héritage
A la suite des rumeurs concernant les difficultés financières du président Saad Hariri, ses amis révèlent qu’une réunion a groupé autour de lui ses frères en Arabie saoudite au cours du mois du Ramadan. La situation financière de la famille du président martyr Rafic Hariri et notamment les difficultés que connaît Saad Hariri ont été passées en revue. La famille aurait ainsi fait le point sur les mesures administratives et immobilières que prennent des avocats au Liban, chargés avec des experts juridiques d’évaluer les vergers de Saïda et du Sud qui reviennent aux héritiers du président Rafic Hariri. Le frère aîné de Saad, Baha’, aurait chargé des avocats et des courtiers de vendre les biens qui lui reviennent. Cette décision a entraîné le licenciement de centaines d’ouvriers libanais, palestiniens et syriens. Ces mêmes milieux critiquent ce qui s’est dit concernant le financement des activités du Courant du futur par l’entrepreneur Jihad Arab, proche du président Saad Hariri. Ce dernier, dit-on, est plus préoccupé par l’achat du bâtiment de l’hôpital Barbir pour la somme d’environ 40 millions de dollars que par le financement des activités du leader politique.