Tour d’horizon des derniers développements au Liban avec Dory Chamoun. Le député du Chouf, qui ne mâche pas ses mots, accuse l’ambassadeur de Syrie de s’être transformé en Ghazi Kanaan bis.
Commençons tout d’abord par le memo que la coalition du 14 mars a présenté au président de la République. Pensez-vous que ces revendications peuvent être satisfaites?
Satisfaites ou pas. Si l’Etat est irresponsable, nous devrions l’être aussi? Nous, en tant que citoyens, devons formuler des revendications que nous croyons légitimes et dans l’intérêt du Liban. Ce monsieur est arrivé ici en tant qu’ambassadeur et dans le cadre d’un échange diplomatique, le voilà qui se transforme en Ghazi Kanaan bis. Nous n’acceptons pas cela. Nous n’admettons pas que l’ambassadeur agisse comme si le Liban était une ferme.
Les Forces du 8 mars rappellent que vous avez été les plus zélés à réclamer l’instauration d’un échange diplomatique entre les deux pays…
Nous ne revendiquons pas la rupture des relations diplomatiques, nous voulons que ces relations soient conformes au protocole. Il faut qu’un ambassadeur de ce genre le comprenne.
Quel est votre avis sur le retour des explosions via l’ex-ministre Michel Samaha et le général Ali Mamlouk?
Il y a une sorte de providence. Si ce complot avait été exécuté, Dieu seul sait où il nous aurait menés. Nous avons de la chance puisque Michel Samaha a été arrêté et que la Syrie et ses organes ont été démasqués. Ils étaient connus dès le départ, mais personne ne voulait pointer la plaie du doigt… Ils continuent à adopter les mêmes procédés que par le passé via les assassinats et les tentatives d’assassinat.
Que répondez-vous à ceux qui prétendent que ces accusations sont fabriquées par la section des renseignements des FSI?
Qui sont ceux-là? Ont-ils intérêt à y croire? Ils connaissent au fond d’eux la vérité, mais il n’est pas dans leur intérêt de l’avouer. Ils se jetaient dans les bras de la Syrie et réalisent aujourd’hui que la Syrie ne peut plus les rassurer, comme par le passé. C’est pourquoi, ils essayent autant que possible de défendre leur politique et leurs positions peu glorieuses.
Etiez-vous pour la participation du président de la République au Sommet des non-alignés à Téhéran?
Oui, j’étais pour. J’espère que le Liban parviendra un jour à une neutralité totale, pour être à l’abri de tout conflit militaire dans la région. Nous aurons beau booster nos muscles, ils ne serviront pas à nous protéger.
Mais qui va donc libérer les fermes de Chébaa, les hauteurs de Kfarchouba et qui va défendre nos ressources gazières maritimes?
La loi internationale et le respect du droit international. Nous sommes un petit pays, les lois internationales sont notre seul abri. Plus nous les respectons, plus nous augmentons notre pouvoir de défense de nos droits, qu’il s’agisse de ressources pétrolières ou autres.
Mais sayyed Hassan Nasrallah a promis d’arriver en Galilée en cas d’agression israélienne…
Nous n’atteindrons pas le niveau militaire supérieur d’Israël et nous ne souhaitons pas détruire notre pays encore une fois, à cause de l’aventurisme de certains. Nous avons vu quels ont été les résultats en 2006 et comment Hassan Nasrallah s’est lamenté pour que le gouvernement du président Fouad Siniora intervienne pour stopper la guerre.
Vous semblez récemment satisfait des options prises par le président Michel Sleiman, êtes-vous sur une même longueur d’ondes?
Sur la même longueur d’ondes? Pas tout à fait. Mais il y a un rapprochement.
Le président Berry a demandé le transfert du projet de loi électorale devant les commissions parlementaires concernées. Quelles sont vos prévisions au sujet de ce projet basé sur 13 circonscriptions et qui relie, par exemple, la banlieue sud au Metn nord?
Nous ne nous attendions pas, de la part d’un gouvernement dominé par le Hezbollah, à un meilleur projet. Mon idée est une loi électorale qui divise le Liban en 88 circonscriptions individuelles. Le Parlement compte 128 députés. C’est un grand nombre de personnes et de salaires. Nous voyons comment sont menées les séances, et combien il y a de paroles qui n’ont pas de sens…
Estimez-vous que l’armée a pu trancher le conflit entre Bab Tebbané et Baal Mohsen? La plaie est-elle bien cicatrisée?
Il faut toujours s’attendre à des problèmes là-bas. L’armée a fait ce qu’elle a pu mais elle n’exécutera pas un deuxième Nahr el-Bared à Tripoli.
Faut-il s’attendre à l’ouverture de l’aéroport de Kleiate?
Vous avez l’aéroport de Kleiate, celui de Rayak et celui de Beyrouth. Ce sont des aéroports équipés, et il y a un embryon d’aéroport à Hamat. Tous ces aéroports sont inutiles, en l’absence d’un Etat prêt à sécuriser l’accès aux aéroports et les aéroports eux-mêmes. Propos recueillis par Saad Elias