Cette semaine, c’est à l’aune du Parti de Dieu que l’actualité libanaise est analysée dans la presse étrangère. Entre la Syrie et Israël, le parti chiite a fort à faire.
Haaretz
Le quotidien de référence de la presse israélienne Haaretz explique que «l’armée israélienne craint que le Hezbollah reprenne le contrôle de la frontière, à la lumière des affrontements qui secouent le Liban».
En 2011, Tsahal a mis au point un plan stratégique sur cinq ans en vue d’un conflit régional «généralisé». Tout en continuant d’investir dans différents moyens de défense anti-roquettes et anti-missiles, ainsi que dans divers systèmes et innovations ultrasophistiqués pour assumer les défis du «champ de bataille du 21e siècle», dont la guerre cybernétique, ce plan prend en compte l’hypothèse plus que réaliste, supposant que lors de ce futur conflit régional, Israël sera attaqué sur plusieurs fronts simultanément: au nord par le Hezbollah – et peut-être aussi par la Syrie; au sud par le Hamas et les forces jihadistes; et aussi à l’est par les missiles iraniens.
Selon le plan, le conflit devra se dérouler très vite et très intensément, de préférence sur le territoire de l’ennemi; son issue doit être sans équivoque sur chacun de ces fronts et se solder par une nette victoire de Tsahal et une défaite de ses ennemis, contrairement à ce qui s’était passé l’été 2006 contre le Hezbollah. Israël risque donc de faire face à un Hezbollah paradoxalement à la fois déstabilisé et dopé par la chute en cours du régime syrien d’Assad qui l’avait toujours soutenu.
New York Times
Cet article du New York Times, intitulé Comment le Hezbollah prospère en Europe, a été repris par l’ensemble des grands quotidiens du continent. Extraits.
Alors que des responsables américains sonnent le signal d’alarme face à ce qu’ils considèrent comme une résurgence de la menace chiite, des milliers de militants ou partisans du Hezbollah en Europe semblent avoir les coudées franches pour collecter des fonds à destination de leurs chefs installés au Liban. L’Union européenne le considérant comme un simple mouvement social et politique libanais.
Les militants chiites seraient présents sur tout le continent, en particulier en Allemagne, foyer d’activités où ils étaient 950 en 2011 (contre 900 en 2010), indiquent les services de renseignements allemands. Depuis les attentats du 11 septembre, le Hezbollah fait profil bas en Europe où il lève discrètement des fonds à des fins humanitaires comme la construction d’écoles et d’hôpitaux, mais aussi l’organisation d’attentats, soulignent les agences de renseignements occidentales.
Certains spécialistes soupçonnent les autorités européennes de ne rien faire en raison d’un accord tacite: tant que le Hezbollah ne perpètre aucune attaque sur leur territoire, elles n’interféreront pas avec ses opérations et ses levées de fonds. «Ils ont peur de provoquer la colère du Hezbollah, ce qui pourrait inciter le mouvement à organiser des attentats chez eux», analyse Bruce Hoffman, spécialiste de la sécurité et du terrorisme, enseignant à Georgetown.
Blog de Frédéric Helbert
Le blog de Frédéric Helbert, journaliste français spécialiste du terrorisme, publie une interview d’un leader de la branche militaire du Hezbollah.
C’est dans une «safe-house», une maison sûre, qu’après deux jours de négociations ardues, je me retrouve enfin face à celui que je voulais interroger. Un homme proche de ceux du terrain. Un homme sachant de quoi il parle. Un homme n’ayant aucune habitude face aux médias. Le lieu où nous nous retrouvons est sécurisé de la manière la plus simple… C’est une maison comme tant d’autres, que rien ne distingue, perdue au cœur du labyrinthe de la banlieue sud de Beyrouth, là où personne ne rentre sans autorisation du Hezbollah.
L’homme que nous appellerons «Hassan» se montre très confiant quant à l’actuel contrôle du régime de Bachar el-Assad sur le pays. «Le régime tient toujours et solidement, à l’heure qu’il est. Pas plus de 2% de sa puissance réelle n’a été affectée». Mais nous sommes persuadés au fond que la principale cible de l’opération orchestrée contre la Syrie, vise en fait le Hezbollah, sa puissance et sa capacité déjà démontrées de tenir Israël en échec. Attaquer le Hezbollah directement de front est impossible pour ses ennemis. Alors on vise la Syrie, pour tenter de nous affaiblir. J. A-R.
Le Monde
Films au bord de la crise syrienne
A lire dans les colonnes du quotidien français de référence, Le Monde. Le cinéma libanais est confronté à une sévère concurrence, celle d’une actualité invraisemblable qui, au festival des dictatures sanglantes, passe de la fiction au documentaire avec une aisance enviable. Pendant ce temps, au cinéma, les Libanaises s’épilent ou publient des revues érotiques. Mais surtout, les Libanaises s’engueulent avec leurs Jules, qui, c’est automatique, les emmènent à la montagne. Etrange coutume.
Liban
La contagion syrienne
Dans le nord du Liban, le feu ne demandait qu’à prendre, ces derniers mois. Les Syriens se sont fait un malin plaisir d’enflammer le brasier. C’est à Tripoli, la ville sunnite au nord du pays, que les premiers affrontements ont eu lieu, dès février, entre le quartier habité par des Libanais alaouites, pro-Bachar el-Assad, et celui majoritairement sunnite, comprenant nombre de salafistes, proches de l’opposition syrienne. Les deux zones ne sont séparées que de quelques dizaines de mètres. Les alaouites, perchés sur une colline, dominent la ville, tandis que le quartier sunnite les encercle. La paix n’a guère de chance de revenir entre les pro et anti-Damas. La guerre de rues a fait en une semaine une quinzaine de morts.
Cet affrontement tripolitain, attisé par le pouvoir syrien qui laisse passer les armes en direction de ses alliés libanais (d’autres armes voyagent dans l’autre sens), va-t-il embraser l’ensemble du Liban, où les querelles communautaires se doublent toujours d’affrontements politiques? Jusqu’à présent, le Hezbollah, parti chiite proche politiquement et militairement de l’Iran et de la Syrie, fait profil bas. Il détient la réalité du pouvoir à Beyrouth. Et ne semble pas désireux, dans l’immédiat, de laisser l’incendie s’étendre chez lui pour complaire à ses alliés.