Magazine Le Mensuel

Nº 2862 du vendredi 14 septembre 2012

Economie & Finances

Economie et finance

Hôtels
Malgré la crise, de grands établissements en chantier

Rien n’entame l’esprit d’ent
repreneuriat des Libanais. Les hôteliers font contre mauvaise fortune bon sens. Les travaux d’extension et/ou de rénovation qu’ils avaient prévus avant le 20 juillet 2012 ont été maintenus. L’objectif est évidement l’amélioration de la qualité des services qu’ils fournissent à leur clientèle dans l’espoir de jours meilleurs. Les hôteliers mettent à profit le temps perdu avec tout ce que cette situation leur cause en termes de pertes cumulées pour gérer le mieux possible la crise qui secoue le secteur touristique. Ainsi trois des plus prestigieux hôtels de Beyrouth et de sa périphérie, à savoir le Vendôme, le Bristol et le Metropolitan, sont partiellement en chantier. Ces établissements hôteliers demeurent en principe opérationnels.
Le Vendôme, classé boutique hôtel, qui a not
amment hébergé à deux reprises à la fin du XXe siècle le souverain hachémite et son épouse, est opérationnel, mais a subi en termes de taux de remplissage, comme les autres enseignes hôtelières, les contrecoups de la détérioration de la situation en Syrie et dans le monde arabe. L’annexe de l’hôtel, juxtaposée au bâtiment principal, est en construction. Le coût total du projet est estimé à environ 25 millions de dollars. L’idée n’est pas née d’hier. Elle a fait son chemin avant d’être mise à exécution, avant le ralentissement drastique de l’activité touristique au Liban. L’objectif, qui sous-tend ce projet, est de doter Le Vendôme de tous les critères internationaux pour sa classification d’«hôtel boutique». Dans la pratique, la première phase du chantier, d’un coût de trois millions de dollars, se poursuit puisque tous les engagements financiers envers les entrepreneurs ont été déjà conclus. Aucune marche arrière n’est plus possible. Cette phase consiste à édifier des étages du sous-sol ainsi que du rez-de-chaussée et du premier étage. En ce qui concerne, les deuxième et troisième phases, une source de l’hôtel a affirmé «qu’en toute logique, le rythme des travaux ralentirait si la conjoncture actuelle devait se prolonger».
Pour Le Bristol, le coup d’envoi des travaux de rénovation de toutes les chambres de l’établissement ainsi que de son infrastructure a été donné. Le coût de ce chantier avoisinerait les 20 millions de dollars. Le projet prévoit notamment la création de plusieurs restaurants. Toutefois, les volets catering et banquet du Bristol sont toujours opérationnels et l’hôtel reçoit les commandes comme à l’accoutumée.
Parallèlement, la gestion des hôtels du groupe Habtoor, situé dans la banlieue de la capitale, a été confiée à l’enseigne internationale Hilton. Le Metropolitan, l’un des deux établissements appartenant au groupe al-Habtoor, fait l’objet d’une opération de lifting de ses chambres. Interrogées, deux sources différentes employées au Metropolitan ont donné des informations contradictoires concernant le maintien des opérations de catering et de banquet.
Les hôteliers interrogés sont unanimes à dire que la situation du secteur de l’hôtellerie a commencé à se détériorer à partir du moment où certains pays arabes ont recommandé à leurs ressortissants d’éviter de se rendre au Liban. Le cercle noir a commencé à s’agrandir avec la vague d’enlèvements de citoyens de toutes les communautés confondues, en contrepartie du paiement d’une rançon pour leur relaxation. Selon les mêmes sources, les bénéfices de l’hôtellerie proviennent essentiellement de la location des chambres. Mi-figue mi raisin, les hôteliers soulignent que «les tarifs appliqués en ce moment sont moins chers que ceux en vigueur au Bengladesh».
Le mauvais sort s’acharne aussi sur le Trésor, sachant que les hôtels et les restaurants représentent la 4e source de TVA provenant d’activités à l’interne. Le montant de la TVA versé au Trésor a reculé de 13% sur un an à fin juillet, atteignant 50,4 millions de dollars. Et les résultats du mois d’août ont tout l’air d’être encore plus aléatoires.

 

Licenciements abusifs
La CGTL et le ministre du Travail aux abonnés absents  

Les médias audiovisuels et la presse écrite se sont relayé la couverture de la naissance avortée -jusqu’à nouvel ordre- d’un syndicat des employés de la grande surface Spinneys. Les employés ont estimé que leur fédération en un syndicat pourrait accélérer la récupération de leurs droits, à savoir le réajustement des salaires approuvés aux secteurs public et privé par le gouvernement ainsi que leur inscription à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Si leur cause n’a pas encore abouti à un dénouement heureux, elle a au moins fait tache d’huile dans les milieux des salariés du secteur privé, les encourageant à faire valoir leur droit publiquement. Dans ce contexte s’inscrit le mouvement revendicatif initié par les ouvriers et employés de la société de construction A-Build, une filiale de la compagnie IKK, dont le siège social est en Arabie saoudite. Le personnel de A-Build n’aurait pas encore encaissé jusqu’à ce jour l’augmentation légale des salaires, sachant qu’une médiation menée en mai dernier par le ministère du Travail aurait échoué.
Ceci dit, l’affaire du personnel de Spinneys n’a pas fini de faire couler de l’encre, alors que le ministre du Travail, Sélim Jreissati et le président de la Confédération générale des travailleurs au Liban (CGTL), Ghassan Ghosn, observent un silence retentissant. Les deux principales autorités de tutelle du travail syndical ont brillé par leur absence de la scène du conflit. D’ailleurs, plus d’une partie concernée par cette affaire se pose de nombreuses questions. Le ministre du Travail s’est contenté de déclarer, lors d’une interview télévisée, qu’il avait chargé une commission de son département de lui établir un état des lieux afin qu’il puisse prendre les mesures nécessaires. Ceci dit, le mouvement revendicatif des employés et ouvriers de Spinneys remonte déjà à deux mois et le ministre continue de tergiverser sur le point de signer le permis de création d’un syndicat des employés de la grande surface. Le fait étonnant est que Sélim Jreissati, désigné le 23 février 2012 à la tête du portefeuille ministériel du travail en remplacement de Charbel Nahas, connu pour son long parcours de lutte pour la justice sociale, est «un homme de loi par excellence au niveau de sa formation et de son expérience professionnelle». Il est détenteur d’un doctorat en droit privé et enseigne le droit depuis 1981, notamment à l’USJ. Il est inscrit au barreau de Beyrouth au titre d’avocat près la Cour d’appel. Il a fait partie jusqu’en 1999 du Conseil constitutionnel. Comble de la bizarrerie, le ministère du Travail vient de mettre une ligne d’urgence (1740) dédiée à la réception des plaintes des salariés, le maillon faible des partenaires dans le processus de production. Quant à la quasi-absence du président de la CGTL, Ghassan Ghosn, il n’y a rien de surprenant. Depuis le 6 mai 1992, la CGTL est devenue petit à petit «un outil aux mains du pouvoir». La syndicale ouvrière s’est éloignée «des causes sociales» et représente désormais tout le monde à l’exception de la tranche sociale qu’elle est supposée défendre. Elle a tout simplement perdu son autonomie. Dans les faits le 6 mai 1992, la CGTL présidée par Antoine Béchara, avait appelé à une grève de trois jours dont l’objectif était la demande d’un réajustement des salaires. Les syndicalistes ont été surpris de voir des pancartes brandies dans différentes régions du pays réclamant le départ du gouvernement de Omar Karamé. Un sujet qui n’était pas inscrit à l’ordre du jour de la CGTL. Le chaos qui s’en est suivi a vite fait chuter le cabinet. Plus tard, la dichotomie de la présidence de la CGTL qui a eu lieu lors des élections le 24 avril 1997 a confirmé l’objectif du pouvoir politique «de réduire à néant le champ d’action syndicale». Et depuis, les épisodes du thriller se poursuivent prenant différents aspects. Lilianne Mokbel

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