Cette semaine, la presse étrangère revient sur la colère des musulmans et la situation des réfugiés syriens et éclaire le souvenir lugubre d’un massacre survenu il y a trente ans.
Rue89
Le site français d’information Rue89, récemment primé par l’Association américaine de l’information en ligne, publie cette semaine une analyse sur le Hezbollah qui «surfe sur l’indignation des musulmans».
Cinq manifestations en six jours et une rare apparition publique de Hassan Nasrallah, son leader: la réponse du parti islamiste libanais Hezbollah au film L’innocence des musulmans, et accessoirement, aux caricatures de Charlie Hebdo, est zélée.
Ce n’est pas un hasard. Le Hezbollah cherche sans nul doute à tirer profit de la vague de mécontentement suscitée par le film islamophobe. C’est l’occasion pour lui de redorer son image écornée par son soutien indéfectible à Bachar el-Assad. Il en a besoin. Que ce soit au Liban ou dans le reste du monde musulman, son aura de défenseur de la cause arabe contre Israël est sérieusement abimée. Le film islamophobe est ainsi une aubaine pour le Hezbollah.
Il lui permet de réaffirmer son identité islamique. Des pancartes: «Nous sommes un milliard quatre cents millions à ton service, ô Prophète Mohammad» ont été distribuées à chacune des manifestations.
C’est aussi et surtout le moyen de donner au Hezbollah l’image d’un parti rassembleur de la communauté musulmane.
Le Figaro
Dans les colonnes du Figaro, Sibylle Rizk explique que «l’afflux de réfugiés syriens oblige le Liban à sortir du déni».
Ayman ne pourra pas passer l’hiver entre les murs croulants de son abri de fortune. Depuis son arrivée au Liban il y a quatre mois, le jeune épicier n’a réussi à travailler que huit jours. La baisse du prix de la main-d’œuvre syrienne le condamne à la précarité, les loyers ayant grimpé en flèche à Baalbek. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) vient tout juste d’y installer un centre d’enregistrement. Dans toutes les zones libanaises frontalières, l’arrivée des Syriens est de plus en plus massive. Au rythme actuel, on devrait dépasser la barre des 100 000 ou 120000 réfugiés avant la fin de l’année.
Aujourd’hui, une assistance alimentaire et médicale est fournie à quelque 74500 personnes. En réalité, les réfugiés sont bien plus nombreux, du fait des facilités de séjour dont bénéficient les Syriens au Liban. Parmi eux, une bonne partie de la bourgeoisie damascène et alépine qui loue des meublés dans les lieux traditionnels de villégiature, ou s’installe à Beyrouth. Il y a aussi les dizaines, voire des centaines de milliers d’ouvriers syriens désormais autorisés à renouveler leur permis de séjour sans retourner en Syrie, dont certains ont fait venir leur famille.
Le Monde
30 ans après Sabra et Chatila, Le Monde revient sur ce «massacre évitable» en se basant sur les archives israéliennes. Instructif.
L’échange se passe à Jérusalem il y a trente ans jour pour jour. Nous sommes le 17 septembre 1982, et la réunion entre Américains et Israéliens a commencé à 12 h 30. Le Premier ministre, Menahem Begin, en est absent. Avec Ariel Sharon, Yitzhak Shamir, le ministre des Affaires étrangères, rencontrent l’ambassadeur itinérant du président Ronald Reagan au Proche-Orient, Morris Draper.
Ce 17 septembre, Morris Draper est soumis, surtout de la part d’Ariel Sharon, à une pression peu usuelle: «M. Draper, vous craignez d’être soupçonné d’être de mèche avec nous ? Niez-le et on le niera».
Rapportée par les historiens, une rencontre, très pénible, avait déjà eu lieu la veille au soir. Morris Draper, accompagné de l’ambassadeur américain à Tel-Aviv, Sam Lewis, fait face à Ariel Sharon, au chef d’état-major israélien, Rafael Eitan, et au chef du renseignement militaire, le général Yehoshua Saguy. Washington et «les Libanais» demandent que Tsahal se retire de Beyrouth, rappelle l’Américain. Les «terroristes» sont toujours là, rétorque Ariel Sharon, «2000 à 3000, on a même leurs noms». Dès lors, qui va s’occuper des camps ?, demandent les Israéliens. Lorsque Morris Draper évoque «l’armée et les forces de sécurité libanaises», le général Saguy exige que «les Phalanges aussi» soient de la partie. Draper s’y oppose. «Et qui donc va les en empêcher?», demandera le général israélien.
J. A-R.
Tribune de Genève
Les Désorientés, d’Amine Maalouf
La Tribune de Genève parle du nouvel opus de l’académicien. Tout commence par un coup de téléphone, dans Les désorientés d’Amin Maalouf. L’épouse de Mourad appelle Adam, qui vit à Paris. Son ami va mourir. Il aimerait le revoir une dernière fois. Seul problème. Pour l’exilé, historien intègre, Mourad s’est vilainement sali les mains dans leur Liban natal. Un homme parti de rien qui a pu racheter une banque en difficulté dans un pays longtemps en guerre civile, ce n’est ni net, ni honnête.