Après avoir participé aux primaires du parti écologiste en France pour les élections présidentielles de mai 2012, Nicolas Hulot a mis de côté l’engagement politique pour se consacrer à sa fondation et alerter les consciences. Journaliste et non-scientifique, comme il aime à le préciser, ce Jules Verne des temps modernes a constaté, sur le terrain, l’évolution dramatique de la biomasse et de la biodiversité de notre planète. Magazine l’a rencontré à la Résidence des Pins.
Quels sont les enjeux écologiques que vous avez constatés au cours de votre séjour au Liban?
Les mêmes difficultés se retrouvent partout. Le journaliste que je suis peut se heurter partout à l’incompréhension. J’ai parfois un profond sentiment de solitude. L’une des choses que j’ai constatées en premier en arrivant à Beyrouth, c’est l’absence de station d’épuration. Mais je ne critique pas, je suis conscient que chaque ville avance à son rythme. Il y a encore peu de temps, une ville comme Montpellier en France se trouvait dans la même situation. Je conçois parfaitement que, dans son histoire récente, le Liban ait eu d’autres préoccupations que l’environnement. L’urbanisme incontrôlé a fait beaucoup de tort. Le chantier est immense. Il doit résulter d’un véritable choix économique. Cela n’a pas été le cas à ce jour. On ne peut pas tout appréhender en même temps. Mon travail désormais est de mettre en réseau les différents acteurs de la société civile dans le monde. Le cadre européen a ses vertus et ses faiblesses, on doit voir ailleurs ce qui se passe. L’écologie est un enjeu planétaire. Tout n’est pas reproductible partout, mais on a tout intérêt à échanger nos visions. C’est de ce dialogue que ressort la prise de conscience collective. En France, par exemple, celle-ci n’est intervenue que depuis 2007 avec le grenelle de l’environnement. Ce grenelle a lancé un cycle de dialogue récurrent où les objectifs sont fixés en fonction des contraintes de chacun. Beaucoup n’ont pas vu les effets à très court terme de ce grenelle, mais c’est dans la durée que cela s’inscrit comme aurait intérêt à le faire le Liban. Il y a une dimension humaine et sociale à l’écologie. Etre écologiste, c’est être humaniste! Il ne doit pas y avoir de dogme. Nous sommes tous solidaires dans l’espace et dans le temps, l’objectif étant de ne pas compromettre les générations futures. Les voyants sont au rouge, ce n’est plus un affrontement entre Anciens et Modernes, il faut veiller à ce que les gens se parlent, se comprennent.
A la lumière de votre parcours, l’engagement politique est-il compatible avec l’engagement écologique?
En politique, il y a toujours un aspect partisan. Elle s’exerce sur un socle idéologique. L’engagement écologique doit surpasser la politique. C’est un engagement à l’égard de l’Humanité tout entière. Nous devons nous battre pour influencer tout le monde. Quand on fait de la politique traditionnelle on ne s’adresse qu’à 30 ou 40% des personnes, alors que l’écologie doit s’imposer à tous. La deuxième chose, c’est que l’écologie ne s’impose pas par la force. On ne peut pas d’autorité changer le mode de fonctionnement de chacun. Il n’y a pas de développement durable tant que tout le monde n’a pas pris conscience de la nécessité écologique. Il nous faut du répit et de l’apaisement pour intégrer une nouvelle dimension dans notre logiciel. J’espère réellement que le Liban va se distinguer sur ces sujets-là, qui sont cruciaux. Il y a un message à délivrer à chacun, chacun a sa part de responsabilité. On ne peut pas ignorer cette dimension écologique, on ne peut pas briser les équilibres naturels et climatiques qui se sont forgés sur des milliers d’années. Il nous faut entamer une période d’humilité, il nous faut prendre conscience de sa vulnérabilité. Sortons du mythe de l’affranchissement de la nature!
En préambule, vous aviez parlé de «pré-visite» au Liban. Votre engagement au Liban est-il durable?
Cela n’aurait pas de sens si je me limitais à une seule visite. Celle-ci m’a permis de prendre la température, de trouver des synergies et de nouer des partenariats. La France et le Liban ont un certain voisinage. Nous avons des leçons à tirer des deux côtés dans un échange tel que celui-ci. J’ai constaté beaucoup de bon sens et d’efficacité ici, mais on voit bien l’absence d’un dialogue régulier entre tous, alors que les acteurs devraient communiquer. Avec le CNRS, nous avons eu un briefing sur le littoral. C’est vrai qu’il y a beaucoup à faire. Il doit y avoir à la fois une prise de conscience collective écologique sur le plan de la santé publique et en même temps des décisions gouvernementales. Il est nécessaire d’investir. On peut imaginer engager des normes environnementales sur l’entretien des plages, des côtes, des appareils électroménagers ou des véhicules. Fixer des normes contraignantes est bénéfique. Il y a des choses simples et des choses plus compliquées. Il y a du court terme et du plus long. Il faut savoir discerner.
Quelle est la place du Liban au Moyen-Orient du point de vue de l’environnement? Y aurait-il des bénéfices à tirer d’une union régionale?
C’est ma deuxième visite au Liban en 37 ans. En langage diplomatique, je dirais que l’urbanisme n’a pas forcément été très bien pensé. Le développement rapide et peu respectueux et l’artificialisation de plus en plus importante, ont bouleversé l’écosystème terrestre et marin. Un certain nombre de cycles naturels ont été détériorés. Certaines choses semblent beaucoup plus anodines que la pêche à la dynamite. Si vous déplacez ne serait-ce qu’un cours d’eau, les conséquences peuvent être extrêmement lourdes. Le constat est plus ou moins le même dans les pays de la région. Encore une fois peut-être aviez-vous d’autres priorités. Mais il est que ces sujets deviennent prioritaires partout. Depuis le grenelle en France en 2007, des dispositifs concrets ont été mis en place durablement. Je pense aux normes précises de basse consommation mises en place dans le bâtiment, mais je pense aussi aux énergies renouvelables. Les choses sont en route, c’est tout une dynamique. En France, 80% de la fiscalité repose sur le travail, on peut la réduire et instaurer une fiscalité écologique en effectuant un prélèvement sur les ressources naturelles. Cela peut aussi soulager le marché du travail et créer de l’emploi. Je ne dresse pas un tableau idyllique, mais c’est d’un nouveau système global dont nous avons besoin parce que nous arrivons à un point de jonction entre les crises économiques, sociales et écologiques. A une coopération régionale, je dis oui sans hésitation. S’il n’y avait qu’une seule raison pour que l’Union pour la Méditerranée voie le jour, ce serait bien celle-ci. Je vous parle de voisinage entre la France et le Liban. Chez nous, avec l’Europe à 27, il y a des stratégies communes et des règles collectives mises en place; nous bénéficions de l’expertise et du savoir-faire d’un maximum de personnes. Mais en attendant de conclure des accords, beaucoup d’éléments peuvent se mettre en place seuls. Il y en a à tous les niveaux: personnels, locaux, régionaux et aucun ne suffit à lui-même. Si vous triez vos déchets à la maison, bravo! Mais encore une fois, c’est un système global qui doit être repensé. Pour cela il faut la conscience et l’adhésion de chacun.
Propos recueillis par Antoine Wenisch
Nicolas Hulot à la Résidence des pins
L’Institut français au Liban et l’ambassade de France ont organisé, le 25 de ce mois, une conférence à la Résidence des Pins, présentée par Nicolas Hulot. Une centaine de personnes représentant la société civile et des ONG environnementales y ont assisté, enthousiastes. Le ministre de l’Environnement, Nazem el-Khoury, a profité de l’occasion pour lancer un appel à toutes les ONG désireuses de créer une dynamique. «Contactez-moi», lance-t-il sous les applaudissements.
Entre espoir et alarmisme, les réactions sont partagées. Un sismologue français a estimé que Nicolas Hulot «n’y allait pas assez fort». Selon lui, il est «nécessaire de choquer sur l’état de notre planète, sans quoi personne ne réalisera vraiment». Carole, en revanche, a été séduite par la modération de l’intervenant. «On écoute davantage quelqu’un de mesuré, de plus rationnel». Nicolas Hulot a reçu des mains de l’ambassadeur, qu’il a vivement remercié un ouvrage sublime sur les cèdres du Liban. «Vous avez aussi donné de la force à ses cèdres pour relever le défi écologique des années à venir avec sérénité», conclut le militant.
Photopollution
La nuit est en danger
L’obscurité de la nuit a toujours été source d’inquiétude chez l’homme primitif. Aujourd’hui, en apprivoisant la nuit, les civilisations nuisent au bon fonctionnement de grand nombre de phénomènes naturels. Les éclairages artificiels de villes surtout permettent certes de pratiquer des activités même après le coucher du soleil, mais causent beaucoup de tort à la faune, la flore et même au fonctionnement du cerveau humain.
La photopollution est très peu évoquée, car ses effets ne sont pas directs et ne sont pas non plus très visibles lorsqu’on la compare aux pollutions plus classiques comme celle de l’eau ou de la terre. Dans les années 80, c’est l’association américaine Dark Sky qui a fait connaître cette source de nuisance. Ce n’est qu’en 2002 que les Congrès de Venise et de Lucerne lancent des appels aux gouvernements mondiaux pour la sauvegarde du ciel nocturne. Actuellement, l’Onu envisage de considérer le ciel étoilé comme «patrimoine commun de l’humanité».
Une pollution visible
Qui n’a jamais eu l’occasion de voir un ciel rose ou orangé foncé en pleine nuit dans une grande ville ou une agglomération? Ces couleurs sont l’effet des lumières de la ville réfléchies par des nuages plus ou moins bas. Une simple ampoule est visible à des dizaines de kilomètres. Pour une fois, le citoyen n’est pas le principal responsable de cette pollution; ce sont plutôt les collectivités qui sont responsables de l’éclairage des rues ainsi que les commerces et entreprises qui gardent leurs enseignes et lampes allumées même la nuit. De nombreuses images de la Terre prises de nuit par satellite rendent compte d’une progression de ce phénomène «d’année en année», souligne Olivier Las Vergnas, président de l’Association française d’astronomie (AFA).
Les effets sur la santé humaine
L’effet le plus évident est, bien entendu, les troubles du sommeil, une lumière artificielle dirigée vers le corps humain empêche la glande appelée hypophyse de produire la mélatonine responsable de la sensation de fatigue prélude du sommeil. Le cerveau est donc surexcité et ne passe pas à la phase de sommeil, même dans les moments de fatigue le sommeil n’est pas profond et ne produit donc pas l’effet de repos espéré. Les conséquences peuvent aller de la simple fatigue passagère au surmenage ou à la dépression.
Selon des chercheurs de l’Université de Toronto (Canada), notre exposition quotidienne à la lumière électrique a considérablement augmenté pour atteindre jusqu’à sept heures par jour en moyenne. Or, cette exposition prolongée non naturelle constituerait une «pollution par la lumière artificielle» qui serait l’un des plus importants facteurs à l’origine de l’augmentation actuelle des cancers. Si les études scientifiques sur l’action anti-cancéreuse de la mélatonine montrent encore des résultats contradictoires, «les données les plus récentes suggèrent que la mélatonine pourrait être efficace dans l’inhibition du développement et la progression de certains cancers comme ceux de la prostate et du sein.
Effets sur les animaux
Selon plusieurs chercheurs en écologie, l’effet le plus marquant de la pollution lumineuse sur les animaux est la désorientation des oiseaux migrateurs. Les oiseaux migrateurs s’orientent grâce aux étoiles, avec les lumières artificielles leur orientation est biaisée, un grand nombre d’oiseaux meurent à cause de cela à chaque migration.
D’autres animaux voient leur reproduction et leur horloge biologique modifiés ou carrément chamboulée.
Bien souvent, l’éclairage public rassure les citoyens. Pourtant, les effets sécuritaires de l’éclairage n’ont pas encore été démontrées, tant sur la sécurité civile que sur la sécurité routière. Ainsi, la majorité des cambriolages ont lieu en plein jour et, plus anecdotique, on trouvera plus de tags sous un éclairage public que sur un support non éclairé.
Laila Majhad
L’homme qui veut sauver la nuit
Jocelyn Paris est un informaticien du sud de la France qui a décidé de partir en guerre contre la pollution lumineuse. «J’ai pris conscience de cette préoccupation, soulevée par les astronomes, mais peu à peu, je me suis rendu compte que ça gênait de nombreuses autres personnes, des architectes aux géomètres, en passant par les entomologistes». Cet informaticien de 58 ans présente de nombreuses conférences afin de sensibiliser au problème de la pollution lumineuse. «A défaut de moins éclairer, il suffirait déjà de ‘‘mieux’’ éclairer», relève-t-il en proposant par exemple d’éliminer les lampadaires boules et leur flux perdu de lumière vers le ciel ou d’installer des appliques qui s’allument grâce à un détecteur de présence. Son rêve est ainsi d’éteindre villes et villages afin de «sauver la nuit. Mais il est difficile de faire comprendre aux politiques que la modernité, c’est arrêter d’éclairer».
Pour un Liban plus vert, plantons!
L’ONG libanaise Jouzour Loubnan a organisé, jeudi 27 septembre, son dîner de gala annuel. Objectif: recueillir des fonds afin de continuer sa mission de reforestation du territoire.
Rendez-vous était donné jeudi 27 septembre à tous ceux et celles qui souhaitent voir leurs enfants grandir dans un Liban plus vert, pour un dîner de gala suivi d’une soirée au Pier 7. Une belle occasion d’associer détente, plaisir et souci de l’environnement puisque les tickets d’entrée au dîner et à la soirée serviront à la plantation de nouveaux arbres dans les régions libanaises. L’idée est simple. Les 50$ de chaque ticket d’entrée permettront en effet à Jouzour Loubnan de planter trois arbres. Cette somme permet de planter des arbres, mais aussi de les entretenir, de les irriguer et de veiller à leur bonne croissance durant trois ans, avec des employés sur zone. Après trois ans de soins, les arbustes peuvent poursuivre leur croissance, seuls.
Jouzour Loubnan, association désormais bien connue des Libanais, n’en est pas à sa première opération. A ce jour en effet, et depuis sa création en 2008, 57116 arbres de vingt espèces différentes ont été plantés sur plus de 700000 m2 dans huit régions libanaises. Actuellement, Jouzour Loubnan s’attelle à la reforestation de Ouyoun el-Simane, de Betdi dans la Békaa, Chabrouh, Aïnata au Sud ou encore Ehmej.
Selon Joëlle Saab, coordinatrice de projet, «Jouzour Loubnan fait très attention à ne planter que des espèces non invasives qui sont adaptées au terrain de chaque région et à l’altitude où nous plantons». Outre les cèdres bien sûr et les genévriers, des pins, des chênes, des espèces sauvages d’arbres fruitiers comme des pruniers ou des pommiers sont également mis en terre, afin que la biodiversité soit respectée. Une opération de plantation gratuite sera bientôt organisée et ouverte aux volontaires qui souhaitent participer à un Liban plus vert.
Jenny Saleh
Renseignements au (71) 124000.
http://www.jouzourloubnan.org
Pour une rentrée plus verte
Ça y est. Les enfants reprennent le chemin de l’école. Comme chaque année, la rentrée apporte son lot de nouveautés en tout genre, question fournitures. Pour autant, faut-il céder aux sirènes de la consommation? Quelques petits conseils pour une rentrée plus verte:
Trier les fournitures de l’an dernier et récupérer ce qui est encore en état.
Tailler ses crayons, nettoyer les gommes et recharger les stylos encre, au lieu de les jeter.
Nettoyer son cartable et sa trousse au lieu d’en acheter un neuf. A savoir qu’un sac à dos en polyester génère 59kg de CO2 !
Côté papier, choisir au maximum du papier recyclé.
Privilégier les stylos et feutres ceux qui sont rechargeables, tout comme pour les piles des calculatrices.
Choisir des matériaux naturels comme le bois pour les règles, les gommes en caoutchouc ou les cartables en cuir.
Si l’on habite à proximité de l’école, privilégier la marche à un trajet en voiture. Voir aussi avec les camarades de classe s’il existe des possibilités de covoiturage pour limiter l’afflux de véhicules et la pollution.
Rendez-vous au Bois des Pins
Horsh Beirut fait son festival avec Assabil jusqu’au 2 octobre. Une belle occasion pour parents et enfants de se retrouver dans un des rares espaces verts de Beyrouth pour une série d’animations et d’activités. Au programme :
vendredi 28/09 de 17h à 19h : spectacle de marionnettes Men Mahmieh la Mahmieh. De 20h 22h : lecture de poésie arabe et anglaise, en musique.
Samedi 29/09 de 17h à 19h : spectacle de contes. De 20h à 22h, concert oriental.
Dimanche 30/09 de 17h à 19h : super show de Mini studio. De 20h à 22h, concert du groupe Al Mokhadi3oun.
Entrée gratuite
Les deux commandements de la semaine
♦ Mes casseroles je couvrirai avec un couvercle quand je cuisinerai. Maintenir Un litre et demi d’eau en ébullition dans une casserole demande 4 fois moins d’énergie avec un couvercle.
♦ Ma télévision et mon lecteur DVD je débrancherai. Ces appareils, même en veille, continuent de consommer de l’électricité inutilement. A savoir qu’une télé en veille durant 20 heures équivaut à 4 heures d’utilisation réelle.