Dahlan en accord avec Lieberman
L’ancien homme fort du mouvement Fatah, Mohammad Dahlan, mis au placard après un différend qui l’a opposé au président Mahmoud Abbas, vient de critiquer le discours d’Abou Mazen aux Nations unies. Selon lui, le président palestinien est un «poltron qui manque de charisme et d’autorité. Il ne pourra donc jamais mener à terme le projet de libération de la Palestine». Seul problème, au moment même où Dahlan tenait ces propos, le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, tenait des mots similaires contre Abbas, allant même jusqu’à menacer de l’emprisonner. Dahlan, réfugié à Amman devrait à l’avenir apprendre à s’abstenir.
Hochyar Zebari le ministre irakien des Affaires étrangères, a rappelé le différend qui l’oppose à son Premier ministre au sujet du dossier syrien, ce dernier soutenant le régime du président Bachar el-Assad. En effet, l’homme politique kurde a assuré que son pays ne devait pas s’impliquer dans le bourbier syrien, ajoutant que l’Iran devrait respecter la souveraineté de l’Irak en arrêtant tout trafic d’armes envers Damas via son pays. Selon Hochyar Zebari, tous les acteurs sur la scène syrienne qui ont recours aux armes sont fautifs, la voie politique et le dialogue étant les seuls moyens pour mettre un terme à ce conflit qui dure depuis plus de 19 mois. Il a assuré que son pays était déterminé à fouiller les avions en provenance d’Iran et se dirigeant vers la Syrie.
Salah Abdel Maksoud ministre égyptien de l’Information, a raté son entrevue sur la chaîne satellitaire de Dubaï, à la suite d’une remarque déplacée et inappropriée adressée à la présentatrice de l’émission. En effet, Zeina el-Yazigi, d’origine syrienne, qui avait quitté la chaîne al-Arabiya l’année dernière, a été choquée quand le ministre, supposé être islamiste, l’a décrite comme étant très séduisante, ajoutant: «J’espère que les autres journalistes ne seront pas aussi chaudes que vous». Un silence de plusieurs secondes a suivi avant que la journaliste ne réponde: «Mes questions sont chaudes, mais je suis une personne très froide». Cet échange, pour le moins surprenant, a provoqué la colère des internautes égyptiens qui s’en sont pris violemment au ministre et au mouvement des Frères musulmans auquel il appartient.
Règlements de comptes en Libye
Le nouveau président du Parlement libyen, l’islamiste Mohammad al-Megayref, qui avait représenté son pays à l’Assemblée générale des Nations unies à New York, a sévèrement critiqué l’ancien conseil provisoire présidé par le juge Moustafa Abdel Jalil. Selon lui, ce conseil avait «négligé des dossiers importants pour se préoccuper de petites mesquineries au lieu de s’occuper du peuple libyen», Le chef du Parlement a défendu les islamistes, considérant que seul un petit nombre d’entre eux prônait des idées fanatiques. Pas sûr que cet argument convainc la communauté internationale, très inquiète après l’attaque menée par les membres d’Ansar el-Charia contre le consulat américain à Benghazi, alors que des régions entières du pays vivent sous les lois islamiques imposées par les milices armées.
En Pointillé
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n’arrive toujours pas à retrouver son équilibre. Dernier épisode en date, l’arrestation de son conseiller médiatique, Ali Akbar Javanfekr, également chef de l’agence nationale de presse IRNA. Comble d’ironie, c’est au même moment qu’Ahmadinejad s’apprêtait à prendre la parole devant l’Assemblée générale des Nations unies que la police politique arrêtait son bras droit. Ce n’est sûrement pas un hasard si le président, qui est en conflit avec les proches du Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, se trouve dans une position très difficile, face aux énormes pressions des ultraconservateurs. Entre-temps, Javanfekr a été interdit de toute activité médiatique pendant trois ans par une cour religieuse, qui a considéré qu’il avait publié des «informations contraires aux règles islamiques». Son vrai crime: avoir permis la publication d’un article qui critique indirectement le guide suprême de la révolution.
L’auto-piège d’Abou Marzouk
Moussa Abou Marzouk, membre du bureau politique du mouvement palestinien Hamas, ne pourra pas réaliser son rêve: succéder à Khaled Machaal. Ce dernier avait jeté l’éponge à la suite des pressions exercées contre lui et des critiques personnelles qui lui furent adressées par Abou Marzouk et ses proches. C’était sans compter sur l’estime et le respect dont jouit Machaal au sein du Conseil de la Choura des Frères musulmans égyptiens, qui ont réclamé la tête d’Abou Marzouk. Khaled Machaal sera nommé donc observateur général des Frères musulmans en Palestine, alors qu’Ismaïl Haniyeh lui succèdera à la tête du mouvement Hamas. Des sources palestiniennes ont noté que l’affront infligé à Machaal avait créé des remous au sein du Hamas, peu habitué aux querelles internes, et qu’une décision aurait été prise d’écarter pour de bon tous les membres qui avaient adressé des critiques publiques au leader du mouvement.
La malédiction de Guantanamo
L’ancien commandant militaire de la région de Tripoli, Abdel Hakim Belhadj, a dû renoncer au ministère de l’Intérieur, un poste qu’il espérait occuper dans le nouveau gouvernement libyen. Le fait est que l’ancien membre d’al-Qaïda, détenu pendant de longues années dans la sinistre prison de Guantanamo, avait exigé ce poste clé pour accepter de participer au gouvernement présidé par le docteur Moustafa Abu Shagour. Or, lors des dernières élections législatives, son parti n’avait obtenu que 2,5% des voix, ce qui ne le qualifie nullement pour un poste aussi important. Face au refus du Premier ministre, il avait dû jeter l’éponge, préférant rester dans les rangs de l’opposition, ce qui doit rassurer Washington qui voyait d’un très mauvais œil la présence d’un ancien disciple d’Oussama Ben Laden au sein de l’exécutif.
L’Iran pointé du doigt
Ismail el-Waëli, frère de Mohammad el-Waëli, ancien gouverneur de Bassora, assassiné fin septembre, vient d’accuser l’Iran d’être derrière le meurtre. Il a assuré, à partir de son exil en Allemagne, qu’«un nouvel escadron iranien de la mort vient de s’infiltrer en Irak et a pour mission d’assassiner un grand nombre de personnalités irakiennes dans la province de Bassora conformément à une fatwa». La victime avait déjà échappé à une tentative d’assassinat en 2007 et en avait fait assumer à l’époque la responsabilité à la République islamique. Depuis, il avait pris des précautions, mais c’était sans compter sur la détermination de ses ennemis politiques. L’ancien gouverneur était connu pour ses critiques sévères envers le voisin iranien et refusait toutes les tentatives de Téhéran de s’ingérer dans les affaires internes de la province.
Kiir fait face aux critiques
Le président Sud Soudanais Salva Kiir Mayardit, qui vient de signer dans la capitale éthiopienne Addis-Ababa un accord de paix avec son homologue soudanais, Omar Hassan el-Bachir, se trouve pour la première fois dans une position pour le moins difficile. Quelques heures après la signature de l’accord et son retour au pays, il a dû faire face à un tollé, car selon certains de ses compatriotes, il aurait fait trop de concessions à Khartoum, notamment au sujet des mesures sécuritaires. De plus, il n’aurait pas soulevé le sujet sensible de la région d’Abyei, un vrai crime selon certains milieux à Juba, qui s’opposent en réalité à tout accord de paix avec le voisin du nord. Résultat, les opposants demandent purement et simplement l’annulation de ces accords, allant même jusqu’à menacer de renverser le président s’il ne fait pas marche arrière. Malgré cet accord de paix, la normalisation ne semble pas être pour bientôt entre les deux frères-ennemis.
Al-Jazeera sur les pas d’al-Ahram
Selon des journalistes étrangers qui travaillent auprès de la chaîne qatarie al-Jazeera International, le directeur général, Salem Najm, aurait donné l’ordre qu’un documentaire sur les discussions des leaders internationaux aux Nations unies, soit diffusé. Le directeur général n’aurait pas apprécié le fait que le «discours historique» de cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani n’ait pas reçu une attention spéciale. Aussi a-t-il ordonné que Hamad, qui n’est pas vraiment reconnu pour son éloquence, soit mis en avant-plan et que le discours du président Barack Obama soit négligé. Scandale pour ces journalistes étrangers peu habitués à ce genre de pratiques. Mais il n’y eut rien à faire, puisque l’émir en personne a menacé que si le reportage n’était pas modifié, tout le monde serait viré. L’autocrate a eu gain de cause et son appel à une intervention militaire en Syrie a devancé le discours du locataire de la Maison-Blanche, l’homme considéré le plus influent au monde.
36000 citoyens jordaniens se seraient inscrits chaque jour sur les listes électorales. Ces élections parlementaires, qui interviennent à un moment décisif pour le royaume hachémite, devront se tenir dans des conditions très tendues, les islamistes qui boycottent le scrutin menacent d’empêcher les électeurs de se rendre aux urnes le jour J. Ils dénoncent une loi électorale qu’ils jugent «injuste» et accusent le comité électoral indépendant, présidé par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Abdel Ilah el-Khatib, de ne pas être neutre. Entre-temps, le roi Abdallah Ibn el-Hussein n’a toujours pas dit son dernier mot et des médiations sont menées entre le palais royal et l’observateur général des Frères musulmans afin de trouver un compromis permettant l’ajournement des élections, sans pour autant mettre le régime à genou. Compromis très aléatoire vu les positions très divergentes.
90 coptes ont été chassés de la ville de Rafah, dans le nord du Sinaï, après les menaces émanant de groupuscules islamistes. L’Anbaa Kazman avait haussé le ton, demandant aux autorités égyptiennes et au président Mohammad Morsi d’intervenir pour mettre fin à ces pratiques inexcusables dans un Etat dit de droit. Les salafistes avaient distribué des tracts menaçants pour la minorité chrétienne, avant de s’en prendre physiquement à deux commerçants de la ville en plein jour, tirant vers eux des balles réelles. Une vague de migration des quelques dizaines de chrétiens vers la ville voisine d’al-Arish a suivi. Le président Morsi, quant à lui, a pris du temps avant de réagir, puisqu’il lui a fallu plus de dix jours pour envoyer l’armée dans la ville. Le Premier ministre Hicham Qandil avait tenté de minimiser l’incident, prétendant que la situation dans la péninsule du Sinaï n’était pas inquiétante et que la communauté copte n’était pas en danger. Qandil ferait mieux de visiter Rafah lui-même pour se rendre compte de l’inexactitude de ses propos.