Magazine Le Mensuel

Nº 2865 du vendredi 5 octobre 2012

Confidences Liban

Confidences Liban

Charbel confirme
Beaucoup de bruit, d’analyses, et de rumeurs autour de la tentative d’assassinat du général Michel Aoun à Saïda lorsque l’un de ses convois a essuyé de tirs sur le chemin du retour de Jezzine. Le ministre de l’Intérieur explique que le convoi-leurre du chef du CPL a bel et bien été touché par des balles, laissant à la Justice le soin de mener l’enquête pour faire la lumière sur cette affaire. Le général Charbel a été surpris par les réactions de certaines fractions politiques qui ont radicalement refusé la thèse du complot ou encore qui ont assuré qu’il s’agit d’une mise en scène fabriquée pour exacerber les tensions. Les milieux de Saïda confirment, pour leur part, que les balles n’ont pas été tirées à partir des bâtisses entourant le rond-point, ni à partir de la ville de Saïda. Peut-être que, ajoutent-ils, la source des tirs était extérieure à la ville et qu’on a voulu monter la tentative de toutes pièces pour des raisons électorales.

 


Manque de contrôle
Nombreux sont les députés qui se plaignent de l’absence de contrôle en matière de travaux publics, surtout en ce qui a trait aux projets routiers et d’asphaltage. Certains entrepreneurs travaillent comme bon leur semble sans aucun respect pour les normes requises. D’autres font l’impasse sur la consigne donnée par le ministre de l’Intérieur qui préconise l’exécution des travaux durant la nuit pour alléger les embouteillages et éviter de déranger les habitants. Résultat du manque de contrôle? Chaos et gaspillage. Le Premier ministre, après avoir pris connaissance des plaintes formulées à ce sujet, compte prendre les mesures nécessaires pour veiller au bon fonctionnement de l’exécution des projets. Ce dossier sera inscrit prochainement à l’ordre du jour du Conseil des ministres.

Hoff rend son tablier
Démission de l’ambassadeur américain, Frédérick Hoff, chargé de régler le conflit israélo-libanais autour du tracé des frontières maritimes. Pourquoi le diplomate, considéré comme l’un des principaux adjoints de l’envoyé spécial américain au Moyen-Orient, George Mitchell, a-t-il décidé de plier bagage, sachant qu’il était venu au Liban à plus d’une reprise? Mystère! La République libanaise avait présenté sa vision en la matière aux Nations unies, étayée par des documents et des cartes, et sollicité l’aide de la Finul pour délimiter la frontière maritime et trancher le litige, en application de la résolution 1701. Des responsables occidentaux conseillent aux Libanais de patienter et d’éviter d’agir avant l’établissement des lois et règlements régissant cette affaire. Le Liban, estiment les Américains, peut entamer la prospection gazière dans l’espace maritime non disputé.

 

 

Tout le monde temporise
Des sources responsables du 14 mars signalent que la réponse officielle de cette coalition à la vision présidentielle de la stratégie de défense et à la feuille de route concoctée par le président Michel Sleiman, sera donnée dans le cadre du prochain round du dialogue (12 novembre). Les composantes de l’opposition ont largement le temps d’annoncer leur position après des conciliabules et débats portant sur les différents aspects: constitutionnel, juridique et politique de ce dossier. Si les Forces du 14 mars préfèrent prendre leur temps, c’est parce qu’elles ne souhaitent pas affronter le chef de l’Etat à ce sujet, et aussi parce qu’elles attendent que le Hezbollah se prononce d’abord.

 

 

 

Mikati consolide sa position
Qu’est-ce qui a donné du punch au président Najib Mikati? A quoi serait dû ce regain de confiance en soi? Des sources gouvernementales estiment que ce renouveau est lié à deux raisons d’ordre interne, combinées à des indices internationaux concernant le maintien du gouvernement en place et la stabilisation du pays. D’un côté, il y a la façon provocatrice dont le Moustaqbal traite le Premier ministre, cherchant à lui faire comprendre qu’il n’a plus aucun rôle à jouer à l’avenir quoiqu’il fasse, et qu’il sera tel un cadavre politique à sa sortie du cabinet.
D’un autre côté, il y a la promesse du Hezbollah de soutenir le gouvernement en veillant au maintien de la paix civile. Ce qui réconforte le Premier ministre qui, dans ce contexte, continue à bénéficier du soutien international.

EDL: les municipalités privatisent
Certaines municipalités ont décidé de s’occuper de la distribution du courant électrique aux habitants à prix réduit, soit un prix concurrentiel par rapport à celui pratiqué par l’Etat.
Elles utilisent les poteaux de l’EDL pour y brancher le nouveau réseau qui alimente en courant les abonnés à partir d’un générateur central. Les présidents des municipalités concernés ont ainsi voulu agir après avoir réalisé que le ministère de l’Energie était incapable de remédier à ce problème récurrent même avec l’arrivée des bateaux pourvoyeurs de courant, qui fera encore flamber la facture des abonnés. Certains ministres examinent la possibilité de privatiser ce secteur en confiant la production et la perception à des sociétés privées. L’Etat se contenterait du transport du courant ce qui allègerait la facture de l’EDL qui affichera cette année 2 milliards de dollars de déficit au Trésor. Le président de l’Association des industriels, Nehmat Frem, avait proposé que la production et la distribution du courant électrique soient confiées aux industriels, sauf que le ministre de l’Energie a rejeté l’offre et confirmé sa volonté d’exécuter le plan adopté en Conseil des ministres.

 

 

Entretien Mansour-Moallem
Pour quelles raisons, le ministre des Affaires étrangères, Adnan Mansour, a-t-il rencontré son homologue syrien, Walid Mouallem, à New York, en marge des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU? La question a été posée dans les milieux de l’opposition, étonnés par l’initiative de Mansour, surtout après les positions affichées par le président Michel Sleiman concernant les violations syriennes répétitives et inexpliquées à la frontière. Au palais Bustros, on explique l’attitude du ministre Mansour par le fait que le Liban préside l’actuelle session du Conseil de la Ligue arabe et que la consultation de Mouallem s’imposait, à la lumière du traitement réservé à la crise syrienne dans les couloirs de l’Assemblée. Le ministre libanais a d’ailleurs mis au courant les responsables de la teneur de cet entretien. Des députés membres de la commission parlementaire des Affaires étrangères ont ainsi demandé au président de la commission de convoquer le ministre à une réunion d’information sur ce sujet.

 

 

Otages et renseignements
Loin des feux de la rampe, l’ambassadeur de Turquie a eu un aparté avec l’otage libéré, Awad Ibrahim, pour l’interroger sur la situation des 9 autres personnes toujours retenues par les ravisseurs. Awad a confirmé qu’ils étaient tous en bonne santé et qu’un infirmier passait régulièrement les voir. Il a aussi indiqué que le groupe avait quitté Aazaz pour une région située à un kilomètre de la frontière turque, deux heures avant le début des bombardements. Les otages n’ont pas été séparés en petits groupes, ils sont tous les neuf chez Abou Ibrahim qui les traite bien. Ils ont même le sentiment d’être ses invités.
Des milieux ministériels estiment que ces otages constituent une prise en or pour certains services de renseignements arabes et occidentaux qui tentent de leur soutirer un maximum d’informations, considérant qu’ils occupent des postes importants au sein de Hezbollah.

 

 

Mikati à la conquête de Beyrouth
Une délégation associative, représentant les notables de Beyrouth, s’est réunie avec le Premier ministre Najib Mikati. D’après des opposants au président du Conseil, celui-ci a confirmé devant la délégation, sa volonté de créer dans une première étape, une branche beyrouthine à son «Association pour la détermination et le bonheur», qui s’occupe des affaires sociales, en prélude à la mise sur pied d’autres branches à travers les régions. Ces mêmes sources ajoutent que Mikati veut consolider sa présence dans la capitale pour concurrencer Saad Hariri et le Moustaqbal sur leur terrain sociopolitique dans le but d’alléger les pressions qu’ils exercent sur lui dans son fief tripolitain. Le chef du cabinet a fait assumer au Moustaqbal la responsabilité des frustrations qui ont touché les Beyrouthins au niveau de l’accès à la fonction publique et à des services sociaux de qualité. Il aurait dit devant ses visiteurs qu’il ne souhaite pas reproduire l’expérience du président Omar Karamé qui n’a pas réussi à asseoir son leadership à Beyrouth. Le président Mikati a rappelé qu’il avait, contre l’avis de ses alliés, refusé de toucher aux hauts fonctionnaires sunnites. Ses adversaires rapportent qu’il a tenté de se débiner lorsque l’un des présents l’a interrogé sur ses relations plutôt tièdes avec l’Arabie saoudite.

Duel électoral en perspective
Réchauffement climatique sécuritaire à Tripoli en raison de querelles entre les nouveaux groupes fondamentalistes. Les instances traditionnelles, à savoir les députés du Moustaqbal, les Ikhwan et les dignitaires religieux tentent de reprendre en main l’initiative politique en jouant sur la sauvegarde de la stabilité. Des sources locales estiment que le slogan du «soutien à la révolution syrienne» qui a valu à ces groupes intégristes de gagner la sympathie populaire et les a mis à l’avant de la scène politique tripolitaine, a fini par diviser les pôles wahhabites en deux camps. Le premier, et le plus puissant, regroupe Salem Rafiï, Zakaria Masri, Raëd Helayhel, Nabil Rahim, Ali Taha, Kamal Boustany, Toufic Afiouni, Omar Ismaïl et d’autres… Le second compte dans ses rangs, le chef du «comité de la Sakina» Ahmad Ayoubi, l’Imam de la mosquée de Hamza, Zakaria Masri, et Omar Bakri Foustok qui prêche la création d’un Conseil militaire sunnite, ainsi que Bilal Dakmak, chef de l’association, Ikra’a.
D’après ces sources, les événements qui se poursuivent en Syrie ont injecté à ces groupes une dose importante de moyens financiers et logistiques provenant de donations publiques et privées en provenance des Emirats, ce qui a gonflé leur pouvoir structurel et médiatique. Ces énormes moyens financiers alimentent la division entre les deux bords, mais aussi consolident leur présence politique, militaire et électorale. Une réalité qui a enflammé la compétition entre les présidents Saad Hariri et Najib Mikati qui cherchent à séduire ces groupes en leur offrant des moyens financiers, une protection sociale et une couverture communautaire… dans la perspective du duel électoral qu’ils s’apprêtent à se livrer après le début de l’année.

Rien ne va plus à Saïda
Suite aux derniers incidents sécuritaires qui se sont déroulés à Saïda et ses alentours, le mufti Cheikh Salim Soussane s’est dit fort agacé par le comportement de certains extrémistes qui passent leurs nuits dans les mosquées de la ville. C’est ce que révèle une source islamique qui rapporte que le mufti Soussane a exhorté les imams en charge de ces mosquées de les verrouiller, la nuit, après la prière du soir. Le dignitaire aurait, dit-on, dénigré ces individus qui exploitent les lieux de culte pour mener des activités subversives qui servent leurs objectifs radicaux plutôt que l’unité nationale et musulmane. Une église avait essuyé des tirs dans le village de Bkesta à l’est de Saïda, et dans la même région, on a enregistré une tentative avortée d’enlèvement de jeunes à Majdelyoun. Tous ces incidents à caractère confessionnel ont inquiété les citoyens, dans la région de Saïda, qui s’interrogent sur l’identité des auteurs de ces actions et leurs objectifs. La source islamique a également révélé qu’une délégation d’étudiants a informé le mufti que le fléau de la drogue fait de plus en plus de ravages dans la ville. Information qui a porté le dignitaire à prendre contact avec les autorités locales pour les exhorter à remédier à la consommation et au trafic des substances illicites.

 

Réconciliation à Saadyate
Des personnes lésées par la réconciliation scellée entre adeptes du Hezbollah et du Moustaqbal appartenant à une tribu bédouine divisée en deux (les Hamadé et les Assaad), ont essayé de la saboter, comme le rapportent des proches d’un parti concerné. Un jeune homme aurait fait irruption dans la salle de réunion proférant menaces et insultes, en présence des membres de sa famille qui se sont excusés et l’ont sorti du lieu. Ceux-ci ont accusé le secrétaire général du Moustaqbal, Ahmad Hariri, d’avoir voulu entraver cette réconciliation par le biais de Walid Joumblatt et d’avoir exercé, jusqu’à la dernière minute des pressions sur le député Mohammad Hajjar pour empêcher le responsable du Moustaqbal dans la région de participer à cette réunion qui, d’après Hariri, consolide la légitimité du Hezbollah en tant que leader politique chiite qui s’active à Saadyate et dans l’Iklim el-Kharroub à majorité sunnite. Les mêmes milieux signalent que Zafer Nasser, responsable du parti progressiste, a réussi à amadouer ceux qui s’opposaient à la réconciliation, faisant preuve d’un grand sens socio-diplomatique, surtout que les rivaux sont attachés à des coutumes tribales bien enracinées. Le député Hajjar, qui a appuyé les efforts déployés par Joumblatt pour régler le conflit, aurait dû être présent à la réunion de rabibochage, mais il semble s’être absenté pour ménager les voix discordantes. Etaient présents à ces assises, des représentants du Hezbollah, du mouvement Amal, du Moustaqbal, du Parti progressiste, de la Jama’a islamya, des tribus arabes, des familles de Saadyate, ainsi que le député Elie Aoun et l’ancien ministre, Joseph Hachem.

Consensus européen pro-Hezbollah
La cheffe de la Délégation de l’Union européenne (UE) au Liban, Angelina Eichhorst, aurait informé les autorités libanaises que l’UE ne compte pas imposer de sanctions au Hezbollah, en dépit des pressions exercées dans ce sens par les Etats-Unis. Il y aurait consensus entre les membres de l’Union pour ne pas inscrire le parti de la Résistance sur la liste des organisations terroristes.

 

 

 

 

 

 

Responsabilité limitée
L’ancien ministre, Ziad Baroud, membre du comité de Bkerké pour l’élaboration de la loi électorale, prend la défense du patriarcat et assure que son rôle se limite à conseiller et à tenter d’unifier les positions des chrétiens. Les vrais responsables de la mise sur pied de la nouvelle loi électorale sont, avant tout, les différentes forces politiques, les députés et le gouvernement, conclut Baroud.

 

 

 

Exhortation miracle
Face aux divergences marquées des forces chrétiennes concernant la nouvelle loi électorale, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a suggéré au Saint-Père d’adresser une exhortation apostolique spéciale aux chrétiens du Liban. Peut-être qu’un miracle leur fera mettre de côté leurs querelles et accepter de se rassembler dans un esprit de partage et de droit.

 

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