Magazine Le Mensuel

Nº 2869 du vendredi 2 novembre 2012

Confidences Liban

Confidences Liban

Les extrémistes sont là
Après l’horrible attentat qui a coûté la vie au général Wissam el-Hassan que les membres du 14 mars considéraient comme le garant de leur sécurité, les leaders de cette coalition ont pris des mesures sécuritaires exceptionnelles. Certains parmi eux ont décidé de ne plus se déplacer sauf dans les cas d’extrême urgence, se contentant de mener leurs contacts par téléphone ou via des émissaires, d’autant que les Occidentaux leur ont conseillé la plus haute vigilance en cette période de crise syrienne aiguë et avec l’entrée récente au Liban d’éléments extrémistes. Des sources sécuritaires surveillent ces nouveaux venus de près, mais cela n’exclut pas les précautions. Certains politiques ont même loué les services de sociétés de sécurité privée.

 

 

 

Berry n’a pas encore tout dit
Selon les visiteurs de Aïn el-Tiné, le président Nabih Berry s’est attelé à l’examen des positions adoptées par les diverses composantes politiques en matière de loi électorale, et des divers projets présentés à la commission restreinte chargée d’en faire la synthèse pour produire une formule équilibrée et acceptable pour tous. Le président Berry ne compte pas renoncer à ce dossier, mais il attend que les députés expriment le fond de leur pensée avant d’intervenir et de proposer sa vision d’une loi équitable qu’aucune des parties concernées ne pourrait considérer dirigée contre elle, et qui donnerait à la tendance centriste, dont le député Joumblatt s’est fait le chantre, le rôle de balancier entre le 8 et le 14 mars.

 


Le lobbying des syndicats
Les responsables syndicalistes comptent entreprendre une série de contacts avec des personnalités politiques, celles du 14 mars en particulier, afin de trouver une issue à la crise gouvernementale et pour plaider en faveur de la reprise du dialogue. Il est impératif, selon les syndicats, que le dialogue reprenne ses droits et que tout le monde ait conscience des retombées négatives du boycottage sur l’économie et les intérêts des citoyens. Quant au processus enclenché par le cabinet pour assurer le financement de la grille des salaires, il est aujourd’hui suspendu.

Table ronde socioéconomique
Le président de l’Association des industriels, Jacques Sarraf, intensifie ses contacts avec les chefs d’entreprise, les employés, les instances économiques et tous les acteurs concernés par la chaîne de production pour tenir une table ronde socioéconomique qui se pencherait sur l’ensemble des dossiers et des problèmes qui se posent au secteur. Objectif final: établir un plan quinquennal et une feuille de route qui sauveraient ce secteur de l’instrumentalisation politique et le mettraient à l’abri des tiraillements politiques. Les ministres concernés pourraient être invités à cette table afin que leur expérience puisse servir à trouver des solutions fondamentales aux problèmes imminents dans le secteur productif. Le ministre de l’Economie, Nicolas Nahas, affirme que les contacts entrepris progressent en vue d’organiser cette table ronde au Sérail, abstraction faite du conflit politique qui s’est amplifié après l’attentat d’Achrafié.

 

 

 

Ciel dégagé entre Baabda et Rabié
Après la pluie, le beau temps. Nuages dissipés entre le Courant Patriotique Libre et le Palais de Baabda. C’est le ministre Gebran Bassil qui assure la liaison entre le président Michel Sleiman et le général Aoun et une réunion entre les deux responsables est prévue pour bientôt. Les dernières nominations administratives et judiciaires ont d’ailleurs reflété ce climat d’entente entre Baabda et Rabié. Un cadre du CPL signale que le prochain lot de nominations, qui concerne Télé-Liban, entre autres, prouvera bien que la coopération entre les deux parties est désormais bien ancrée.

 

 

 

 

 

Wissam el-Hassan: «une triple menace…»
Le général Wissam el-Hassan aurait confié à ses amis, il y a quelques mois, qu’il sentait une triple menace peser sur lui et sur le général Rifi. Une menace d’ordre moral, politique et sécuritaire… «Ils veulent nous tuer, a-t-il ajouté, et nous prenons des précautions». Il y a quelques semaines, il n’a pas démenti devant ses visiteurs que son nom figurait au top de la liste des personnalités ciblées. Il a même confié au ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, qu’il était en danger. Les derniers temps, il semblait à la fois très attaché à sa famille et inquiet pour elle. Lors de son dernier voyage en Allemagne, interrogé par ses collègues sur le danger qu’il encourt, il aurait répondu à deux reprises: «De toute façon, j’y vais». Contrairement à ses habitudes, il a beaucoup parlé en Allemagne. Il était même souriant et serein au dîner auquel il avait convié la délégation.

 

 

 

 

Elément régulateur
Les pôles du 14 mars estiment que les développements survenus au cours des dernières années, étaient favorables à l’axe syro-iranien qui joue un rôle déterminant au sein du cabinet Mikati, du fait de son succès au plan interne. Un succès qui aurait dû se traduire aussi au plan sécuritaire, mais le département de sécurité, dirigé par le général Wissam el-Hassan, étant hors de leur champ d’influence, il a créé une sorte de contrepoids à cet axe, dévoilant ses plans ou les contrecarrant. C’est ce qu’a voulu dire le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, lorsqu’il a déclaré que Hassan était un élément «régulateur» au Liban.

Mikati le globe-trotter
Pas de modifications prévues sur l’agenda du Premier ministre qui doit répondre à des invitations officielles que lui ont adressées divers gouvernements. Première destination: la Bulgarie où il doit se rendre les 4, 5 et 6 novembre à la tête d’une délégation d’hommes d’affaires pour une visite à caractère économique. Deuxième escale: la capitale parisienne, visite prévue pour le 20 novembre au cours de laquelle il rencontrera le président François Hollande. Le 24, le président Mikati sera au Vatican pour participer à la cérémonie célébrée par SS le pape Benoît XVI pour confirmer l’élévation du patriarche Béchara Raï au rang de cardinal. C’est bien la première fois que deux des cardinaux de l’Eglise catholique sont originaires du Liban.

 


Le blocage du Chouf est interdit
L’ex-ministre Wi’am Wahhab est tout à fait en accord avec le climat qui règne à Moukhtara lorsqu’il met en garde contre le blocage de la route du Chouf au niveau de Khaldé-Haret Naamé, avance son entourage. Le député Walid Joumblatt, qui avait jusque-là ignoré les agissements contrariants de ses alliés du Moustaqbal et des salafistes, à l’égard des passants qui traversaient vers le Chouf et le Sud, ne couvre plus ces gens-là, depuis que leurs mouvements «d’expression populaire» se sont transformés en ligne de démarcation confessionnelle et communautaire. Wahhab avait encore mis en garde cette semaine les «hors-la-loi qui bloquent, à leur guise, la route menant au Chouf». «Dorénavant de tels actes sont interdits, a dit l’ex-ministre, et si cela se reproduit, nous prendrons l’initiative d’ouvrir la route».
Les observateurs n’ont pas manqué de noter que le coup de gueule de Wahhab a coïncidé avec l’annonce d’une visite d’une délégation du CPL-Chouf, présidée par le coordinateur Ghassan Attallah, aux cadres du Parti progressiste dans la région, à l’occasion de la fête de l’Adha. Les deux camps auraient souligné la nécessité de garder la région en dehors des querelles qui se déroulent sur la ligne côtière.

 

Deux Malaisiens qaïdistes arrêtés
Les renseignements de l’armée ont arrêté deux citoyens malaisiens, membres de la nébuleuse al-Qaïda. Un expert des mouvements islamiques révèle que de nombreux partisans arabes d’Oussama Ben Laden ont été sensibilisés à l’idéologie salafiste fondamentaliste au cours de leurs études à l’Université islamique internationale de Kuala Lumpur. L’expert indique, par ailleurs, que des extrémistes intégristes avaient réussi, avant l’assassinat de Ben Laden au Pakistan le 2 mai 2011, à s’infiltrer dans diverses institutions islamiques internationales grâce à l’appui de certaines capitales islamiques, surtout celles qui utilisent les fondamentalistes comme instruments dans leur politique extérieure. Les renseignements de l’armée avaient appréhendé les deux Malaisiens, Rafic Mohammad Aref et Mohammad Razin Chaabane, dans un hôtel à Hamra et les avaient transférés devant le parquet militaire. Selon des informations qui se recoupent, les deux hommes s’étaient envolés pour la Turquie afin de gagner la Syrie en vue de pratiquer le jihad, mais ils sont revenus au Liban pour exécuter des actions terroristes. Ils avaient été arrêtés au Yémen en 2007. Le gouvernement malaisien a confirmé l’arrestation de deux de ses ressortissants à Beyrouth suspectés d’appartenir au mouvement al-Qaïda. Le ministre de l’Intérieur malaisien, Hichameddine Hussein, s’est dit étonné que «des Malaisiens s’allient à des groupes terroristes étrangers à la région du Sud-Est asiatique.»

 

Sans dialogue, pas de salut
L’ambassadeur d’un pays du Golfe a fait la tournée des leaders politiques du 14 mars les incitant à agir pour renverser le gouvernement Mikati, cela trois semaines avant l’assassinat du général Wissam el-Hassan, précise une source ministérielle proche de Damas. Celle-ci dément les propos véhiculés concernant le «mécontentement» de Damas du président Michel Sleiman, ajoutant que lorsque le chef de l’Etat a pris l’initiative de convoquer les protagonistes à une réunion du dialogue national, il s’était concerté auparavant avec le président Nabih Berry et d’autres alliés de la Syrie. Damas, poursuit la source, apprécie le rôle important de la présidence à préserver la paix civile et à consolider la sécurité au Liban. Un round du dialogue aura lieu le 12 novembre, affirme cette même source, et la démission du cabinet appartient au passé. Le débat autour d’un nouveau gouvernement impartial ou composé de technocrates, ou la transformation du cabinet en expéditeur des affaires courantes sera impossible en dehors de la table du dialogue. Si une certaine opposition tourne en dérision ce dialogue national en misant sur les rumeurs de détérioration des relations entre Baabda et Kassioun propagées par des diplomates occidentaux, elle devrait, signale la source, décoder le «mystère» du cabinet Mikati qui réside dans le fait que Damas et ses alliés sont respectueux du bloc centriste vu son impact populaire et le rôle régulateur qu’il joue à l’interne.

 

Atelier secret d’armes à Minié
Le Libano-Australien, Marwan Kassab, aurait emporté son secret dans la tombe, selon une source locale de son village de Minié au nord de Tripoli. L’explosion qui a eu lieu dans le petit atelier de Kassab, sur l’ancienne route côtière, n’était pas le fait du hasard. Les habitants de la bourgade savent très bien que la victime avait ouvert un atelier secret de maintenance d’armes et de canons. Il avait réussi à fabriquer des engins explosifs et des projectiles élémentaires utilisés par les combattants libanais et syriens postés à la frontière nord. D’après la source, il existe deux versions pour expliquer la mort de Kassab: la première indique qu’il était en train de monter un obus qui lui a explosé entre les mains. La deuxième veut que l’explosion ait eu lieu alors qu’il réparait une douchka de 12,7, lorsqu’un éclat l’a touché au cœur. Selon une source du Front d’action islamique proche du Hezbollah, la scène de l’explosion avait été nettoyée et les preuves modifiées avant l’arrivée des FSI. Ce Libano-Australien est, en fait, affilié au cheikh Roslan Malass président de l’association «Souboul Assalam» à l’idéologie salafiste radicale qui s’est construit une infrastructure et une logistique propres à elle pour aider les rebelles en Syrie.

Pas de couverture aux agitateurs
Le secrétaire général, Ahmad Hariri, et plusieurs cadres du Moustaqbal sont entrés en contact avec le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, pour le prévenir qu’ils n’assurent aucune couverture aux éléments perturbateurs qui sévissent à Beyrouth.

 

 

 

 

 

Attaque avortée contre le domicile du mufti
Des jeunes auraient tenté d’attaquer le domicile du mufti de la République à Tallet el-Khayat, après qu’il eut déclaré être contre le renversement du gouvernement par la force. Ses milieux indiquent que ce sont exactement les mêmes termes que le cheikh Mohammad Rachid Kabbani avait utilisés lorsque Siniora était au Sérail.

 

 

 

 

 

 

Adnan Mansour conspué
Les députés du Parti socialiste progressiste (PSP) ont mené campagne contre le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, suite à la réunion qu’il a eue avec l’ambassadeur de Syrie, Ali Abdel Karim Ali. Il aurait donné, disent-ils, l’occasion au diplomate d’étouffer les vérités devant la presse à partir de la tribune des Affaires étrangères.

 

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