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Nº 2869 du vendredi 2 novembre 2012

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Séquestré pendant quatre jours Fidaa Itani libéré par les rebelles

La séquestration pendant quatre jours du journaliste libanais Fidaa Itani par le groupe rebelle syrien, connu sous le nom de la Brigade de la tempête du Nord, à Azaz, met une fois de plus en évidence les nombreux dangers auxquels sont exposés les journalistes en Syrie.

Séquestré pendant quatre jours par les rebelles syriens, le journaliste libanais Fidaa Itani a été libéré mercredi. Il est rentré à Beyrouth via la Turquie. Ancien reporter au quotidien en langue arabe Al-Akhbar et actuellement employé par la chaîne LBCI, le journaliste était apparu sur une vidéo pour expliquer sa situation. «Je suis assigné à résidence auprès de la “Brigade de la tempête du Nord” et je vais bien», avait-il déclaré lundi.
Le groupe rebelle originaire de la région d’Azaz, dans la province d’Alep, qui a revendiqué «l’arrestation» de Itani sur sa page Facebook, a justifié cette action en invoquant les reportages filmés par le journaliste et qui seraient «non compatibles avec la révolution». Mais il précise que rien ne montre que son travail sert les intérêts de forces «hostiles à la révolution».
Une grande partie de la province d’Alep et des zones frontalières avec la Turquie échappent depuis des mois au contrôle du régime du président Bachar el-Assad. Itani est le sixième reporter, mais le premier journaliste libanais à avoir été capturé par les rebelles syriens, qui s’en étaient déjà pris à une journaliste ukrainienne, Anhar Kochneva, accusée par la rébellion d’être proche du régime. Cinq autres Syriens ont été capturés par les révolutionnaires, l’un d’eux aurait été exécuté par la mouvance proche d’al-Qaïda, Jabhat al-Nusra.
«Nous avons reçu des signes encourageants de la part d’Abou Ibrahim (le chef de la Brigade de la tempête du Nord) laissant présager une libération assez rapide de Fidaa Itani», a assuré Ayman Mhanna, directeur de SKeyes, une ONG libanaise pour la liberté de la presse et la culture.
Des informations contradictoires auraient circulé quant aux raisons qui auraient poussé Abou Ibrahim à kidnapper Itani. Ce dernier était pourtant connu pour son soutien à la révolution syrienne. «Certains rebelles auraient toutefois estimé que le journaliste aurait été en possession d’informations pouvant mettre en danger la révolution dans cette région. D’autres auraient découvert sur le tard, les positions politiques de Itani, connu pour ses sympathies pour le Hezbollah. Nous condamnons toutefois ces prises de position, le travail des journalistes devant rester indépendant et ne devant pas nécessairement être compatible avec la vision des forces en présence», explique Mhanna.
Avant Itani, de nombreux journalistes comme Ghadi Francis et Ghassan Saoud avaient été appréhendés. En mai 2011, Saoud, du quotidien Al-Akhbar, a été interpellé et battu par les forces de sécurité syrienne. Ghadi Francis, qui couvrait la révolte en Syrie pour le quotidien As-Safir, a été arrêtée à Damas par les autorités syriennes, une semaine après son arrivée en Syrie.
La disparition, fin août, de Youmna Fawaz, journaliste auprès de la télévision al-Jadid, fut toutefois entourée du plus grand mystère. En effet, selon un reportage diffusé par la chaîne, Fawaz, qui a été par la suite libérée, aurait été arrêtée par des officiers de l’armée turque après avoir été témoin d’un transfert d’armes de ces derniers aux rebelles. Hussein Mortada, un journaliste d’origine libanaise travaillant pour la chaîne iranienne en langue arabe Al-Alam TV, a été blessé cet été, alors que le journaliste Ali Chaaban, un employé de la télévision al-Jadid a été tué au Liban, près de la frontière avec la Syrie, par les tirs de l’armée syrienne.
SKeyes estime le nombre de reporters morts en Syrie à près de 15, un chiffre fortement revu à la hausse (60 personnes), si l’on inclut les citoyens-journalistes et les photographes. Cette semaine, une citoyenne journaliste de 22 ans, Fatmé Saad, serait décédée sous la torture dans un centre des services de renseignements syriens. Mais sa famille a démenti ces informations. Selon Reporters sans frontières, depuis le début des manifestations anti-régime en mars 2011, au moins 150 journalistes et citoyens-journalistes ont été emprisonnés, la plupart par les forces de sécurité syriennes.

Mona Alami


Abou Ibrahim aux mains des Kurdes?
Selon la LBCI, Fidaa Itani serait aux mains d’Abou Ibrahim, un individu originaire d’Azaz qui a fait la une des journaux en mai dernier, en enlevant 11 pèlerins libanais, dont trois ont été depuis libérés. De son côté, la chaîne de télévision al-Jadid a indiqué que le député du bloc du Courant du futur, Oqab Saqr, serait en train de négocier la libération du journaliste libanais. Des rumeurs faisant état du décès d’Abou Ibrahim, lors de l’attaque de la localité kurde de Qastal Jando, dans la province d’Alep, ont été diffusées par les agences d’information.

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