Assem Salam, un des géants du monde de l’architecture et de l’urbanisme au Liban, défenseur de la sauvegarde du patrimoine traditionnel de Beyrouth, a tiré sa révérence à l’âge de 88 ans. Il laisse ses empreintes sur le monde architectural, ainsi que sur la vie politique.
Né à Beyrouth en 1924, Assem Salam est membre d’une vieille famille politique beyrouthine. Homme de valeurs et de principes, il était en désaccord politique avec son oncle, l’ancien Premier ministre Saëb Salam. Ce dernier était plutôt dans la droite politique, alors que Assem n’a jamais quitté les rangs de la gauche, où il retrouvait ses aspirations. Il a été longtemps en conflit politique avec le président Camille Chamoun, en 1958, alors qu’il dirigeait les travaux de son palais à Saadiyat.
Durant ses années d’études, il s’était lié avec Ghassan Tuéni, le patriarche Ignace Hazim, l’évêque Ghifrail Salibi, et Henry Eddé. Mais le plus proche de ses amis reste sans aucun doute le député Walid Joumblatt, malgré la différence d’âge entre les deux hommes. Assem s’est occupé de l’architecture de la résidence de Joumblatt à Beyrouth et de la restauration du palais de Moukhtara.
Quand son grand-père, Salim Salam, décède à Istanbul, où il occupait un poste au Conseil ottoman des délégués, Assem n’avait que quatorze ans.
Né à Moussaitbé, comme la majorité des fils de la famille, et comme son frère aîné Salim, directeur de la MEA pendant des dizaines d’années, et son frère cadet Saoud, pilote à la MEA, Assem Salam a entamé ses études complémentaires au lycée Abdel Kader avant de poursuivre sa scolarité à l’International College. Il fait des études de génie en Egypte où il a vécu deux ans, avant de quitter pour la Grande-Bretagne après la Deuxième Guerre mondiale, où il a complété ses études à l’Université de Cambridge couronnées, en 1950, par un MA en architecture. Dès son retour de Londres, il participe avec Raymond Ghosn à la création du département de génie civil à l’Université américaine.
En 1954, il crée sa propre société mais il dirigeait principalement son travail à partir de sa résidence à Zkak Blatt qu’il a achetée en 1962, et qui date du XIXe siècle.
En 2001, il devient membre fondateur du Mouvement du renouveau démocratique dirigé par Nassib Lahoud. Il le quitte en 2005 pour des raisons politiques.
Marié deux fois, il épouse en troisièmes noces Vasiliki Layos, étudiante grecque en génie à l’AUB. De sa première épouse, Salafa, sa cousine, il a deux filles: Maria et Diala. De la deuxième épouse Joséphine Bécharat, Palestinienne, il a Ali et Rana.
Il gagne son combat de la présidence de l’Ordre des ingénieurs, en 1995, mais perd sa bataille contre le projet de Hariri. Pour lui, le projet Solidère est erroné des points de vue social, légal, financier et même architectural. Il présente sa candidature pour les élections municipales en 2004, mais échoue à contrer les projets de Hariri.
Homme de culture, Salam a été membre du comité du musée Sursock, président de la commission libanaise pour la sauvegarde de Venise en 1972, et vice-président des Amis du musée de l’AUB.
Il a été le premier à conduire une voiture Range Rover au Liban. Il aimait la chasse et son hobby l’a conduit au Kenya pour la chasse aux lions et aux gazelles.
Homme d’exception, Assem Salam a lutté toute sa vie pour ses convictions. A la veille de sa disparition, il reçoit un doctorat honoraire d’architecture du président de l’Université arabe de Beyrouth.
Arlette Kassas
Etudes et postes
Assem Salam est diplômé de l’Université de Cambridge. Il enseigne jusqu’en 1977 à l’Université américaine de Beyrouth et à l’Université arabe de 1964 à 1970.
Il fut membre du Conseil supérieur du Plan au sein du ministère du Plan de 1961 à 1977, membre du Conseil supérieur de l’Aménagement urbain (1964-1986), membre du Conseil du développement et de la reconstruction (1977- 1983) et membre du Comité de reconstruction du centre-ville commercial de Beyrouth (1977-1986).
Président de l’Ordre des Ingénieurs libanais de 1995 à 1999, Salam a présidé également l’Association des architectes arabes ainsi que la commission de l’extension du port de Beyrouth.
Le président de la République, Michel Sleiman, lui a décerné, à titre posthume, les insignes d’officier de l’ordre du Cèdre qui ont été posés sur son cercueil par le ministre de l’Information, Walid Daouk, représentant le chef de l’Etat.