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Nº 2871 du vendredi 16 novembre 2012

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Hadi Hobeiche, député du Akkar «Les menaces ne nous effraient pas»

Pour le député du Courant du futur, les incidents sécuritaires à Saïda sont le résultat de la force excessive que possède le Hezbollah. Du sort de la loi électorale aux relations de Saad Hariri et de Walid Joumblatt, aux menaces adressées aux députés, autant de sujets de l’actualité passés en revue avec Hadi Hobeiche.

Que pensez-vous de l’incident sécuritaire à Saïda qui a opposé les partisans du cheikh Ahmad el-Assir au Hezbollah sur fond de panneaux accrochés par le parti?
Les Libanais sont habitués à ces pratiques pourtant contraires à celles qu’ils devraient avoir. La cause en est la force du Hezbollah qui place son parti au-dessus de tous et ne respecte pas la volonté des autres, pensant qu’il lui est permis ce qui ne l’est pas aux autres. La réaction d’autodéfense des partisans de cheikh Assir était normale et il est arrivé ce qui devait arriver. Tout cela nous ramène à l’anarchie qui règne dans le pays et dont la raison principale est l’armement que possède le Hezbollah.

Le général Aoun dit que les armes illégales se trouvent à Tripoli et au Akkar et il ne parle pas du Hezbollah.
Il vaut mieux que personne n’écoute le général Aoun. Mais si nous voulons répondre à cette logique tordue, nous disons que toutes les armes que possèdent les Libanais ont pour cause principale le Hezbollah mais, évidemment aussi, la guerre libanaise et les armes individuelles qui restent entre les mains des citoyens. Mais, aujourd’hui, si quelqu’un pense acheter une arme pour se défendre, c’est à cause des armes du Hezbollah utilisées à l’intérieur du pays à chaque étape quotidienne de notre vie politique. Décidons de ramasser toutes les armes qui existent au Liban, y compris celles du Hezbollah, et nos problèmes seront résolus. Les armes laissées au Hezbollah donnent le prétexte à chaque Libanais d’en posséder pour assurer sa défense et sauvegarder sa dignité, notamment dans certaines occasions, telles que celle du 7 mai où l’Etat n’a pas pu garantir la sécurité à laquelle chaque Libanais a droit.

Le député Walid Joumblatt a déclaré que les incidents qui se succèdent de Tripoli à Saïda confirment la nécessité d’une nouvelle formule gouvernementale pour protéger le pays. Qu’en dites-vous?
Walid Joumblatt n’a jamais été contre le changement du gouvernement, mais il disait vouloir une entente préalable sur un nouveau gouvernement. Nous ne sommes pas opposés à cet avis mais nous ne pouvons pas accepter un gouvernement de trente ou de vingt ministres dans le sens où on s’entendrait sur les noms avant la démission du gouvernement actuel et la désignation d’un nouveau Premier ministre qui, selon la Constitution libanaise, doit mener des concertations pour former son équipe ministérielle. Ceux qui disent vouloir un nouveau gouvernement avant la démission de l’actuel veulent ignorer la loi et la Constitution.

Les relations entre le président Saad Hariri et le député Walid Joumblatt ont-elles repris leur cours normal?
A mon avis, ce qui unit Saad Hariri et Walid Joumblatt est beaucoup plus fort que ce qui les sépare. Même s’ils ont certaines divergences de points de vue sur les affaires internes, leurs orientations politiques sont beaucoup plus proches que ce qui peut les éloigner.

Pour le député Mohammad Raad, ceux qui pensent mettre en place une autorité opposée à la ligne de la Résistance se font des illusions…
C’est son avis et nous le respectons. Mais ils doivent eux aussi respecter l’avis des autres. Pour ma part, je lui dis qu’il existe un autre point de vue qui veut que le gouvernement doit respecter la politique de l’Etat et non celle de la Résistance. Pour le gouvernement, l’objectif ce sont les institutions.

Quelle est votre vision du futur gouvernement entre ceux qui avancent l’idée d’un gouvernement de technocrates et d’autres celle d’un gouvernement d’union nationale?
Nous sommes pour un gouvernement formé de ministres indépendants acceptés par le 8 et le 14 mars, tels que le ministre Marwan Charbel et l’ancien ministre Ziad Baroud. A condition que son président soit aussi indépendant.

Vous écartez donc la possibilité d’un retour du président Najib Mikati que vous accusez de couvrir les crimes, alors qu’il réactive l’action gouvernementale à travers les nominations et la gestion des affaires du pays.  
Ce gouvernement n’est pas capable de gérer les affaires après les crises économiques, financières et sécuritaires. Faire porter au président Mikati la responsabilité du sang versé ne signifie pas qu’il en soit lui-même l’auteur mais que ce gouvernement doit en assumer la responsabilité morale d’autant qu’il est le fruit des deux régimes syrien et iranien.

Qu’y a-t-il de nouveau à propos des menaces dont vous et le député Khaled Daher êtes la cible, ainsi que celles qui ont été adressées aux députés Ahmad Fatfat et Ammar Houri?
Le but de ces menaces est d’effrayer les hommes politiques. Or, je pense que ceux qui s’y sont essayés ont échoué. La politique et les opinions sont les mêmes. Rien n’a changé sinon les assassinats de nombre de nos grands hommes et de citoyens innocents qui ont payé de leur sang ces actes terroristes.

De quelle manière l’Etat libanais a-t-il traité ces menaces?
Le ministre de l’Intérieur et le commandant en chef de l’armée ont réagi et pris certaines mesures mais nous n’avons pas eu de résultat à ce jour concernant les auteurs des menaces. J’ai pris certaines précautions sécuritaires et je pense que chacun peut assurer sa propre protection mieux que l’Etat ne peut le faire. Les méthodes utilisées dans les attentats dépassent les capacités des services de sécurité ou du nombre d’agents de protection. Les explosions dont les politiciens sont la cible frappent nombre de citoyens et détruisent des voitures. L’ennemi agit dans la logique de la lâcheté et non dans celle de la force. Le fort vous prend de front alors que le faible se cache derrière une fenêtre ou même une poubelle pour presser le bouton lié à l’explosif.

A la lumière des menaces dont les députés du Courant du futur ont été la cible, le retour du président Saad Hariri est-il encore possible?
Cheikh Saad Hariri est tenu de rentrer du moins dans les prochains mois en vue des législatives tout en prévoyant de très grandes mesures de sécurité.

Il est question d’une nouvelle tentative du patriarche Béchara Raï de réunir les leaders maronites à Bkerké, y croyez-vous?
Je l’espère. Il est également question d’une rencontre chrétienne. Nous sommes toujours aux côtés de Sa Béatitude.

Quel est le sort de la loi électorale?
Nous sommes d’accord sur un non-retour à la loi de 1960 mais, en même temps, nous sommes supposés nous réunir pour nous entendre. Reste qu’il faut assurer la protection des députés et des politiciens qui participeront à l’élaboration de la loi électorale. Le président Farid Makari a suggéré une image, quoique caricaturale, que chaque député du 8 mars accompagne son collègue du 14 mars à la réunion assurant ainsi sa sécurité.

Que pensez-vous de la réactivation des commissions à laquelle appelle le président Berry?
Si le président Berry garantit la protection des participants, je pense que son projet est possible.

Comment avez-vous réagi au scandale des médicaments?
Je souhaite que les bureaux des importateurs impliqués soient immédiatement scellés à la cire rouge et que les coupables soient jugés surtout que le ministre Fneich a affirmé ne couvrir personne. Les mesures prises par le ministre de la Santé restent timides.

Propos recueillis par Saad Elias

 


 

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