Le nombre d’avions détournés à l’aéroport international de Beyrouth, en 1985, en avait fait un lieu à haut risque. Retour sur une triste époque où l’Etat était absent et les Libanais à la merci des milices.
Le 23 février 1985, un inspecteur de la Sûreté générale à l’AIB, Douraid Hassan, s’empare d’un avion de la compagnie nationale alors qu’il s’apprêtait à décoller. Brandissant un revolver, il intime l’ordre aux 104 passagers de quitter l’avion par les toboggans. Un des passagers est tué et treize blessés. Il menace le pilote et oblige l’avion à décoller en direction de Larnaka puis à revenir à Beyrouth. Là, il quitte l’avion, embarque à bord d’une voiture qui l’attendait et, profitant de la protection politique, il échappe à la justice.
En juin 1985, l’aéroport de Beyrouth est le théâtre de trois détournements en l’espace de quatre jours. Le 11 juin, un avion de la compagnie jordanienne, Alia, est détourné et détruit. Six pirates de l’air chiites armés avaient pris, à l’AIB, l’avion de la compagnie aérienne (ALIA) en partance vers Amman avec 74 passagers à bord. Le commando exigeait l’expulsion des Palestiniens des camps de Beyrouth. L’avion se dirige vers Larnaka et revient sur Beyrouth. Les membres du commando prennent en otages le pilote et le copilote et s’enfuient vers la banlieue-sud de Beyrouth. Mais avant de libérer les otages, ils avaient installé des explosifs à bord de l’appareil et l’avion a explosé après leur fuite.
Le lendemain, un Palestinien riposte aux demandes du commando chiite par le détournement d’un avion de la MEA qui avait atterri à Larnaka, mais l’opération ne dure que quelques heures. Le pirate de l’air se rend aux autorités. Il est rapatrié vers Amman.
Le 15 juin, un commando prend le contrôle du Boeing 727 de la TWA juste après son décollage d’Athènes vers Rome. Les 145 personnes à bord réalisent que l’avion est détourné vers l’AIB. Parmi les passagers, le chanteur Demis Roussos. Après le décollage, le commando réclame la libération d’un complice arrêté à Athènes ainsi que des prisonniers arabes à Atlit et en Israël. Un passager américain, ancien Marines, est tué.
Quelques jours plus tard, la sécurité de l’aéroport est mise en question à plus d’un niveau. Sur le plan interne, la possibilité d’installer un aéroport à l’est de la capitale, à Halat, est envisagée pour assurer la sécurité des voyageurs.
Au niveau international, une réunion des experts de la lutte antiterroriste se tient à Bonn, le 25 juillet. Les débats tournent autour de la situation à l’aéroport de Beyrouth et concluent contre son boycott. De nouvelles mesures de sécurité sont adoptées par les autorités libanaises pour parer à tout détournement futur. Seule la ligne Beyrouth-New York, assurée par la MEA, est annulée.
Le terrorisme aérien, considéré crime international, la sécurité, la sûreté de l’aviation civile et la répression du terrorisme aérien, sont l’objet d’un intérêt accru de la part de la Communauté internationale, notamment de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).
Pour faire face à cette forme de terrorisme, l’OACI et différents Etats, dont le Liban, adoptent des mesures préventives et d’autres répressives. Les mesures préventives portent sur la protection et le contrôle des passagers, de l’équipage, des bagages et des marchandises; l’installation d’un système d’inspection ou de détection manuel ou automatique et l’établissement d’un programme national de sécurité de l’aviation civile dans chaque pays.
La Convention internationale sur les mesures répressives oblige les Etats à imposer des peines sévères tels l’emprisonnement ou la réclusion criminelle à temps ou à vie, en France et en Allemagne, et la peine de mort au Liban, en Arabie saoudite ou en Belgique.
Cette période a porté préjudice à la réputation du Liban, les actes de terrorisme aérien sont restés impunis, mais de nouvelles mesures de sécurité prises par le Liban ont pu éviter le pire.
Arlette Kassas
N.B : Les informations de cet article sont tirées d’articles sur Internet et du Mémorial du Liban: mandat du président Amine Gemayel de Joseph Chami.
Statistiques de l’OACI
Les statistiques de l’OACI montrent que les actes d’intervention entre 1975 et 1995 ont atteint 703 actes, dont 312 détournements d’appareils, 185 tentatives de détournement, 194 actes de sabotage ou destruction d’avions en vol et ont fait plus de 4500 victimes dont 2283 morts et 2224 blessés.