Magazine Le Mensuel

Nº 2871 du vendredi 16 novembre 2012

Presse étrangère

Les marronniers libanais

Cette semaine, la presse étrangère revient sur les plates-bandes du moment. Les questions autour du Hezbollah, la spirale des enlèvements et le sort des réfugiés syriens font leur retour.

The Sydney Morning Herald
The Sydney Morning Herald s’intéresse à la disparition d’un Australien d’origine libanaise. Un épais mystère entoure la disparition d’un homme de 58 ans qui  effectuait un voyage de chasse avec des amis et des membres de sa famille dans les montagnes libanaises. Abdel-Majid Kanj, père de cinq enfants, a disparu alors qu’il chassait près du village de Safrine, dans la Békaa samedi dernier. En dépit des quatre jours de recherche, aucune trace de Kanj n’a été retrouvée, faisant craindre un enlèvement. Sa fille, Zahra Kanj, a expliqué qu’il était environ 16 heures quand le groupe de chasseurs s’est séparé pendant un court laps de temps. Quand ils sont revenus, ils ont découvert que Kanj avait disparu. Il portait un fusil et avait son portefeuille avec lui, mais il n’avait pas son téléphone portable. Le groupe de chasseurs a sonné l’alarme et a fouillé partout, rejoint par des centaines de personnes des villages voisins. Kanj s’était rendu au Liban à la fin du mois de septembre pour un séjour de dix semaines. C’était son premier voyage au Liban depuis le décès de son père, il y a maintenant vingt ans.

 

 

 

Jerusalem Post
Dans les colonnes du Jerusalem Post, le correspondant en Europe du journal israélien Benjamin Weinthal décrit «l’antisémitisme létale du Hezbollah».
 Il y a de nombreuses raisons qui pourraient pousser les pays européens à inscrire le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, de son soutien au régime syrien à l’attentat qui a coûté la vie à Wissam el-Hassan. D’un point de vue israélien, l’antisémitisme enraciné du Hezbollah constitue un autre argument.
Le vice-président du Hezbollah Naïm Qassem a expliqué que «l’histoire des juifs a prouvé, en plus de l’idéologie sioniste, que c’est un peuple qui porte des idées maléfiques». Nasrallah a même expliqué que «Dieu avait imprimé le blasphème dans le cœur des juifs». Les condamnations ont fusé en Europe. Nasrallah poursuit. «Si nous cherchions dans le monde entier une personne lâche, méprisable et faible dans l’esprit, l’idéologie et la religion, nous tomberions forcément sur un juif. Remarquez que je ne dis pas un Israélien».
 L’antisémitisme du Hezbollah se répand jusqu’en Europe. L’attentat suicide en juillet à Burgas, en Bulgarie, et le complot terroriste déjoué à Chypre impliquant un homme d’origine libanaise, titulaire d’un passeport suédois, en sont des exemples révélateurs.

L’Express
L’Express publie une tribune de Wassim Nasr, spécialiste du Moyen-Orient qui estime que «les rôles s’inversent entre Damas et Téhéran». Au-delà de la rhétorique et des discours enflammés, le premier bénéficiaire du retrait des troupes syriennes du Liban est le Hezbollah. Le Parti de Dieu acquit une liberté d’action qu’il n’avait pas auparavant. Avant le retrait, le Hezbollah avait besoin de Damas pour perdurer; mais une fois l’armée syrienne retirée, c’est Damas qui devint tributaire du Hezbollah pour peser au Liban. L’aura régionale qu’acquit le Parti de Dieu, suite à la «victoire» de 2006 contre Tsahal, permettra une plus grande émancipation vis-à-vis de la Syrie.
 La guerre de survie de Bachar el-Assad mène à une indéniable divergence d’intérêts avec le Hezbollah. Alors que Damas essaie d’exporter son conflit aux pays avoisinants, le Parti de Dieu n’a aucun intérêt à mettre en péril sa position de force au Liban. Son implication dans un conflit interne l’affaiblira et le privera de facto de sa capacité de nuisance vis-à-vis d’Israël, donc de sa capacité d’accomplir sa mission première aux yeux de Téhéran.
L’alliance entre Téhéran et Damas, après avoir tenu plus de trois décennies contre vents et marées, arrive à ses limites sur l’échiquier libanais.

Julien Abi Ramia

Daily Beast
Le drame des réfugiés

Les réfugiés syriens au Liban frisent la catastrophe. Extrait d’un article du Daily Beast. Les seuls objets qui soient en bon état sont deux ampoules qui éclairent une horrible chambre de 10 m2, où subsiste une famille de huit personnes. 40 autres familles vivent dans les mêmes conditions, au dernier étage d’un immeuble pas encore terminé, près du centre de Tripoli. Ils partagent deux salles de bains rudimentaires avec leurs voisins, sous un couloir en béton.
 Ici, la guerre a arrêté le temps. Elle le fait souvent dans la région. Ici, une mère allaite son fils de 17 mois, le plus jeune de ses six enfants. Elle est assise les jambes croisées sur un matelas taché sur un lit placé contre les murs en parpaings. Cette scène et cette femme, avec son hijab noir, pourraient venir de n’importe quelle décennie du siècle dernier après une guerre.

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