Le dossier de 259 employés des jeux du hasard au Casino du Liban, rattachés à la société Abella, a refait surface. Depuis le 1er novembre, un mouvement de protestation est organisé par ces employés qui demandent à être cadrés.
Le conseil d’administration du Casino considère que c’est à Abella que revient la responsabilité de régler la crise avec ses contractuels. Ceux-ci travaillent au Casino depuis 2008 et malgré les promesses, ils n’ont pas été cadrés. Par deux fois, le contrat a été renouvelé. Il arrive à terme à la fin de cette année. Mais il n’est pas toujours question de changer leur statut.
Le 6 novembre, les employés ont diffusé un communiqué précisant qu’ils ne «demandaient rien d’autre que d’être cadrés». Ils représentent, disent-ils, «un facteur névralgique du Casino du Liban». «Le P.-D.G. du Casino du Liban, Hamid Kreidé, nous avait promis que nous serions cadrés en janvier 2013, à l’expiration du contrat qui avait été renouvelé à deux reprises depuis 2008, entre l’institution et la compagnie Abella. Or, nous avons été leurrés et nous avons appris que le contrat vient d’être renouvelé pour la troisième fois sans qu’il ait été pour autant question de nous cadrer», protestent-ils.
En 1996, il avait été interdit par décret-loi au Casino de cadrer les nouveaux employés. L’institution a donc signé un contrat avec la compagnie Abella pour pourvoir aux places vacantes. En 2011, une nouvelle loi a autorisé de cadrer les employés. L’administration actuelle a procédé à l’encadrement de 359 journaliers qui travaillaient directement avec elle et avec Abella, pour un coût de 7500000 dollars. L’assemblée générale du Casino avait approuvé le 16 septembre 2011 l’arrêt des embauches, ainsi que le gel des augmentations.
Les employés du Casino ont porté leur affaire devant des responsables politiques. Ils ont affirmé que «les croupiers s’attachent à leur position, maintiennent leurs revendications et ne céderont pas avant d’être titularisés». L’affaire prend une tournure politique. Cependant que le dossier est d’ordre social et ne relève pas d’une quelconque exploitation politique.
Le 15 novembre, le conseil d’administration du Casino du Liban publie un communiqué dans lequel il s’en prend aux «rumeurs qui visent à entacher l’image de l’institution». Selon le communiqué, au cours des dernières années, l’action du Casino du Liban est passée de 360 à 580 dollars, enregistrant ainsi une hausse de 61%. Le conseil a présenté en chiffres les salaires et les bénéfices auxquels ont droit les 1551 salariés, soulignant que les coûts salariaux s’élèvent à 80 millions de dollars par an. Les employés du Casino perçoivent des salaires sur 14 mois. Ils ont également droit à un bonus annuel de 130 % de la somme des salaires pour le secteur des jeux et 70 % pour les autres services, soit en moyenne 24 mois de salaire par employé.
Les salariés ainsi que leurs familles bénéficient d’une couverture médicale à hauteur de 100 %. Des bourses scolaires plus élevées que celles de la fonction publique et du secteur privé leur sont accordées. Ils profitent, en outre, d’une police d’assurance à hauteur de 60000 dollars en cas de mort naturelle et de 90000 dollars s’il s’agit des suites d’un accident. Les salariés auraient également droit à un bonus d’ancienneté de l’ordre de 2% au terme de vingt ans de service à dix mois supplémentaires d’indemnités de fin de service. Les allocations de transport sont 175% plus élevées que celles fixées par l’Etat et tous les salariés profitent de repas gratuits durant leurs journées de travail.
Des réunions ont groupé les parties concernées. Le conseil d’administration a avancé une solution qui consiste à cadrer les employés selon leur degré d’ancienneté et par étapes. Les représentants des salariés ont exprimé leur volonté de coopérer pour trouver une solution à leur dossier.
Arlette Kassas
Les recettes
Selon le conseil d’administration du Casino du Liban, celui-ci a versé au Trésor 141 millions de dollars pour chacune des années 2010 et 2011. Quant aux recettes du Casino, elles totaliseraient trente millions de dollars en 2012.