Les chabihas ne se reposent pas
Quelques heures après son élection à la présidence du Conseil national syrien, Georges Sabra a eu la mauvaise surprise de voir débarquer dans sa maison dans la région du Rif-Damas des dizaines d’hommes armés. L’opposant, en exil depuis plusieurs mois, ne se trouvait pourtant pas sur les lieux, les membres de sa famille non plus. Ils avaient tous pris la fuite. Les chabihas du régime ont saccagé les lieux avant de s’en aller en emportant un bien maigre butin. Il n’est pas sûr cependant que ce genre de comportements puisse pousser Sabra à changer de camp.
Moqtada el-Sadr le leader chiite irakien, longtemps considéré comme un allié proche de Téhéran, voit s’ouvrir devant lui les portes des pays voisins. Ainsi, Ankara vient de lui adresser une invitation pour s’entretenir avec les plus hauts responsables du pays. Le sayyed n’a toujours pas répondu positivement ou négativement à cette invitation, mais ça l’arrangerait bien de se faire photographier dans la capitale turque au moment où son adversaire politique, le Premier ministre Nouri el-Maliki, se trouve en froid avec les responsables à Ankara.
Nouri el-Maliki le Premier ministre irakien, traverse une bien mauvaise fin d’année. En effet, chaque semaine, de nouveaux alliés politiques déclarent ne plus vouloir traiter avec lui. Dernier épisode en date, les déclarations faites par le président Jalal el-Talabani, qui le soutenait mais qui a déclaré ne plus pouvoir le couvrir. Maliki qui a chassé le gouverneur de la Banque centrale, condamné le vice-président à mort et décidé d’annuler les aides sociales avant de se rétracter, tente d’imposer le fait accompli sur la province kurde. Trop c’est trop et plus personne ne veut le voir à la tête de l’Exécutif. Les prochaines élections seront l’occasion pour ses opposants de se venger. Cerise sur le gâteau, les conseillers de Maliki sont accusés d’avoir touché des pots-de-vin lors de la signature d’accords militaires très douteux avec Moscou.
Les rebelles avancent
Contrairement aux déclarations faites pas la majorité des responsables soudanais, il semble que les forces rebelles au Darfour et dans la province du Kordofan du Sud, ont réussi au cours des dernières semaines à gagner du terrain en chassant les forces gouvernementales de la majorité des deux provinces. Celles-ci connaissent de violents affrontements depuis plusieurs années. La députée Afaf Tawer, originaire du Kordofan, a affirmé que les rebelles avaient fait mainmise sur les deux provinces, révélant que les forces gouvernementales étaient en pleine débâcle. Voilà pourquoi la parlementaire réclame le limogeage du gouverneur du Kordofan, Ahmad Haroun. Malgré ces déclarations, Khartoum refuse de s’avouer vaincu, assurant que la situation n’était pas inquiétante et que le gouverneur faisait son travail à la perfection.
En pointillé
Le leader salafiste égyptien, Morjan Salem el-Jawhari, n’est pas un inconnu. Il avait contribué, en 2001, à la destruction de l’énorme statue de Bouddha en Afghanistan sous le règne du mouvement taliban. De retour au pays, l’islamiste a appelé à la destruction des pyramides car, selon lui, les musulmans ont le devoir de détruire toutes les statues des païens. Ses déclarations ont choqué même certains milieux islamistes vu que le tourisme représente la principale source de revenus pour le pays et que les pyramides font partie de l’histoire et de l’identité même du peuple égyptien. Entre-temps, les services de police ont pris très au sérieux ces menaces et ont ordonné le renforcement de la sécurité autour des pyramides du Caire. Le Printemps arabe a vraiment réservé des surprises!
Manama menace
Le régime bahreïni n’a nullement l’intention d’engager le dialogue avec les forces de l’opposition chiite. C’est du moins ce qui ressort des dernières menaces adressées par le ministre de la Justice, le cheikh Khalid Ben Ali Al Khalifa, cousin du roi. Celui-ci a déclaré que l’opposition allait payer très cher son refus d’engager un dialogue avec le gouvernement. Selon le ministre, les opposants soutenus par l’Iran représentent une menace non seulement pour Bahreïn mais aussi pour tous les pays du Golfe. «Le principe de wilayat el-Fakih est très dangereux et menace la sécurité et le bien-être de toute notre région». Or l’îlot du Golfe est à majorité chiite et la famille au pouvoir se trouve, de jour en jour, encore plus isolée par la majorité chiite qui veut se débarrasser du roi et de sa famille. L’année 2013 s’annonce très chaude à Bahreïn.
Pas facile d’être journaliste!
Le sultanat d’Oman, qui a connu des troubles sociaux dans le sillage du Printemps arabe, semble avoir retrouvé la stabilité. Il ne faut pas, cependant, se fier aux apparences puisque les violences qui opposent les éléments pros aux anti-régimes ont lieu tard la nuit, loin de la surveillance de la police. Mais cette fois, ce sont les proches du gouvernement qui ont été visés par les opposants. Ainsi, la voiture du journaliste à la télévision d’Etat, Amer Flit, a été incendiée devant sa résidence. Les assaillants avaient laissé une inscription sur le mur: «Mort aux agents de l’Etat. Laisse Qabous te sortir de ce pétrin!» Le crime du photographe est d’avoir couvert la dernière visite du sultan dans la province de Sahar, qui avait été le théâtre des incidents les plus violents.
Laissez-nous rêver
La chaîne satellite égyptienne Dream a disparu après la décision du gouvernement de Hicham Kandil de la priver d’antenne. Si la décision gouvernementale est justifiée par des considérations techniques, les experts au Caire notent que les islamistes au pouvoir éliminent une à une les chaînes qui critiquent le président Mohammad Morsi et l’organisation des Frères musulmans. Ces mêmes observateurs notent que les positions anti-Ikhwans de la présentatrice vedette de la chaîne, Jihane Mansour, seraient la cause principale de ce scénario qui avait déjà été appliqué contre une autre chaîne de l’opposition Al-Fareein. Les journalistes égyptiens s’inquiètent de ces pratiques qui rappellent celles du régime de Hosni Moubarak, le leader des Frères musulmans, le très turbulent, Issam el-Aryan, ayant menacé les deux chaînes de fermeture si elles ne sont pas correctes!
Les jeunes filles violentées
Les organisations internationales des droits de l’homme sont mobilisées contre le gouvernement marocain. Celui-ci n’ayant toujours rien fait pour mettre fin à des pratiques moyenâgeuses selon lesquelles les jeunes filles de moins de 15 ans étaient séquestrées, voir violentées. Il existe, en effet, une ancienne pratique dans le royaume, celle d’employer des jeunes filles comme femmes de ménage. Elles doivent travailler de longues heures en échange de salaires presque insignifiants. Ces organisations ont noté que, dès l’âge de huit ans, les filles qui viennent de milieux ruraux sont forcées de travailler, ajoutant qu’un grand nombre d’entre elles étaient contraintes à des pratiques sexuelles, même avant l’âge de la puberté. En réponse, le gouvernement de l’islamiste Abdelilah Benkirane n’a rien eu à dire, estimant peut-être que le problème n’était pas vraiment urgent!
Après Ankara, Téhéran
Les responsables somaliens n’arrivent pas à comprendre l’intérêt soudain qui leur est accordé par deux grands pays musulmans, la Turquie et l’Iran. A la suite de l’accueil, en grande pompe, du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan arrivé à Mogadiscio pour une visite durant laquelle il avait annoncé l’ouverture d’une ambassade en Somalie, la République islamique d’Iran a décidé de lui emboîter le pas, très prochainement. Le ministre des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, de passage à Mogadiscio, a assuré que pour son pays, la Somalie représentait une priorité. Il a ajouté qu’une grande clinique médicale sera ouverte pour traiter les Somaliens qui manquent de tout et qui, surtout, n’ont pas un seul hôpital à travers le pays. Réponse du berger à la bergère, Ankara a décidé de financer la reconstruction du Parlement somalien détruit par les guerres fratricides. Reste à espérer que cet acharnement et cette course entre Téhéran et Ankara servent le peuple somalien meurtri.
8 millions de dollars est le coût de l’opération de surveillance imposée au Royaume-Uni contre le cheikh salafiste jordanien Abou Katada, récemment libéré de prison après huit années passées derrière les barreaux. Londres, qui voulait le renvoyer dans son pays d’origine, s’en est vu empêché par une décision de la Cour européenne des droits de l’homme, qui craint de le voir torturé au royaume hachémite, les services de sécurité jordaniens n’étant pas réputés pour leur respect des droits de l’homme. Scotland Yard est obligé de surveiller 24 heures sur 24 ce personnage encombrant qui avait été détenu à cause des liens étroits qu’il entretient avec des organisations proches d’al-Qaïda. Soixante policiers seront donc en charge de le suivre à longueur de journée, d’où le coût élevé de cette opération. Les responsables jordaniens, quant à eux, n’ont même pas présenté une demande d’extradition, préférant garder ce personnage gênant loin du royaume.
200 millions de dollars vont être payés d’urgence aux derniers survivants de la Shoah par les autorités allemandes, à titre de dommages et intérêts. Ce sera le dernier versement du genre puisque depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et la création de l’Etat d’Israël en 1948, Berlin a dû verser des sommes colossales à Tel-Aviv et à des centaines de milliers de survivants. Cette dernière décision a été prise après d’énormes pressions car, depuis 2007, l’Allemagne refuse de négocier de nouveaux accords et considère que les milliards de dollars versés étaient amplement suffisants. Mais c’était sans compter sur le lobby juif qui a tout fait pour forcer la chancelière Angela Merkel à céder sur ce point. Athènes devrait suivre l’exemple puisqu’elle n’a toujours pas réussi à faire fléchir la chancelière sur le plan de sauvetage!