Banques
400 millions de dollars de pertes en Syrie
L’opinion publique s’attendait à un chiffre beaucoup plus impressionnant des pertes du secteur bancaire libanais opérant en Syrie dans le cadre du plan d’expansion pour diversifier les risques. Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, a avancé le chiffre de 400 millions de dollars de pertes pour cette catégorie d’établissements de crédit.
Bank Audi, la première banque libanaise à avoir réduit son activité dès le premier jour de l’éclatement des troubles en Syrie, en s’abstenant d’accepter de nouveaux dépôts bancaires et de consentir de nouveaux crédits aux agents du secteur privé, a annoncé son intention de se retirer complètement du marché syrien. Bank Audi lorgne vers la Turquie, où elle a déjà ouvert une branche et peaufine un ambitieux plan d’expansion dans ce pays. Byblos Bank a programmé une tournée d’exploration du terrain en Libye, alors que Blom Bank reste discrète sur ses nouveaux projets d’expansion tout en assurant qu’elle en a certainement.
Mais après les contrecoups inattendus du secteur bancaire libanais en Syrie, la prudence est désormais de mise en ce qui concerne le choix géographique des nouvelles implantations libanaises. Ceci dit, Creditbank, considéré comme un établissement relativement de petite taille, avait parié sur le potentiel du marché arménien et s’en est sorti renforcé, d’autant que la moyenne du taux de croissance dans ce pays a été d’au moins 10% au cours des dernières années.
Selon Business Monitor International (BMI), les réserves en devises de l’Etat syrien ne totalisent plus que 9,2 milliards de dollars à fin 2012, soit l’équivalent de six mois de couverture des importations. La même source anticipe un recul graduel du total des réserves, avec une baisse constante des exportations.
Parallèlement, le patron de la BDL souhaite tirer vers le haut l’activité bancaire «en ouvrant prudemment les vannes du crédit à la consommation». D’autant que le nombre des chèques retournés (sans provisions) s’est élevé fin octobre 2012 à 233597 chèques, d’une valeur de 1916 milliards de livres, contre 218026 chèques sur la même période de 2011, d’une valeur de 1811 milliards de livres. Le nombre de chèques retournés en monnaie nationale au cours de la période citée a progressé de 7,14%, alors qu’en termes de valeur, leur montant a enregistré une hausse de 5,83%.
Dans le même contexte, il faut souligner que l’exemption des banques de leurs réserves obligatoires auprès de la BDL dans une proportion égale aux parts d’avances consenties au secteur privé, et dont les taux d’intérêt sont subventionnés par la BDL, ont été déjà épuisées. Ces réserves représentent près de 12 milliards de dollars, soit 20 à 25% des dépôts bancaires en livres. Elles sont déposées auprès de la Banque centrale à un taux d’intérêt nul. Cependant, la BDL n’a approuvé l’utilisation que de 90% de ces réserves. L’institution monétaire avait souhaité à travers cette circulaire encourager les banques à octroyer des créances aux agents privés.
Toutefois, les banques continuent de marquer une préférence pour l’investissement dans les titres souverains libanais, malgré les aléas du moment.
LILIANE MOKBEL