Le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, a appelé aux élections des membres du Conseil chérié islamique à la fin de ce mois. Ces élections sont remises depuis avril dernier, à la demande du Premier ministre Najib Mikati qui avait voulu éviter des dissensions inter-sunnites.
Le mufti Mohammad Rachid Kabbani a surpris par la convocation des élections au Conseil chérié ceux qui demandaient un nouvel ajournement de ce scrutin car il n’y avait pas encore d’accord entre les principaux concernés. Les différends qui opposent le Courant du futur au mufti ne sont plus un secret, mais le mandat du Conseil s’achève à la fin de cette année et, pour le dignitaire religieux, les élections ne peuvent plus être reportées.
En avril dernier, le mufti Kabbani avait appelé à ces élections, mais en réponse à la suggestion du Premier ministre Najib Mikati, il fut décidé de les organiser deux mois plus tard et de procéder à la formation d’un comité légal pour réviser les amendements à apporter au décret législatif N°18 portant sur l’organisation des institutions chargées des affaires religieuses des musulmans. Ce comité a été formé de huit membres dont des anciens ministres. Le mufti avait alors nommé la moitié des membres, et l’ancien Premier ministre Fouad Siniora l’autre moitié.
Mais le comité n’était pas parvenu à une entente sur les amendements que le mufti n’avait pas agréés. Il avait jugé qu’ils visaient à réduire les compétences du mufti et son pouvoir sur les institutions, surtout celles concernant les wakfs dans les régions.
Le mufti, en fonction de ses compétences, a appelé à des élections du Conseil à la date limite de son troisième mandat, soit le 30 de ce mois. Il n’y avait aucune raison, selon lui, de les retarder encore. Mais pour les opposants, les circonstances actuelles ne favorisent pas ces élections qui menacent l’unité du conseil, tant qu’un accord n’a pas été conclu.
Le mufti a affirmé à plusieurs reprises qu’il ne reviendrait pas sur sa décision, tout à fait légale, et qu’il était normal de procéder à ces élections en leur temps. Mais que se passera-t-il en l’absence d’un quorum? Selon le règlement interne, faute de quorum des deux tiers des votants de toutes les régions, une autre session électorale aura lieu deux heures plus tard. Si le quorum fait encore défaut, le mufti appellera à une autre session le plus tôt possible.
Au vu de l’insistance du mufti et du refus de certains de procéder à des élections dans les circonstances actuelles, des contacts ont été entrepris, surtout par le vice-président du Conseil actuel, l’ancien ministre Omar Meskaoui. Ils englobent le mufti, le Premier ministre Mikati et les personnalités concernées pour paver le terrain à des élections qui ne constituent de défi pour personne, surtout que les rapports entre le mufti et le Courant du futur sont au plus tendus depuis la chute du gouvernement de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, et les positions politiques du mufti en désaccord avec celles du Courant du futur. Ce dernier détient le dossier financier de Dar el-Fatwa et du mufti qui avait suscité une large polémique il y a quelques mois. Il compte une large majorité dans le Conseil chérié actuel qui dépasse 60%, et risque de la perdre au cas où les élections se déroulent à la fin de ce mois dans les circonstances actuelles, d’autant qu’il faudrait prendre en considération le rôle et le poids du Premier ministre Mikati dans ces élections.
Le mandat du mufti Kabbani prend fin dans un an et le mandat du Conseil chérié islamique, élu en 2005, a été renouvelé trois fois, fin 2009, fin 2010 et fin 2011. Le sera-t-il de nouveau cette année faute d’accord?
Arlette Kassas
Les candidatures
La porte est ouverte actuellement aux candidatures et se fermera le 15 décembre. Plusieurs personnalités ont manifesté leur volonté de se porter candidats. Entre-temps, les responsables de Dar el-Fatwa ont distribué les listes électorales. Cependant ceux qui protestent soulignent que ces listes auraient dû être distribuées au début de l’année selon le décret N°18.