Magazine Le Mensuel

Nº 2877 du vendredi 28 décembre 2012

Culture

The Artist. Le muet contemporain

Il aura fait parler de lui, The artist, ce film muet, en noir et blanc, du XXIe siècle. Sacré meilleur film, il a permis notamment la consécration de son réalisateur Michel Hazanavicius, de son acteur principal Jean Dujardin. Retour sur ce pari audacieux.  

Film français, résultat d’une coopération franco-américaine, le succès de The Artist a franchi les frontières de l’Hexagone. Il s’est distingué dans les grands festivals de par le monde et lors de la remise des prix internationaux de cinéma: Golden Globes, Bafta, Goya, Césars, Oscars… Il aura remporté plus de cent récompenses, depuis la date de sa sortie l’année dernière et sa sélection au Festival de Cannes 2011. C’est que The artist n’est pas un long métrage ordinaire, ou conçu comme tel. Il s’agit d’un film muet, en noir et blanc, du XXIe siècle. Un véritable OVNI bizarre parachuté au sein d’une production cinématographique tablant sur les astuces technologiques, le recours à la 3D et aux effets spéciaux… C’était un pari audacieux. Ce fut un pari réussi.
Rappelez-vous, The artist est l’histoire d’une vedette du cinéma muet George Valentin, interprété par Jean Dujardin. Au sommet de sa gloire, il rencontre Peppy Miller (Bérénice Bejo), une jeune figurante, qu’il prend sous son aile. Mais quand les films parlants font leur apparition, chacun des deux aura une trajectoire différente: pour lui c’est le déclin, le plongeon dans la pauvreté, la déprime. Pour elle, c’est le succès, la gloire. Elle est vedette. Il n’est plus rien du tout. Mais les premiers regards ne s’oublient jamais…
Dès sa sortie, la critique était presque unanime, saluant un chef-d’œuvre du 7e art. Michel Hazanavicius, connu pour sa réalisation de la série des OSS 117 avec Jean Dujardin, s’est inspiré des films muets de Murnau, Frank Borzage, King Vidor, Fritz Lang et de Charlie Chaplin dans une moindre mesure. Tout au long du film, comme un rappel de la présence de l’orchestre qui à l’époque jouait en direct lors de la projection, retentit majestueuse et imposante, la musique composée par Ludovic Bource. Jean Dujardin, quant à lui, s’est glissé à merveille dans la peau de son personnage, tellement expressif dans son visage, son regard, ses mimiques. Tout comme la délicieuse Bérénice Bejo. Quant au reste du casting, essentiellement américain, il est tout aussi impeccable: John Goodman, James Cromwell et une participation fugace de Malcolm McDowell entre autres.
Produit par Thomas Langman, The Artist est sorti favori des plus grandes célébrations du cinéma. Lors de la 69e cérémonie des Golden Globes, il a remporté trois trophées, dont celle du meilleur acteur, meilleure comédie et meilleure musique originale. Quelques jours plus tard, c’est une nouvelle consécration, tout aussi retentissante. The Artist domine la cérémonie des Césars et remporte six statuettes: celles du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice, meilleure musique, meilleure photographie et meilleurs décors.
Le film est bien parti pour les Oscars, très bien parti avec ses dix nominations, du jamais vu pour un film français. Nommé dans les catégories des meilleurs film, réalisateur, acteur, actrice dans un second rôle, scénario original, direction artistique, costumes, photographie, montage, musique de film, il rafle cinq Oscars, dont trois des plus importants: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure musique et meilleurs costumes. Il a marqué plusieurs premières lors de la 84e cérémonie des Oscars: il est le deuxième film dont la production n’est pas essentiellement anglo-saxonne à remporter la statuette du meilleur film, après The Last Emperor de Bernardo Bertolucci, une production franco-sino-italo-britannique. Ce qui le classe également comme le deuxième film muet, après Les Ailes en 1929, à se voir distingué par ce prix. Il a en outre permis à Jean Dujardin d’entrer dans l’Histoire du cinéma comme le premier comédien français à gagner l’Oscar du meilleur acteur.

Nayla Rached
 

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