Magazine Le Mensuel

Nº 2879 du vendredi 11 janvier 2013

Presse étrangère

Les nombreux défis du Liban

Cette semaine, la presse internationale continue d’énumérer les dossiers qui feront sans doute l’actualité du pays dans les semaines et les mois à venir. Le tableau n’est guère reluisant.

La Croix
En ce début d’année, La Croix énumère «les grands défis des patriarches d’Orient».
«Confrontés à l’instabilité régionale, aux conflits et aux révoltes, les primats des différentes Eglises chrétiennes orientales ont la tâche délicate de redonner espoir à des communautés tentées par l’exil ou le repli».
Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, est en tête de cette liste. Le quotidien rappelle «ses craintes pour l’avenir des chrétiens en cas de chute du régime Assad, provoquant l’incompréhension des médias occidentaux. Un malentendu qui souligne l’épineuse posture des chrétiens dans un monde arabe en pleine ébullition». Pour évoquer les défis du pape copte Tawadros II, le journal explique que «si la Constitution, ratifiée le 26 décembre par le président Mohammad Morsi, maintient la liberté religieuse et l’égalité des citoyens, de nombreux Coptes perçoivent la percée des Frères musulmans comme une menace pour leur avenir».
L’élection rapide de Jean X Yazigi, patriarche grec-orthodoxe, est perçue comme «une urgence dictée par la situation chaotique en Syrie». La Croix s’intéresse également au sort des Chaldéens, dont le patriarche Emmanuel III Delly, a présenté sa démission juste avant Noël. Parfois critiqué pour sa proximité avec le régime de Damas, le patriarche melkite Grégoire III Laham n’a de cesse d’appeler les Syriens à la réconciliation, au dialogue.
L’article parle également du «patriarche syrien-catholique, Ignace Youssef III Younan, à la tête d’une communauté éprouvée», des problèmes de santé d’Antonios Naguib, patriarche de l’Eglise Copte-catholique, du siège vacant du patriarche arménien de Jérusalem, après la mort de Torkom II Manougian et du patriarche latin de Jérusalem Fouad Twal.

Courrier International
Courrier International reprend une tribune de Ziad Majed sobrement intitulé Le Hezbollah n’est plus ce qu’il était. Extraits.
Le Hezbollah est confronté à un problème d’importance depuis le début des révolutions arabes. Cela dépasse la perte du maillon syrien qui lui permettait de s’approvisionner (par voie terrestre) auprès de l’Iran, son principal fournisseur d’armes et bailleur de fonds. Cela dépasse également le fait que les divisions de la société libanaise l’empêchent d’étendre son influence au-delà de la communauté chiite et le réduisent à n’être que le parti majoritaire de cette communauté.
 La véritable source du problème est que son influence revient à son niveau «naturel». Le Hezbollah avait fini par croire que la bulle médiatique dont il faisait l’objet correspondait à sa réalité. Alors que les Arabes, à travers les révolutions, ont réinvesti la politique, renoué avec les priorités et redécouvert la complexité des choix à faire, le Hezbollah a réagi maladroitement (naïvement) aux révolutions.
Ainsi, le Hezbollah est revenu au cours des deux dernières années à la dure réalité: il est un acteur dont l’action s’inscrit dans un des plus petits pays de la région. Sa prétention à être le tuteur des peuples arabes paraît ridicule quand on se rappelle que son public libanais est moins nombreux que les habitants de la ville de Homs, en Syrie; que les manifestants de la place Tahrir, en Egypte; ou que les travailleurs que peuvent mobiliser les syndicats tunisiens.
Ses missiles de fabrication iranienne ne suffisent pas à redresser la situation, ni ses dénonciations de complots, ni ses rodomontades contre Israël. Ceux qui ont repris en main la vie politique dans leur propre pays ne sont plus sensibles à une politique par procuration de la Palestine. Cette dernière est devenue «une cause en soi», et l’évoquer dans le seul but d’imposer le silence et de justifier les massacres ne permet plus de faire taire ceux qui ont soif de liberté.

 

Maariv
Les efforts déployés récemment par les Israéliens en vue de pousser les pays européens à placer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes «ont échoué», a annoncé le quotidien israélien Maariv.
Cet échec s’explique par la position de la France qui s’oppose à une telle initiative, précise l’article en question. Le quotidien souligne que l’objection française est venue s’ajouter à la décision prise par le gouvernement bulgare de reporter la publication des résultats relatifs à l’explosion qui avait visé un bus de tourisme israélien à Burgas, en Bulgarie, au mois de juillet dernier. Le report a été motivé par le fait que l’enquête n’est pas parvenue à des preuves pouvant incriminer le Hezbollah dans cette opération.
Maariv, qui cite des sources israéliennes, souligne que Jérusalem a déployé des efforts particuliers, ces dernières semaines, afin d’inciter les Européens à se dépêcher de placer le parti chiite sur la liste noire, tablant ainsi sur la dégradation de la situation en Syrie et dans le but d’affaiblir le Hezbollah au Liban.«Alors que les Etats-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne soutiennent la requête israélienne, la France, elle, s’y oppose fermement», écrit le journal qui ajoute qu’à défaut d’unanimité, l’Union européenne n’est pas parvenue à une décision en ce sens.
 Paris craint en effet «toute décision visant le Hezbollah, qui risque de déstabiliser un pays assez fragilisé au départ, et, surtout, de porter atteinte aux intérêts des acteurs modérés» sur la scène libanaise, ajoute le quotidien. La France va même plus loin en préconisant un dialogue avec le Hezbollah, «un mouvement politique important qui continue d’avoir une influence majeure au sein de plusieurs institutions de l’Etat».

 

The National
Dans les colonnes du quotidien émirati anglophone The National, Michael Karam est catégorique: «Si le Liban est assis sur une mine d’or, personne n’est capable de le faire fructifier».
 Nos dirigeants ne peuvent s’en sortir sans aborder ou résoudre les problèmes économiques. De subtiles réactions culturelles, affectives ou religieuses peuvent être lancées afin de diriger un débat dans une direction précise et les infractions criminelles peuvent être aplanies par des accords secrets.
Il est bon de rappeler que c’est ainsi que les choses se passent au Liban. Et il est aussi bon de rappeler que le gouvernement cherche à redorer son blason en initiant un processus qui devrait voir une cinquantaine de compagnies pétrolières étrangères se bousculer pour obtenir une bonne partie des 3000 milliards de mètres cubes de gaz naturel qui gisent dans les fonds marins au large des côtes du Liban-Sud.
Cette ressource naturelle pourrait générer n’importe où entre 300 et 600 milliards de dollars. Il s’agit sûrement là de la plus grande opportunité économique dans la courte histoire du pays.
 Mais les accusations de l’opposition contre le ministre de l’Energie, Gebran Bassil, pourraient bien la gâcher. On pourrait soutenir que les réserves pétrolières et de gaz naturel sont, de par leur nature même, des potentiels modificateurs de destin, mais le Liban est un pays où ce sont les personnalités qui définissent l’avenir.
Et comme le pays entre dans une nouvelle ère, il a besoin de quelqu’un pour prendre les rênes et réécrire les règles.

Julien Abi Ramia
 

New York Times
Les vertus de la marijuana
C’est un curieux papier qui a été publié cette semaine dans les pages santé du New York Times. Alors que le Liban continue de négliger le potentiel de la reconversion de la culture du cannabis en un projet rentable qui pourrait améliorer les conditions de vie des agriculteurs de la région de la Békaa, beaucoup de fermes en Israël défient l’illégalité de la marijuana en la testant et en promouvant ses avantages médicaux.
 Dans les collines de Galilée, au nord d’Israël, se trouve une ferme, agréée par le gouvernement israélien, qui étudie les propriétés médicales d’une des variétés de marijuana les plus dures. Cette souche aurait en effet des propriétés psychoactives à faire pâlir les médicaments anti-inflammatoires disponibles en pharmacie.

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