Ils sont anciens combattants, militaires toujours actifs ou membres du corps diplomatique. Ce qu’ont en commun tous ces Arabo-Américains, et surtout ces Libanais d’origine, c’est qu’une exposition leur est consacrée afin de leur rendre hommage.
L’exposition, Les patriotes et les faiseurs de paix: les Arabo-Américains au service de notre nation, se tient à l’Université de Californie, Irvine. Quatre ans de recherches et des centaines d’entrevues ont été menés à travers le pays. Le but étant de démontrer à quel point la contribution de ces militaires et ces diplomates à la vie publique américaine a été déterminante. Depuis des décennies, les Arabo-Américains se battent et meurent en servant leur pays d’adoption. Le premier est le soldat Nathan Badeen, un immigrant syrien décédé dans la guerre d’Indépendance en 1776. Par la suite, durant la Première Guerre mondiale, un peu moins de 14000 militaires, à majorité d’origine syrienne, ont combattu dans les rangs américains. Lors de la Seconde Guerre mondiale, plus de 15000 Américains d’origine arabe ont servi leur patrie. Aujourd’hui, plus de 3500 Américains d’origine arabe font partie de l’armée américaine. Des infirmières aussi ont contribué à leur façon au succès des opérations. Comme Emily Hajar, originaire de West Roxbury situé au Massachusetts. Elle a tenu à devenir bénévole auprès du service d’urgence de la Marine. Dans les années 40, on jugeait pourtant assez audacieux pour une femme de se joindre à la Marine. Aussi, des années plus tard, lorsque le président John Kennedy crée The Peace Corps, censé promouvoir la paix mondiale et l’entente entre les diverses communautés, ce sont les Américains d’origine libanaise qui ont servi auprès de cet organisme, peu de temps après sa création. Donna Shalala s’est par exemple rendue en émissaire en Iran, en 1962. Quant à Ruth Skaff, elle a servi au Maroc en tant que professeure et directrice des soins de santé dans les années 70. Antoinette Bayda, pour sa part, a travaillé pour Peace Corps, en Bulgarie, entre 2007 et 2009. Outre ces missions, des Américano-Libanais ont servi dans le domaine diplomatique et auprès du Département d’Etat américain et ce, depuis la Seconde Guerre mondiale. Ces trois dernières décennies, ils sont de plus en plus nombreux à faire leurs preuves en tant qu’ambassadeurs, fonctionnaires consulaires et culturels. A l’instar de George Mitchell, qui a joué un rôle important dans la négociation de paix en Irlande dans les années 90. Quant à Isa Khalil Sabbagh, il a été l’un des principaux conseillers sur les questions liées au Moyen-Orient. Edward Gabriel, ambassadeur américain au Maroc, a lancé une nouvelle relation stratégique censée renforcer les liens politiques, militaires et économiques entre Washington et Casablanca. Les femmes ne sont pas en reste. Marcelle Wahba a été le premier ambassadeur à se rendre dans les pays du Golfe. Susan Ziadeh a été récemment nommée ambassadeur auprès du Qatar. Elle était auparavant le porte-parole officiel de l’ambassade américaine à Bagdad et chef de mission adjoint à l’ambassade de Bahreïn. Ses autres affectations à l’étranger comprennent Riyad, Koweït, Amman et Jérusalem.
Preuve de patriotisme
Outre ces diplomates qui ont donc eu un impact significatif, plusieurs généraux ont une carrière exemplaire. Comme George Alfred Joulwan qui a réalisé, entre 1962 et 1990, plusieurs opérations réussies dans les Balkans, en Afrique et au Moyen-Orient. Joulwan a créé, par ailleurs, la toute première stratégie américaine d’engagement militaire en Afrique et a dirigé un programme de partenariat reliant des pays non membres de l’Otan à l’Etat américain. Autre général, John Abizaid, qui a conduit récemment les opérations en Afrique, au Moyen-Orient Sud et en Asie centrale.
Cette exposition démontre le travail sur le terrain de toutes ces personnes et lève le voile sur leur engagement. «Le nombre relativement élevé et l’histoire de ces militaires et diplomates prouvent à quel point ils sont attachés à l’Amérique», notent les organisateurs de cette exposition. Ils ajoutent que, depuis le 11 septembre, la communauté arabo-américaine est tellement perçue avec suspicion qu’il était nécessaire de présenter une preuve solide de son patriotisme.
Pauline Mouhanna, Illinois
L’exposition se poursuit jusqu’au 26 janvier 2013, à l’Université de Californie, Irvine.