Les taliban à Doha
Le régime qatari maintient des liens étroits avec les Etats-Unis, ce qui ne signifie en aucun cas que l’émir Hamad Ben Khalifa Al Thani a rompu les ponts avec les mouvements islamistes radicaux. Le mouvement afghan des taliban vient en effet d’ouvrir un bureau à Doha. Il s’agit d’une première car aucune capitale arabe n’est prête à traiter directement avec le mouvement extrémiste allié d’al-Qaïda. Le Qatar, qui héberge l’une des plus grandes bases militaires américaines au monde, a ainsi réussi l’impossible: tendre une main à l’Oncle Sam et une autre au Mollah Omar! L’émir Hamad ne cessera jamais de surprendre.
Saïd Jdad activiste des droits de l’homme au sultanat d’Oman, est détenu depuis des semaines par les autorités de Mascate. Son crime, avoir osé critiquer le gouvernement en place sur les réseaux sociaux. Le militant, qui n’avait pas hésité à soutenir publiquement la révolte populaire de 2011, se trouve pris dans les griffes du régime qui ne rate pas une occasion de l’humilier. Connu pour être un islamiste modéré, Jdad apporte un soutien sans faille aux femmes de son pays. Il demande qu’elles puissent tenir librement leur rôle dans une société toujours très conservatrice.
Walid el-Kurdi marié à la tante du roi Abdallah II de Jordanie, a réussi à amasser, au cours des dix dernières années, des millions de dollars grâce à son poste de directeur de l’agence gouvernementale de phosphate. Quand le scandale a éclaté, Kurdi a choisi le chemin de l’exil pour éviter toute poursuite judiciaire. Il a trouvé refuge à Londres, dans l’une de ses résidences luxueuses. Cet épisode avait embarrassé le monarque, confronté à une grogne populaire sans précédent, alors qu’il avait lancé à grand fracas une campagne zéro tolérance contre la corruption. C’est ce qui explique le feu vert qu’il a accordé aux tribunaux pour condamner son ancien mentor, devenu un hors-la-loi.
Les laïcs dehors!
Le régime islamiste du président soudanais Omar Hassan el-Bachir n’a jamais caché son mépris pour les forces laïques. Mais suite aux accords signés entre les principaux partis d’opposition à Khartoum avec les mouvements rebelles du Darfour et du Sud-Kordofan, le régime autoritaire a haussé le ton. Selon les proches du général Bachir, les politiciens qui ont signé l’accord appelant à la création d’un Etat laïque au Soudan devraient plier bagage et trouver refuge dans un autre pays. Hajj Adam Youssef, vice-président de la République, a déclaré: «On ne tolèrera jamais la création d’un Etat hérétique laïque. Ceux qui ont abandonné Dieu n’ont qu’à aller vivre ailleurs». La tolérance n’est pas d’actualité à Khartoum…
En pointillé…
Depuis le renversement du régime de Hosni Moubarak, Doha maintient des relations privilégiées avec les nouvelles autorités en place et l’émir Hamad Ben Khalifa Al Thani apporte un soutien sans faille au président islamiste Mohammad Morsi. Les relations politiques entre les deux pays sont au beau fixe mais il semble aussi que les deux régimes maintiennent une coopération sécuritaire très étroite. Au cours des derniers mois, le chef des services de renseignements qatari, Hamad Bin Nasser Bin Jassem, a effectué trois visites secrètes au Caire où, selon des observateurs, il a rencontré le guide spirituel des Frères musulmans Mohammad Badih. Le vrai but de ces voyages n’a cependant toujours pas été élucidé, ce qui inquiète les partis d’opposition au Pays des Pharaons qui voient d’un mauvais œil ce rapprochement avec Doha.
Querelle de famille en Iran
La ministre iranienne de la Santé, Mordiyah Wahid, a été limogée à la suite d’un différend qui l’a opposée au président Mahmoud Ahmadinejad. La ministre, connue pour être proche du meilleur ennemi d’Ahmadinejad, le chef du Parlement Ali Larijani, a payé sa place dans le cabinet, le président n’ayant pas apprécié son refus d’obéir à ses ordres. La seule représentante de la gent féminine au gouvernement a ainsi dû céder sa place pour avoir insisté à mener une investigation liée à un trafic illicite de médicaments. Des proches du président seraient impliqués dans cette histoire qu’Ahmadinejad tenterait d’étouffer. Avant de quitter ses fonctions, l’alliée de Larijani a affirmé à l’opinion publique que le président avait menti quand il avait assuré que d’importantes réserves de médicaments avaient été stockées par le gouvernement. Le président du peuple mentirait-il à ses ouailles?
Elections sans suspense
Le régime iranien, qui avait fait face lors des dernières élections présidentielles à la colère de la rue, fait tout pour empêcher la répétition du scénario de juin 2009. C’est ce qui explique la décision du procureur général de priver Mir-Hossein Moussavi et Mehdi Karroubi, assignés à domicile depuis février 2011, de présenter leurs candidatures aux prochaines élections. Selon les dirigeants à Téhéran, les deux opposants ne méritent pas de briguer la présidence, car ils seraient traîtres et lâches. Le procureur Gholam Hossein Mohsini a ajouté: «Je leur permettrai de présenter leurs candidatures, seulement s’ils déclarent publiquement leur repentance». Dans de telles conditions, le chemin paraît largement ouvert au chouchou du régime, Ali Larijani, pour remporter les élections sans surprise.
Le bras de fer continue à Amman
Malgré les tentatives de médiation en Jordanie entre le palais royal et les Frères musulmans, il semble que les positions des deux partis restent très divergentes. La dernière proposition faite par le régime aux Frères pour les convaincre de prendre part aux élections législatives a échoué. Le roi Abdallah II avait pourtant accepté que les Ikhwan soient représentés dans le nouveau gouvernement et que des membres de la confrérie soient nommés à la Chambre des notables (la Chambre basse du Parlement). Réponse des islamistes: nous exigeons des réformes pour instaurer une monarchie constitutionnelle. En clair, les deux partis ne voient pas l’avenir du pays du même œil, ce qui explique la décision du roi de s’allier avec les partis de gauche pour contrer la menace islamiste qui pèse sur le royaume.
La Troïka divisée
Après la chute du régime de Zine el-Abidine Ben Ali, le mouvement islamiste dit modéré, Ennahda, avait préféré s’allier avec les partis al-Mo’ttamar (Le Congrès) et al-Takattol, pour ne pas être accusé de tenir tout seul les rênes du pouvoir. Mais depuis, des divergences sérieuses ont émergé au sein de la Troïka au pouvoir et le mouvement al-Takattol menace de se retirer du gouvernement si Ennahda persiste à refuser un changement gouvernemental. Les alliés modérés d’Ennahda exigent notamment que les ministres de la Justice et des Affaires étrangères soient limogés au plus vite. Or, ce dernier n’est autre que le gendre du cheikh Rached al-Gannouchi, chef controversé du mouvement islamiste. Il n’est pas sûr qu’ils aient gain de cause, les barbus pouvant se passer de ces deux alliés bien encombrants et former à eux seuls un gouvernement. Ce serait alors un scénario catastrophe au pays de Bourguiba. Feuilleton à suivre.
Le grand ayatollah entre en jeu
Sayyed Ali el-Sistani, considéré comme la plus haute autorité chiite au monde, tente depuis la chute du régime de Saddam Hussein de se tenir à l’écart des querelles politiques au Pays des deux fleuves. C’est pourquoi il avait refusé de recevoir les dirigeants irakiens de tous bords durant les trois dernières années, dans sa résidence à al-Najaf. Néanmoins, les événements des dernières semaines ont fait sortir le grand ayatollah de sa réserve: il a ainsi incité le gouvernement à traiter positivement avec les protestataires qui bloquent les rues à travers le pays, notamment dans la province d’al-Anbar. Sistani a appelé le gouvernement à mettre fin à la persécution de la minorité sunnite. Des proches du sayyed ont appelé Nouri el-Maliki à rendre la liberté à tous les détenus sunnites emprisonnés sans jugement depuis des années. Maliki qui accusait les protestataires de faire le jeu des Frères musulmans devra changer son vocabulaire, les critiques émanant cette fois du leader religieux de la communauté chiite.
225 milliards de dollars est le montant des pertes auxquelles devront faire face les pays qui ont connu le Printemps arabe. Ce chiffre astronomique a été révélé après des recherches et des analyses entreprises par la Banque mondiale qui a observé de près l’évolution des économies égyptienne, libyenne et tunisienne. Selon les experts économiques, la prise du pouvoir par les mouvements islamistes dans le Maghreb a fait fuir des millions de touristes et causé d’énormes pertes en Egypte et en Tunisie. La Libye, quant à elle, souffre de la destruction quasi totale de ses routes, ses industries et ses sites de production. Selon la Banque mondiale, les politiques suivies par les islamistes auront de graves conséquences en 2013, avec une hausse du taux de chômage et de l’inflation et une baisse de la croissance qui sera négative dans les trois pays en question. Et dire que le Printemps arabe devait apporter liberté politique et croissance économique!
100000 détenus croupiraient dans les prisons syriennes. Ce chiffre approximatif a été avancé par les organisations des droits de l’homme qui ont noté que le régime libérait les prisonniers de droit commun pour faire place aux détenus politiques. Depuis le début de la crise syrienne, le nombre de centres de détention s’est multiplié par dix, mais les conditions dans lesquelles sont détenus les opposants au régime baassiste sont déplorables et de nombreux prisonniers meurent sous la torture ou juste à cause de la malnutrition. Le froid, qui frappe le Pays des Omeyades, n’a pas aidé, les geôliers laissent leurs détenus mourir de froid et refusent de les soigner ou de leur fournir des couvertures. Pire encore, dans le cas des femmes, le viol aurait remplacé la torture pour les humilier et les forcer à parler.