Magazine Le Mensuel

Nº 2883 du vendredi 8 février 2013

Expositions

Expositions

Huguette Caland
1964, Présent… 50 ans déjà!
Jusqu’au 24 février, au Beirut Exhibition Center.
    
Cette très belle exposition est un hommage aux cinquante ans de carrière d’Huguette Caland. On y découvre une énorme production de dessins, de peintures, de sculptures et de vêtements conçus par l’artiste.
Plus de deux cents œuvres de la collection de l’artiste et de collectionneurs libanais sont présentées, mettant en relief les trois grandes périodes de la carrière de l’artiste. La première, c’est la période érotique: Kaslik 1964-1970. Huguette Caland a commencé sa carrière en peignant des tableaux érotiques et abstraits à la fois. L’anatomie humaine était le sujet principal de ses tableaux, traitée d’une manière ludique, avec la tête d’un côté, et le sexe de l’autre. La deuxième période est celle de la sculpture: Paris 1970 – 1987.
A Paris, elle rencontre de nombreux artistes et écrivains et illustre de nombreux livres. Elle rencontre le sculpteur Georges Apostu et commence alors à travailler la matière. Huguette a également conçu une ligne de vêtements avec Pierre Cardin. La dernière période est celle des mémoires: Venice, Californie 1988 – présent. Huguette Caland expose à Beyrouth, Paris, Rome, Venise, Barcelone et Tokyo. Ses œuvres font partie de nombreuses collections privées et de musées. Elle travaille désormais sa toile comme s’il s’agissait d’un monde sans frontières. Ses œuvres récentes relatent souvent ses souvenirs d’enfance au Liban. On remarque ainsi son grand attachement à son pays. Née à Beyrouth en 1931, Huguette Caland est la fille du premier président de l’indépendance du Liban. Elle a commencé à peindre à l’âge de 16 ans avec Fernando Manetti, un artiste italien qui résidait au Liban. Elle a ensuite étudié l’art à l’Université américaine de Beyrouth. Christiane Tager Deslandes

Nadia Safieddine
Badroom… ou la complexité de l’homme
Jusqu’au 16 février, à la galerie Agial.

Des couleurs, des couches de peinture riches en texture qui se superposent pour donner naissance à des toiles qu’on croirait presque tridimensionnelles. Cette technique pour le moins compliquée dénote la compréhension de Nadia Safieddine de la complexité de l’être humain. Vivant entre Berlin et Beyrouth depuis 2002, la jeune artiste est une peintre accomplie et pianiste amatrice. «Ses œuvres s’inspirent de la musique dans une poursuite personnelle de la découverte et de l’évolution constante de soi». Christiane Tager Deslandes

 

 

Agenda
Jean Michel Solves. Mother and child.
Jusqu’au 22 février, à la galerie Alice Mogabgab.

Sami Hamaoui. Vagues sauvages.
Jusqu’au 9 février, à la galerie Pièce unique.

Tarek Butayhi. Women on canvas.
Jusqu’au 22 février, à la galerie Art on 56th.

Lara Zankhoul.
Jusqu’au 15 février, à la galerie Ayyam.

Fadi Karlitch. Persona.
Jusqu’au 16 février, à la galerie Zamaan.

 


 

L’art libanais en Europe
Genève fascinée par le Pays du Cèdre

Le musée Rath de Genève accueille, jusqu’au 31 mars, une exposition baptisée Fascination du Liban. Quelque 350 objets archéologiques et œuvres d’art prêtés par le Musée national de Beyrouth y sont montrés, pour la première fois en Europe.

Le Liban et son histoire continuent de fasciner, encore et encore. C’est en tout cas ce que prouve la magnifique exposition organisée au Musée d’art et d’histoire de Genève, alias le Musée Rath, grâce à la collaboration du Musée national de Beyrouth.
Au total, ce sont quelque 350 objets archéologiques et œuvres d’art qui sont présentés au public, pour la première fois en Europe, selon le musée.
Les objets exposés permettent aux visiteurs de se familiariser avec les rites funéraires de l’âge du bronze jusqu’à la conquête arabe, en passant par l’avènement du christianisme et de l’islam. Au-delà d’une simple exposition archéologique, le musée Rath et le Musée national de Beyrouth ont voulu également aborder, via ces collections, les multiples facettes de la relation développée au fil du temps entre les Libanais, le divin et l’au-delà.
Parmi les objets prêtés, on trouve par exemple des sarcophages monumentaux, des mosaïques byzantines, des stèles, des statues votives, des icônes, ainsi que des manuscrits melkites. L’ambition affichée de cette superbe exposition est aussi de rendre compte de soixante siècles d’histoire de religions, d’art et d’archéologie.
Comme fil conducteur, les commissaires de l’exposition – Marc-André Haldimman, Marielle Martiniani-Reber, Anne-Marie Maïla Afeiche – ont choisi de parler de l’histoire du Liban qui, de polythéiste pendant plusieurs siècles, s’est orienté vers un monothéisme riche en nuances avec l’avènement du christianisme. A partir de 638, la conquête arabe apporte, au fil des siècles suivants, son propre vocabulaire architectural et artistique. En coexistence pacifique, christianisme et islam se déclinent ainsi par les créateurs et les artistes jusqu’à l’époque moderne. Le musée Rath expose également des sarcophages encore jamais montrés au public, comme le sarcophage du Jugement d’Oreste. Illustrant l’originalité de la civilisation phénicienne, ce sarcophage s’inscrit dans la continuité gréco-romaine. La défunte, allongée sur le couvercle du sarcophage en forme de kliné, domine une composition finement sculptée représentant Oreste
affrontant ses juges. Héros des Euménides, d’Eschyle, Oreste, poursuivi par les Erinyes pour le meurtre de sa mère Clytemnestre et de son amant Egisthe, tous deux coupables d’avoir tué son père Agamemnon, est jugé par l’aréopage, le tribunal instauré par Athéna.
Autre pièce maîtresse de l’exposition, cette figurine en calcaire, provenant de Saïda et datant de l’âge du bronze moyen, soit vers 1800-1500 avant Jésus-Christ. Cette figurine, dont la fonction cultuelle semble attestée, avait été découverte en 2010 sur le site du collège, à Saïda, par l’équipe de l’archéologue Claude Doumet-Serhal, la directrice des fouilles.
Au fil du parcours dans l’exposition, les visiteurs abordent tour à tour les balbutiements du christianisme, à Tyr et à Chhîm, où a été par exemple retrouvée une basilique ornée de magnifiques mosaïques d’animaux. Le port de Tyr est également abordé via la production de la pourpre avec les murex, à laquelle une salle est également dédiée.
Viennent ensuite Byzance et le monde musulman avec la présentation du site omeyade d’Anjar ou des vêtements mamelouks découverts dans la vallée de la Qadicha. Des céramiques et des stèles complètent la présentation du monde musulman, tandis que le christianisme melkite est évoqué par des icônes et des manuscrits. Les statuettes votives de Byblos sont également présentées.

Jenny Saleh
 

Jusqu’au 31 mars 2013, musée Rath, place Neuve, à Genève.

La photo de la partie
L’exposition accorde une certaine place à la photographie, avec les clichés contemporains réalisés par le célèbre photographe Manoug Alemian et ceux du savant genevois Max van Berchem au XIXe siècle. Ce dernier, qui maîtrisait parfaitement l’arabe classique, a séjourné à maintes reprises dans la région, de Damas au Liban, photographiant de nombreux sites et monuments. Passionné par la civilisation musulmane, il a ainsi effectué un travail méthodique que le musée donne à voir, avec pour objectif l’établissement complet d’un corpus des inscriptions arabes.

 

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