Le français professionnel: un atout pour les entreprises libanaises? Tel est le thème qu’a choisi le Forum francophone des Affaires-Liban (FFAL), présidé par Reine Codsi pour son déjeuner-débat au cours duquel Patrice Paoli, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire au Liban, a pris la parole.
Ce thème est d’autant plus intéressant qu’il taraude aujourd’hui les esprits du patronat au Liban, dont les citoyens sont «francophones dans l’âme», souligne l’ambassadeur de France, Patrice Paoli. Introduit par Armand Pharès, vice-président du Forum francophone des Affaires-Liban (FFAL), comme un diplomate d’exception ayant à son actif un atout linguistique de taille dû à sa connaissance parfaite des langues arabe, russe, espagnole, allemande et perse, Paoli s’est adressé à l’assistance avec humour, affirmant qu’il est prêt à intervenir en français à cette occasion. L’ambassadeur de France a évité de se lancer dans un plaidoyer, préférant dresser «un constat» structuré de la situation du français professionnel au Liban et dans le monde, devenu avec la globalisation «un village» dominé par l’anglais comme vecteur de communication. «La situation de la francophonie n’est pas tranchée», a insisté le diplomate français. Ceci dit, la France n’est pas «défaitiste» dans le sens qu’elle n’est pas passive et est déjà passée à l’action. Un plan d’action a été défini par la ministre déléguée à la francophonie Yamina Benguigui qui s’inscrit dans le cadre de l’engagement numéro 58 du président François Hollande. Ce plan s’articule autour de plusieurs axes qui visent à améliorer la présence et l’attractivité du français dans toutes les sphères du monde éducatif, médiatique, numérique, culturel et économique.
Selon l’ambassadeur Paoli, la réalité du français professionnel est beaucoup plus contrastée que l’on veut bien le croire. C’est d’autant plus vrai au Liban, où la maîtrise du français est un atout substantiel pour ses entreprises. La France et les pays francophones sont des partenaires essentiels à l’économie libanaise. Le Liban est le troisième pays du Moyen-Orient en termes d’attractivité des entreprises françaises. En chiffres, ceci se traduit par la présence dans notre pays de 80 filiales de groupes français, alors que le nombre de firmes françaises qui exportent vers le Liban a atteint 4800. D’autres aspects à ne pas négliger, la progression du nombre de touristes provenant de France qui est passé de 7,8% en 2011 à 14,9% en 2012, alors que la tendance générale est au recul des touristes à destination du Liban.
Dans ce même contexte s’inscrit la réflexion du diplomate français, qui a souligné le poids de la diaspora libanaise établie dans des pays francophones et qui contribue à l’établissement d’un pont entre plusieurs francophonies en la renforçant et la revitalisant. (France, 225000 personnes; Canada francophone, 350000 et dans les pays d’Afrique subsaharienne entre 250000 à 300000).
Pour clôturer son intervention dans le cadre d’une ouverture vers un avenir plus glorieux de la francophonie, l’ambassadeur Paoli a affirmé que «la France est aux côtés des autorités et entreprises libanaises pour accompagner, par une politique à la fois volontariste et déterminée, les stratégies de marketing francophone. Dans un monde ouvert et multipolaire, où le plurilinguisme devient la norme, la France est aux côtés du Liban pour mieux «vendre» la langue française et le plurilinguisme, dans le respect de l’identité plurielle libanaise».
Liliane Mokbel