Le film de Philippe Caland, Vipaka, ouvre le Festival du film panafricain, qui se tient, comme chaque année, à Los Angeles, en Californie. Dans ce nouveau film, le réalisateur franco-libanais relate comment Thomas Carter est enlevé par l’un de ses patients, le dérangé Angel Sanchez.
Vipaka, c’est d’abord des acteurs comme Anthony Mackie et l’inoubliable Forest Whitaker qui a reçu l’Oscar du meilleur acteur en 2006. La belle Sanaa Lathan, qui a tourné aux côtés de Denzel Washington Out of time, et l’actrice Nicole Ari Parker.
Le film raconte comment Angel Sanchez (Forest Whitaker), un entrepreneur de la Nouvelle-Orléans, a des problèmes de santé mentale à la suite de la mort de sa mère. Il cherche de l’aide auprès de Thomas Carter (Anthony Mackie). Mais ses demandes pour une consultation privée sont repoussées jusqu’à ce que Thomas, qui veut aider son frère, un ex-détenu, se trouve en manque d’argent. Les deux hommes vont alors se retrouver pour des séances de thérapie qui se transformeront en des séances de torture, d’emprisonnement…
Ce thriller de Philippe Caland rappelle un autre film très connu que le réalisateur avait proposé au public des années plus tôt, Boxing Helena. Pour son dernier film, Caland avait dû faire face à plusieurs désistements d’actrices comme Madonna et Kim Basinger. Si le film avait provoqué des critiques, des fans avaient toutefois salué cette œuvre du réalisateur franco-libanais.
Le Festival du film panafricain
Depuis 1992, date de sa création, le PAFF, qui se tient à Los Angeles, vise à présenter et à mettre en valeur des œuvres qui renforcent une image positive et aident à détruire les stéréotypes négatifs contre les Noirs. Cependant, les détracteurs critiquent la participation de certains réalisateurs blancs qui ne devraient pas, selon eux, être autorisés à concourir dans les festivals de films pour corriger les déséquilibres rencontrés par les cinéastes africains.
Zoom sur le réalisateur
Philippe Caland, avec son nom de famille français, est aussi libanais. Pour comprendre ses origines, il faut plonger dans celles de sa mère. Huguette Caland est une artiste bien connue. Elle est la fille du premier président de l’Indépendance du Liban, Béchara el-Khoury. Philippe est donc le petit-fils de l’ex-président. Il a vécu avec ses parents d’abord en France. Ensuite, il s’est installé à New York dans les années 80. C’est dans les années 90 qu’il décide de déménager à Los Angles. Il produit alors Boxing Helena et signe des contrats de production avec notamment Sean Penn et Matthew Broderick. La crise financière de 2001 l’oblige à mettre sa carrière de production en attente. Il se tourne alors vers la réalisation avec des petits budgets et propose un film appelé Hollywood Bouddha. Une satire qui montre comment Hollywood fonctionne et les intérêts parfois superficiels qu’on peut avoir pour la spiritualité. Outre ce film, Caland propose également Ripple effect, qui a reçu le prix au Sedona et des prix durant les festivals de films internationaux à Boston. Lorsqu’il commente son parcours à Hollywood, Caland explique que son succès est le résultat de sa détermination et d’un esprit d’entreprise. Pour lui, les nouvelles caméras vidéo à faible coût permettent la réalisation de films à moindre coût. «S’il y a quelqu’un qui pense qu’il a le talent pour faire un film, personne ne l’empêche d’essayer. Vous sortez et faites un film qui trouve son chemin. Celui-ci vous initie par la suite à l’industrie». Pas sûr que le chemin soit si facile à parcourir!
Pauline Mouhanna, Etats-Unis
Après mai d’Olivier Assayas
Illusions et désillusions
C’est le 28 février qu’a pris fin le cycle Olivier Assayas: Jeunesse, désordre et idéaux, avec la projection de son dernier film Après mai. Date de sa sortie officielle au cinéma Métropolis, à l’Empire Sofil. Entre politique et amour, les aspirations côtoient la réalité et l’art.
Début des années 70. On n’est pas loin de Paris. Un lycéen, des lycéens, un cours sur le point de se terminer. Et voilà le héros, Gilles, qui, à la sortie des cours, se poste à l’entrée de l’école pour distribuer un journal relevant du mouvement de révolte, tout en planifiant de participer, avec ses camarades de classe, à la manifestation qui aura lieu plus tard. Et voilà le spectateur transposé d’un coup au cœur de Paris, où la police mène une lutte violente contre les manifestants. Dès le départ, Olivier Assayas positionne sa caméra dans la fébrilité des changements de vues, de paysages, de prises de vue, entre les bancs de l’école où de jeunes lycéens rêvent de manifestations, les rotatives qui impriment prospectus et journaux, les rues de Paris, sur la route, en pleine forêt…
Mai 68 fut. Mais qu’en reste-t-il? Une effervescence politique et créatrice, dans laquelle Gilles et ses jeunes camarades sont pris, tiraillés entre un engament radical et des aspirations plus personnelles. Si Christine, Alain, Laure, Jean-Pierre et les autres s’impliquent intensément, à leur manière adolescente et insouciante, dans les événements, Gilles, lui, reste un peu en retrait, passif, n’épousant jamais réellement un parti pris, toujours empli de doutes, se laissant emporter de rencontres amoureuses en découvertes artistiques, de l’Italie jusqu’à Londres, agrippé toujours à son rêve de devenir peintre, artiste.
La fraîcheur de l’image
L’ambiance hippie stéréotypée, heureusement, ne transparaît nullement tout au long du film, même lors de certains passages qui auraient pu très bien tomber dans ce piège. Assayas a la subtilité de mettre plutôt en scène comme une ère des années 70, colorée, chatoyante et sombre tout à la fois. Entre l’intimité des personnages et la toile de fond que représente l’après 68, Assayas met à l’écran le personnel et l’universel, les illusions et les désillusions de toute époque révolutionnaire. Il y a de la fraîcheur, beaucoup de fraîcheur dans le dernier film d’Assayas. Une fraîcheur qu’on ressent après coup, due en grande partie à l’interprétation de ses acteurs: Clément Métayer, Lola Creton, Félix Armand, Carole Combes, Hugo Conzelmann, India Salvor Menuez… Inexpérimentés et débutants, à l’exception de Lola Creton (En ville, Un amour de jeunesse). Ce qui, au départ, peut déranger le spectateur, mais qui s’affirme au fur et à mesure comme un élément de l’intrigue en soi, de l’histoire de ces lycéens pris dans l’inconscience de l’instant, et qui acquièrent progressivement maturité et recul, malgré les chutes et les déceptions, ou plutôt en raison de ces désillusions.
Dans un article intitulé Après mai, le déluge, Le Monde écrit: «Pendant quelques années, les certitudes se sont envolées. C’était après mai 1968, le champ des possibles s’étendait à perte de vue, terrifiant et exaltant. C’est à ce moment qu’Olivier Assayas, né en 1955, est devenu adulte et artiste. En 2005, il est revenu sur ses premiers pas en publiant un texte, Une adolescence dans l’après-mai. De cette réflexion sur les forces qui ont infléchi son parcours, est né un scénario, une pure fiction, qui évoque, comme par magie, une époque lointaine, tout en mesurant avec rigueur quasi scientifique les ruines fécondes qu’ont laissées derrière elles les illusions enfouies». D’ailleurs, Assayas l’a bien dit: «Je souhaite à la fois revenir sur ce qui, dans mon passé, était partageable avec ceux qui ont vécu cette époque et toucher à l’universel dans le récit d’une jeunesse».
Certes, il y a quelques longueurs, quelques passages peut-être clichés, des dialogues qui tournent parfois au vide, mais Après mai se faufile doucement à travers sensation et raison. C’est qu’à sa manière, intime et distancié à la fois, il transmet tellement bien les tourments d’une époque. Des tourments conflictuels à plus d’un niveau, entre soi et soi, entre soi et l’autre, entre le jeune et l’adulte, entre la réalité et les aspirations, entre les rêves et leur concrétisation. Une concrétisation qui s’est avérée le plus souvent décevante, terre à terre. Pourtant, la voie que dresse Assayas libère l’imaginaire, nous libère des contraintes; sa fuite, son salut, à l’instar de ceux de son personnage principal, restent le cinéma. Et Olivier Assayas le prouve bien, depuis des années. Depuis des années qu’il marque le 7e art de ses œuvres emblématiques. Après mai est une œuvre dont l’écho percutant tisse lentement, mais sûrement, son chemin.
Nayla Rached
Sortie exclusive au cinéma Métropolis à l’Empire Sofil.
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