Dialogue de sourds
Suggestions et invitations à la relance du dialogue national sont parvenues au président de la République, Michel Sleiman, de la part d’instances politiques et diplomatiques. La conjoncture nécessite une démarche dans ce sens, étant donné les dangers qui guettent le pays. Dangers non seulement à caractère politique mais aussi sécuritaire vu l’exacerbation du conflit communautaire et le vide éventuel qui menace les institutions étatiques si les législatives n’avaient pas lieu. La reprise du dialogue est plus que jamais nécessaire, d’après plusieurs personnalités. Un dialogue dont l’ordre du jour sera composé de quatre grands titres:
– L’entente sur une nouvelle loi électorale.
– La formation d’un nouveau cabinet avant les élections.
– L’organisation des législatives avant la fin de l’année.
– La confirmation de la déclaration de Baabda pour maintenir le Liban à l’écart de la crise syrienne et de ses conséquences.
La «législation du report»
L’entente de toutes les composantes du tissu politique sur une nouvelle loi électorale est loin d’être acquise. Tel est l’avis d’un parlementaire centriste. Tous les bords campent chacun sur sa position et rien ne laisse entrevoir un quelconque changement d’attitude. Le consensus souhaité doit se porter plutôt sur un mécanisme de «légalisation du report» des élections, c’est-à-dire sur une formule légale pour les ajourner et proroger le mandat du Parlement. Une formule qui devra être soutenue par un accord politique nécessitant le vote d’une loi par l’Assemblée, portant sur la période post-ajournement, même si celui-ci est technique et concerne une période déterminée.
Prolongera, prolongera pas
Echec des tentatives menées par le Moustaqbal pour la prorogation de deux ans du mandat des chefs des organes sécuritaires. Le Hezbollah, tout comme les aounistes, ont continué à refuser la reconduction à son poste du directeur général des FSI, le général Achraf Rifi, qui atteint l’âge de la retraite le 1er avril. Ils réclament la nomination de nouveaux visages à la tête de l’armée et des FSI. La question reste cependant sujette à spéculations après la présentation par des députés du Moustaqbal d’un projet de loi dans ce sens.
La France s’inquiète pour le Liban
Prochaine visite éclair du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, à Beyrouth. Au menu du chef de la diplomatie française, des pourparlers portant sur trois principaux dossiers: la crise syrienne et ses incidences sur le Liban, la situation sécuritaire à la lumière de l’infiltration d’éléments extrémistes dans le pays et les élections législatives. La France est inquiète pour le Liban, avance-t-on de source diplomatique, et cela à cause de sa perte de confiance en d’éventuelles élections dans les délais. Elle craint que la mésentente sur la loi électorale ne soit un prétexte pour la prolongation du statu quo actuel, que le désaccord entre les acteurs politiques soit plus profond et que la crise touche le fondement même du régime. Autres inquiétudes? La menace sécuritaire à l’ombre de la tension politique et sécuritaire ambiante et la prolifération des armes dans la rue. Toute explosion pourrait constituer une menace pour les soldats de la Finul et notamment les Français. Paris considère que la guerre en Syrie alourdit la conjoncture libanaise interne, qu’il s’agisse du problème des déplacés ou de la crise politique. Les autorités françaises estiment que, pour dépasser tous ces écueils, un consensus interlibanais est impératif.
Hindi et Abou Fadel en viennent aux mains
Une querelle verbale sur toile de fond politique a opposé l’ex-député, Marwan Abou Fadel à l’ex-conseiller du Dr Samir Geagea, Toufic Hindi, devant le salon d’une église à Hazmié où ils étaient venus présenter leurs condoléances pour le décès de la sœur du général à la retraite, Jean Salloum. Le ton est monté, et les deux hommes en sont venus aux mains. Hindi s’est retrouvé par terre et il a fallu que le mohafez de Beyrouth, Nassif Kalouch, vienne à sa rescousse et intervienne pour mettre un terme à l’altercation.
Mohammad Ben Nayef chez Charbel
Le ministre de l’Intérieur saoudien, l’émir Mohammad Ben Nayef Ben Abdel- Aziz, a tenu à souhaiter la bienvenue à son homologue libanais, le général Marwan Charbel, en lui rendant visite à l’hôtel Ritz de Riyad, à la veille de la réunion des ministres arabes de l’Intérieur. Les deux responsables ont passé en revue l’actualité et la situation de la colonie libanaise dans le royaume. Par ailleurs, Charbel a rencontré le vice Premier ministre et ministre de l’Intérieur des Emirats arabes unis, avant de recevoir les notables libanais venus le saluer à l’hôtel. Il s’est adressé à eux sur un ton rassurant: les autorités dans les pays du Golfe vouent une grande estime aux travailleurs libanais et restent attachées à leur présence. Charbel leur a également dit que le rôle de l’Arabie, des Emirats et d’autres frères arabes pour soutenir le Liban, son indépendance et sa stabilité «reste ancré dans nos esprits».
Déstabilisation des camps
Existe-t-il un plan pour déstabiliser les camps palestiniens? C’est ce que craignent les milieux qui ne perdent pas de vue celui qui a ciblé le camp de Yarmouk en Syrie. Les derniers développements dans le camp de Aïn el-Heloué ne sont pas dans l’intérêt du peuple palestinien, et encore moins de la cause qu’il défend. Le seul bénéficiaire est l’Etat d’Israël qui veut tourner la page du droit au retour. Le responsable de la sécurité palestinienne, Sobhi Abou Arab, a donné des consignes interdisant les apparences armées autour des bureaux militaires. Il a, en outre, prêché la retenue face à une quelconque agression. Un nombre de déplacés palestiniens de Syrie ont rejoint les camps de Aïn el-Heloué et un plus grand nombre, celui de Bourj Brajné. Ce qui a amené des leaders politiques à demander le transfert de ces derniers à Aïn el-Heloué et de surveiller leurs mouvements, de peur que certains éléments n’aient l’intention de fomenter un plan de sabotage sécuritaire, profitant de leur présence à proximité de la banlieue.
Najib Mikati: «Je reste»
La réponse du président Najib Mikati à ceux qui l’interrogent sur son éventuelle démission, est sibylline: «Que l’entente sur une nouvelle loi électorale voie le jour d’abord, on verra par la suite». Il ajoute: «A quoi servira ma démission? Je ne suis pas attaché à cette fonction, mais en même temps, il n’est pas dans mes habitudes de fuir mes responsabilités, surtout en cette phase délicate que traverse le pays. J’estime que ma présence est nécessaire. Bien que l’action gouvernementale ne soit pas à la hauteur de mes ambitions, je reste convaincu que ma présence à la tête du gouvernement est utile et préserve la stabilité. C’est pourquoi, je demeure dans mes fonctions, tout en étant conscient des défis, des responsabilités, des pertes et des grandes tempêtes internes et externes qui nous entourent».
Siniora contre la prorogation
Le président Fouad Siniora a fustigé ceux qui avancent l’idée d’une prolongation de la durée de vie de l’Assemblée nationale. «Le mandat accordé par le peuple au député est soumis à une échéance bien précise. Elle prend fin le 20 juin prochain, a-t-il déclaré, par conséquent, il est impossible de renouveler ce mandat via une résolution, un décret ou une loi. C’est pourquoi, il est impératif que le scrutin se déroule conformément aux délais prévus, dans le respect de la Constitution». L’ex-Premier ministre estime que toute tentative d’ajournement des législatives s’inscrit dans la tendance de la reconduction du mandat des députés, appelant à faire échec à ces tentatives parce que le Liban est le seul pays de la région qui jouit d’un système démocratique. Pour cette raison, il doit respecter les limites fixées par la Constitution et les appliquer de peur que la scène locale ne soit influencée par les développements qui ont cours dans les pays du Printemps arabe.
Une association libano-canadienne
Hillary Childs-Adams, ambassadeur du Canada à Beyrouth, a remercié le ministre de l’Intérieur et des Municipalités, Marwan Charbel, pour avoir approuvé la création de l’Association libano-canadienne, considérant que cette démarche est importante car elle renforce les liens de son pays avec le Liban. La présidente de l’Association, Carole Chelhot, compte organiser une réception à laquelle seront invitées des personnalités libanaises et canadiennes à l’occasion des 50 ans de relations diplomatiques entre les deux pays. Quant au P.-D.G. du projet Beit Misk, Georges Zard Abou Jaoudé, il s’apprête à donner un déjeuner en l’honneur de Childs-Adams et des membres de l’Association. Mme Chelhot a, d’ores et déjà, entamé les contacts nécessaires pour célébrer le «Canada day» au Liban auquel participeront des responsables libanais et canadiens d’origine libanaise ainsi que des hommes d’affaires.
Message de paix de Kerry
A l’occasion du huitième anniversaire de la Révolution du cèdre, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a publié un communiqué exhortant les Libanais à renoncer à la violence, à régler leurs divergences paisiblement et à travers les urnes conformément à la Constitution. En effet, les observateurs ont récemment enregistré un regain d’intérêt américain pour les affaires libanaises, qui s’est manifesté par les communiqués publiés par l’ambassade à Beyrouth, ou par les tournées entreprises par des responsables américains sur un nombre de leaders libanais, dont celle du secrétaire d’Etat adjoint pour les Affaires du Moyen-Orient, Laurence Silverman. Le responsable de l’Administration avait rencontré la majorité des pôles libanais excepté le Hezbollah et le général Aoun. Ainsi, s’était-il réuni avec les trois présidents, évidemment, ainsi qu’avec les ex-présidents Amine Gemayel et Fouad Siniora, le Dr Samir Geagea, le député Walid Joumblatt, et des leaders du 14 mars au domicile de Nayla Moawad. Il a aussi rencontré un nombre de personnalités dans le cadre d’un dîner organisé par Maura Connelly, ambassadeur de Washington à Beyrouth.
Des extrémistes parmi les réfugiés
Un nombre d’éléments fondamentalistes et radicaux, qui combattent aux côtés des rebelles en Syrie, aurait pénétré au Liban avec l’afflux des déplacés. Ces éléments se sont dispersés dans de nombreuses régions frontalières au Nord et dans la Békaa, comme le révèlent des rapports sécuritaires qui nient que les combattants se soient dirigés vers les camps palestiniens. Des sources précisent que ces individus sont mis sous surveillance et leurs mouvements sont pistés pour les empêcher d’entreprendre des actions susceptibles de semer le trouble. Si ces combattants sont entrés au Liban, c’est parce qu’ils peuvent y bénéficier d’une liberté d’action et prendre contact avec un nombre de dignitaires religieux et d’ulémas à Tripoli. Certaines composantes de l’opposition craignent que l’entrée de ces groupes au Liban ne plonge la scène libanaise dans des affrontements qui alimentent le feu de la fitna.