Le ministère de l’Intérieur est-il partial?
Les départements concernés au ministère de l’Intérieur ont refusé de livrer aux médias le nombre et les noms des candidats aux législatives, en application des recommandations du ministre de l’Intérieur Marwan Charbel qui, conformément à la loi en vigueur, les publiera à l’expiration des délais électoraux. Certains milieux politiques mécontents considèrent que cette mesure est de parti pris et contraire à la loi, surtout après que le 8 mars eut annoncé que ses candidats s’abstiendront de présenter leurs dossiers tant que la loi électorale de 1960 restera valide. Un député du 14 mars rappelle, à cet égard, que par le passé le ministère fournissait, sans aucun problème, à qui le demandait des informations concernant des candidats!
Rue de Beyrouth à Bucarest
Suite à la visite en Roumanie du chef de l’Etat Michel Sleiman, il y a un an, le président de la municipalité de Bucarest, Nicolaï Otsano, a décidé de donner à une rue de sa ville le nom de «Rue de Beyrouth», dans un esprit de consolidation des liens entre les deux pays. Otsano était d’ailleurs à Beyrouth à la tête d’une délégation municipale, invité par le chef de la municipalité, Bilal Hamad, pour examiner une éventuelle coopération ou jumelage entre les municipalités de Bucarest et de Beyrouth.
Sécurité sous contrôle
Un politique du 14 mars rapportant les propos d’un diplomate occidental dit: «La sauvegarde de la stabilité sur la scène libanaise est garantie grâce à une décision prise à l’étranger. Nul n’a la capacité d’outrepasser cette décision et aucun bord ne peut entraver la paix civile. La sécurité au Liban est sous contrôle et les dérapages et violations qui ont lieu de temps à autre dans certaines régions ne dépasseront pas ce cadre. Toutes les composantes politiques sont conscientes de la gravité de l’étape et toutes réalisent quelles pourraient être les incidences d’un embrasement généralisé».
Les ficelles politiques de Berry et Joumblatt
Le chef de l’Assemblée Nabih Berry a fait avorter, il y a quelques semaines, le projet de loi orthodoxe, laissant au Moustaqbal une large marge de manœuvre. Cela, en déclarant, après la réunion de la Commission mixte, qu’il ne convoquera pas à une Assemblée plénière que les députés sunnites boycotteraient, parce que non conforme au Pacte. Une lecture faite par des observateurs qui ajoutent que le député Walid Joumblatt, de son côté, a torpillé, il y a quelques jours, le projet du cabinet neutre composé de technocrates, concédant ainsi au Hezbollah une large marge de manœuvre en annonçant qu’il n’accordera pas sa confiance à un gouvernement monochrome qui ne représenterait pas les divers bords.
Electricité: offre du secteur privé rejetée
Le comportement de certains ministres, surtout après la démission du gouvernement Mikati, agace un responsable qui dénonce les récompenses et promotions, accordées à leurs partisans, dont certaines pourraient faire l’objet d’un recours devant les institutions de contrôle. Des dossiers inventoriant les infractions commises à cet égard sont préparés par des députés ayant eu vent de certaines affaires. A titre d’exemple, des investisseurs du secteur privé ont proposé l’achat de générateurs auprès d’entreprises internationales pour assurer le courant électrique dans toutes les régions à 900 L.L. le kilowatt, soit à un prix plus bas que le prix de revient, quitte à obtenir des contrats de construction, grâce à des prêts, d’usines pour la production d’électricité qui sera revendue à l’Etat à des prix modiques. Le ministre de l’Energie Gebran Bassil a rejeté l’offre préférant puiser dans le budget de l’Etat pour louer le bateau producteur de courant et mettre sur pied des usines de production. Un député promet d’exploiter tous ces «scandales» contre les ministres et leurs partis lors de la prochaine bataille électorale.
Sleiman Frangié écœuré
Le président Michel Sleiman est exaspéré du boycott par le duo Aoun-Frangié des consultations parlementaires impérieuses. L’abstention du chef du CPL ciblait exclusivement le président de la République, alors que celle de Sleiman Frangié avait une autre dimension: le refus d’un Premier ministre issu des rangs du 14 mars et la dénonciation de la manière dont sa candidature a été annoncée à partir du domicile de Hariri après une réunion élargie de la coalition du 14 mars. Par ailleurs, en marge de la dernière réunion des pôles maronites à Bkerké, un entretien en tête-à-tête entre le cardinal Béchara Raï et l’ex-ministre Frangié a donné l’occasion au leader du Nord d’exprimer son écœurement de voir le président Sleiman s’aligner carrément sur le 14 mars, en renonçant à sa position de président consensuel.
Les secrets d’une unanimité
L’unanimité réalisée autour du président Tammam Salam est importante en soi, selon un politique expérimenté, abstraction faite de ses motifs. Cette unanimité reflète quelque part l’état d’impuissance dans lequel se débattent les deux bords, en particulier le Moustaqbal et le Hezbollah. Le Moustaqbal, dans l’incapacité de prendre en charge la présidence du Conseil directement avec le président Saad Hariri ou l’un de ses proches, s’est trouvé dans l’obligation d’appuyer Tammam Salam, un adepte du 14 mars qui a su toutefois préserver son indépendance et que l’on peut qualifier de centriste. Le Hezbollah, de son côté, incapable de porter un de ses alliés à la tête du gouvernement et inapte à reproduire l’expérience Mikati, s’est trouvé contraint de faire un choix pragmatique en adoubant Tammam Salam. Le camp du 8 mars était devant l’alternative suivante: regagner les rangs de l’opposition ou demeurer au sein d’un cabinet avec des règles de jeu modifiées…
Rifi à l’Intérieur?
On parle de plus en plus dans les coulisses politiques de l’octroi du portefeuille de l’Intérieur au général Achraf Rifi qui ne reviendra pas à la tête des FSI. Le nom de l’ex-directeur général des Forces de sécurité intérieure avait été proposé, avec celui de Tammam Salam, par le président Saad Hariri pour la 3e présidence. Alors que le député Walid Joumblatt révèle que c’est lui qui a convaincu l’ex-Premier ministre et l’émir Bandar de renoncer à Achraf Rifi, perçu comme un candidat de défi, des proches du Moustaqbal expliquent que si le nom de Rifi a été avancé, c’est pour placer haut la barre des négociations et renforcer les chances de Salam, le vrai candidat du 14 mars.
L’appui du président Hoss au mufti
Le président Salim Hoss a délivré un message de première importance lorsqu’il a assisté personnellement à l’annonce des résultats des élections du Conseil islamique chérié par le mufti de la République, le cheikh Mohammad Rachid Kabbani. Rifaat Badaoui, conseiller politique du Dr Hoss, a assuré que «la convocation aux élections par le mufti est légale, il est le seul détenteur de ce pouvoir. Ce qui s’est passé était donc naturel malgré les pressions exercées par certains juges et hommes de religion». Badaoui a ajouté que «les adversaires du cheikh Kabbani qui le critiquent aujourd’hui, étaient hier parmi ses plus fervents défenseurs. Mais après avoir vendu leur conscience pour une poignée d’argent, ils se sont alignés sur le camp qui cherche à étendre son emprise sur Dar el-Fatwa. Nous leur répondrons en faisant appel à la loi». Les observateurs estiment que le conflit entre Dar el-Fatwa et le Moustaqbal est entré dans une nouvelle étape après les élections du Conseil chérié.
Turquie et otages: la tension monte
La tension turco-chiite au Liban suit une courbe ascendante. Le mouvement entrepris par les familles des otages de Aazaz en Syrie est né après que tous les délais et promesses donnés par les responsables turcs directement ou via l’ambassade de Beyrouth sont restés lettre morte. Une déclaration attribuée à l’ambassadeur turc Inan Ozyildiz avait entraîné la colère des familles. Il aurait dit: «Je ne comprends pas ce qu’ils veulent. La Turquie n’est pas responsable de l’enlèvement» (An Nahar, 24 décembre 2012). Mais les parents ont accepté de patienter encore, après intervention des responsables qui leur ont conseillé d’attendre le résultat des négociations. Mais une deuxième déclaration de l’ambassadeur, rapportée par les agences de presse le 3 avril 2013, rallume la colère: «Les ravisseurs ne font pas partie de l’opposition syrienne. Ils appartiennent à une partie que nous ne connaissons pas. C’est pourquoi les négociations pour leur libération sont difficiles. Mais nous faisons l’impossible pour y aboutir». Les familles des otages chiites se sont alors mobilisées en empêchant les camions turcs de vider leurs chargements et en manifestant devant l’ambassade turque à Rabié. Elles espèrent ainsi amener le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan à assumer ses responsabilités politiques et morales vis-à-vis des familles qui sont dans la tourmente depuis 11 mois. Le général Marwan Charbel, ministre libanais de l’Intérieur, a pris contact avec l’ambassadeur Ozyildiz qui a démenti les propos qui lui ont été imputés. «La Turquie n’a pas fait une pareille déclaration», a-t-il dit.
Zones d’influence à Tripoli
Guerre secrète entre les princes de la guerre à Tripoli. Une source locale indique que l’accrochage armé qui a eu lieu, il y a une semaine, entre l’organisation de Jundallah, conduite par le cheikh Kanaan Nagi, et les combattants de l’influente famille Hassoun, a laissé des séquelles dans la banlieue d’Abi Samra, au sud de la ville, où les tensions persistent. Le cheikh qui avait participé, par le passé, à plus d’une lutte armée locale avait mobilisé quelque 700 combattants, les mouvements islamistes et salafistes de Tripoli ayant décidé de mener la bataille à ses côtés. Bilan: un mort et deux blessés de la famille Hassoun. Cette famille originaire de Dinniyé dont certains combattants s’étaient chargés d’expulser le mouvement Tawhid d’Abou-Samra dans le cadre d’un projet visant à réduire l’influence des sunnites du 8 mars, n’acceptera pas de se soumettre à Kanaan Nagi. La source poursuit que la nouvelle ligne de démarcation qui prend forme à Abi Samra entre les deux groupes adversaires s’inscrit dans le cadre de la répartition des quartiers de Tripoli en zones d’influence soumises chacune à un «prince» de la guerre.
Le triangle périlleux
Le Liban est coincé, suivant un rapport diplomatique, dans un triangle périlleux formé par la dramatique crise syrienne, la crainte des pays du Golfe d’être la prochaine cible des révolutions arabes en cas de règlement politique en Syrie – raison pour laquelle ils font monter les tensions communautaires dans les Etats du Croissant chiite – et la stratégie israélienne qui vise le morcellement communautaire des pays arabes conformément aux recommandations du Congrès de Herzlia (mars 2013). Ce rapport, en provenance des pays du Brics, pointe un pays du Golfe qui serait obsédé par la nécessité d’un règlement militaire en Syrie. Une politique qui entraînerait le Liban dans un chaos sécuritaire sans nom puisque les services secrets de ce pays parrainent un projet visant à mettre sur pied une armée du Liban libre en coopération avec certains cadres du Moustaqbal, alliée à l’ASL, pour créer un équilibre des forces avec le Hezbollah auquel des coups pourraient être assenés.