Magazine Le Mensuel

Nº 3051 du vendredi 29 avril 2016

Confidences Liban

Confidences Liban

Liban-CCG
La crise persiste

La crise entre le Liban et les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) est appelée à durer, de l’avis d’un ministre qui a scruté les résultats de la participation du Liban au sommet de l’Organisation de coopération islamique, malgré toutes les initiatives libanaises et toutes les médiations entreprises avec des capitales arabes pour reconstruire les ponts avec Riyad. La position du gouvernement libanais reste tributaire d’éléments d’ordre interne, à savoir la sauvegarde de la solidarité entre toutes les composantes politiques du Conseil des ministres. Ainsi, toute décision qui serait en harmonie avec l’orientation de l’Arabie saoudite peut faire imploser le gouvernement de Tammam Salam. D’après la source, les autorités saoudiennes sont conscientes que l’équilibre des forces sur la scène libanaise ne laisse aucune marge de manœuvre aux Libanais pour qu’ils puissent se solidariser avec les mesures saoudiennes, que ce soit au plan local ou régional.

 

Après les municipales, les législatives
Les élections législatives auront certainement lieu à la date prévue, affirme le président Nabih Berry, selon la loi électorale qui sera en vigueur à ce moment-là. En l’absence de consensus sur une nouvelle loi, ce sera celle de Doha qui sera appliquée. Il précise, en même temps, qu’il n’a pas perdu l’espoir de parvenir à un accord sur un nouveau mode de scrutin.
«La dernière fois, j’ai appuyé la prorogation de la Chambre, sans grand enthousiasme, mais pour une seule raison fondamentale que nul n’ignore, à savoir le respect du pacte, lorsqu’une composante essentielle du tissu politique libanais, le président Saad Hariri, s’est opposée au déroulement des législatives».

Pas de concessions
Pas de plan B pour le général Michel Aoun, et pas question de faire des concessions quelles que soient les pressions et même s’il doit se retrouver seul sur la scène, rapportent les visiteurs de Rabié. S’il reste plus que jamais attaché à l’application du pacte national, c’est parce que les développements successifs l’ont conforté dans sa thèse: le président de la République libanaise doit être largement représentatif des chrétiens, comme cela est le cas pour le président de la Chambre avec sa base chiite, et le président du Conseil sunnite.
Le général de Rabié ne semble nullement perturbé par la possibilité d’atteindre le quorum nécessaire à l’organisation du scrutin, considérant que le quorum légal ne peut émaner que d’une entente politique fédératrice. Il est, par ailleurs, confiant que nul ne peut mésestimer la majorité chrétienne issue des accords de Maarab!

Municipales: question de dates
Pour la première fois, le coup d’envoi aux municipales sera donné à Baalbeck-Hermel, c’est-à-dire ailleurs qu’au Mont-Liban. Certains expliquent cela comme suit: en cas d’incident sécuritaire – et Dieu seul sait le nombre de groupes capables de semer la tension dans cette région – les municipales seront reportées sur l’ensemble du territoire libanais, à commencer par la Montagne où l’élection est fixée au 15 mai. Si la Montagne avait été prioritaire en termes de date, les élections se seraient passées en toute sérénité entraînant leur organisation dans le reste des mohafazats au grand dam de ceux qui, au fond d’eux-mêmes, préfèrent leur ajournement!

Frangié, candidat lucide
«Je suis convaincu que mon absence de la Chambre réunie en collège électoral est illogique, et cela me gêne, mais il n’est pas possible que je participe à une séance où le défaut de quorum est prévisible. J’en sortirai fâché avec mes amis et alliés sans être élu», aurait déclaré le député Sleiman Frangié. Ajoutant qu’il était en contact permanent avec le Hezbollah au sujet de cette échéance, entre autres dossiers. «La formation chiite est engagée avec le général Michel Aoun, si jamais elle y renonce, il y a toujours Frangié. Les raisons qui motivent cette période d’expectative sont compréhensibles mais, je le répète, la concertation entre les diverses composantes de notre camp pour la mise au point d’un plan pour l’avenir est nécessaire. Je ne voudrais pas être à la place du Hezbollah qui est dans l’embarras vis-à-vis de nous et du général. Celui qui croit que le parti a le pouvoir d’influencer quelqu’un, pour l’amener à se retirer de la course, est dans l’erreur», a conclu le leader du Nord.

Dialogue autour d’un verre d’arak
Vus sur la même table chez Mehanna à Antélias, le ministre Gebran Bassil et le député Sleiman Frangié avec l’homme d’affaires Gilbert Chaghoury et «un ami commun»… Le ministre des Affaires étrangères a, par ailleurs, rencontré en début de semaine les conseillers du président Saad Hariri, Ghattas Khoury et Nader Hariri, avec lesquels il a passé en revue les sujets de l’heure. Sur un autre plan, les observateurs se demandent pourquoi le CPL a voulu introduire le Dr Naji Hayek sur la ligne Rabié-Maarab, alors que jusque-là c’était le député Ibrahim Kanaan qui était exclusivement chargé de cette mission.

Pakradouni plaide en faveur de Aoun
L’ancien ministre Karim Pakradouni insiste à dire que «le général Michel Aoun est le leader le plus représentatif de la base chrétienne, de plus son alliance avec les FL le rend encore plus représentatif. Nul ne peut ignorer cette nouvelle donnée politique ou l’outrepasser». Il ajoute: «Aoun est le président qui a la capacité de reconstruire l’Etat, il a de l’expérience. C’est aussi le plus réformateur. Pas de présidence sans Aoun et pas de présidence non plus sans le chef du Moustaqbal, Saad Hariri». Pakradouni pose aussi la question suivante: «Qui a le pouvoir de rassembler Samir Geagea et le Hezbollah? Aoun a réussi à réunir ces deux contraires. C’est donc un président fédérateur».

Tension sur la ligne Moukhtara-Yarzé
Le nouveau chef des Renseignements militaires, le général Kamil Daher, s’est rendu à Rabié à plusieurs reprises, après sa nomination, loin du tapage médiatique. Les observateurs ont remarqué aussi que la tension est à la baisse entre Rabié et Yarzé, alors qu’elle s’intensifie sur l’axe Moukhtara-Yarzé. Cette escalade serait-elle liée à l’amélioration des chances du général Jean Kahwagi au chapitre de la présidentielle, ou alors aux nominations qui touchent la communauté druze au sein de la troupe?
Le poste le plus important à combler étant celui du chef d’état-major. Plusieurs noms sont avancés à cet égard: les généraux Amine Bou Mjahed et Marwan Halawé, ainsi que les généraux Hatem Mallak et Doureid Zahreddine (qui atteint bientôt l’âge de la retraite). La loi de la Défense interdit le rappel du commandant en chef et le chef d’état-major après la fin de leurs services, ce qui nécessite la nomination d’un successeur au général Walid Salman par le Conseil des ministres (2/3 des voix) ou alors la prise en charge de la fonction qu’il occupe par l’officier qui a le plus haut grade. Quant au général Kahwagi, son mandat prend fin en septembre 2017. En tout cas, aucune vue d’ensemble ne se dégage de ces diverses échéances qui semblent interdépendantes.

 

Les Iraniens à Beyrouth
Le premier vice-président iranien, conseiller du président Hassan Rohani, était à Beyrouth où il aurait déclaré que les chefs de certains pays arabes, qui étaient à l’origine opposés à la résistance contre l’occupation israélienne, ont pris la décision de casser le dos de la Résistance libanaise. Mais, a ajouté Sadek Kharazi, les développements régionaux et internationaux les contraindront à faire marche arrière.
Il a révélé aussi que son pays fait face à trois groupes de pression: le lobby israélien, le lobby iranien à l’étranger et le lobby arabe. «Nous savons qu’il existe une coordination secrète entre ces trois groupes…». Il a, par ailleurs, reconnu l’existence d’une coopération irano-américaine pour la lutte antiterroriste et affirmé que la puissance de dissuasion de l’Iran et de la Résistance libanaise se renforce régulièrement, formulant son optimisme quant à l’avenir des relations entre «les peuples de la région».
Un autre responsable iranien est récemment arrivé à Beyrouth. Il s’agit de Mohammad Ali Chahidi, secrétaire du président iranien, dont la visite avait pour but de consolider les relations politiques et économiques entre le Liban et l’Iran.

Menaces israéliennes et équilibre des forces
Les avions militaires israéliens auraient été exposés pendant quelques secondes à des opérations d’interruption de détection radar, alors qu’ils survolaient certaines régions libanaises, comme le mentionne un rapport local. Cela prouve, sans doute, les compétences des combattants qui manient ces armes, mais aussi et surtout, l’existence de bases de missiles mobiles dotées de systèmes de brouillage de radar, du côté libanais. Le rapport précise qu’il s’agit de missiles de types Osa et Pantsir, capables d’abattre des avions qui volent à la vitesse du son à basse ou moyenne altitude, ce qui rend plus difficile la mission de l’aviation israélienne dans la conjoncture actuelle. Les menaces de destruction du Liban lors de la prochaine guerre, proférées par Israël, sont à inscrire dans le cadre de l’équilibre militaire existant entre Beyrouth et Tel-Aviv. Parce que l’équation de la sécurité du Liban contre les réservoirs d’ammonium de Haïfa, annoncée par sayyed Hassan Nasrallah, est basée sur ces données, surtout que le Hezbollah détient des missiles sol-mer de type Yakhont d’une portée de 300 km capables d’atteindre toute la côte israélienne et toucher toute cible maritime, fixe ou mobile.

Municipales: l’ombre d’Assir à Saïda
Des sources locales prêtent un rôle au ministre démissionnaire Achraf Rifi dans le mouvement mené par le groupe d’Ahmad el-Assir au niveau de la municipalité, à Saïda. L’ex-responsable des Ikhwan, Ali Cheikh Ammar, étant le personnage le plus en vue de ce mouvement, a rallié aux disciples d’Assir des éléments islamistes radicaux de Saïda.
Il n’est pas impossible que Ammar manœuvre en faveur de Bassam Hammoud, responsable des Ikhwan à Saïda, dans la perspective des élections du nouveau conseil municipal de la ville. La liste Ammar-Assir semble indépendante et ne cherche pas à dissimuler son extrémisme puisqu’elle brandit l’adage wahhabite traditionnel: «Dieu est notre but». Quant à son slogan politique, il est énoncé comme suit: «Les sunnites (Ahl al-sunna), le changement est obligatoire». L’émergence de ce nouvel acteur sur la scène vient modifier les règles du jeu. Saïda était divisée en trois blocs, celui de Bahia Hariri avec la Jamaa islamia (Ikhwan), suivi du bloc d’Oussama Saad et des partis nationaux, puis de celui de Abdel-Rahman Bizri qui siège aux côtés du bloc de Bahia Hariri au conseil municipal actuel. Il n’est pas exclu, indiquent ces sources, que le ministre démissionnaire fasse une apparition à Saïda pour se faire acclamer.

Président honorifique?
On laisse filtrer, dans les milieux d’une grande puissance, des informations issues d’un rapport sur un projet français portant sur la réduction des prérogatives exécutives de la présidence de la République, qui deviendrait une fonction honorifique, comme c’est le cas dans plusieurs autres pays. Le député Walid Joumblatt aurait communiqué des détails sur ce projet à des instances religieuses, mettant en garde contre les dangers d’une telle éventualité parce que son application signifie la révision de la Constitution à la lumière des multiples projets proposés dans la région. Cet amendement constitutionnel prévoit la réduction des prérogatives de la première présidence en faveur de la troisième, et l’octroi d’une compensation aux chrétiens en consolidant leur rôle dans le cadre des forces armées et du Conseil militaire supérieur. Par ailleurs, le même projet suggère des modifications constitutionnelles visant à établir des mécanismes pour assurer un meilleur contrôle du pouvoir exécutif par l’Assemblée nationale. Le président Rafic Hariri et le président Jacques Chirac avaient discuté d’une option similaire qui, à l’époque, avait provoqué l’enthousiasme de l’ex-ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, mais le rapprochement entre Paris et Damas, en 2008, avait renvoyé aux oubliettes ce projet rejeté par la Syrie.

 

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