Le jazz a, depuis l’année dernière, une journée qui lui est consacrée: le 30 avril. Cette année, Beyrouth se joint aux festivités en célébrant le jazz à sa manière, de différentes manières.
«Depuis plus d’un siècle, le jazz, le langage universel de la passion et de la bienveillance, a uni des peuples de cultures, de religions et de nationalités différentes. (…) Le jazz est synonyme de liberté, il symbolise la démocratie. (…) Aucune forme d’art musical n’est plus puissante que le jazz comme outil diplomatique. La Journée internationale du Jazz est un moyen de mettre en évidence, de promouvoir et d’exploiter les atouts fédérateurs de cette musique». C’est en ces termes qu’Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco, et Herbie Hancock, ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco pour le dialogue interculturel et président du Thelonious Monk Institute of Jazz, ont lancé la deuxième célébration de la Journée internationale du Jazz, dont Istanbul sera la ville hôte officielle. Cette journée est destinée à sensibiliser la communauté internationale aux vertus du jazz comme outil éducatif et vecteur de paix, d’unité, de dialogue et de coopération renforcée entre les peuples.
C’est à la suite de la Conférence générale de l’Unesco en novembre 2011, que le 30 avril fut décrété Journée internationale du Jazz. En avril de l’année suivante, Herbie Hancock et le Thelonious Monk Institute of Jazz ont piloté et organisé les événements partout dans le monde, réunissant les légendes du jazz lors de concerts phare. Au moment où plus d’une centaine de pays participaient, chacun à sa manière, à cette célébration.
Cette année, le Liban se joint à la file, en organisant des événements centrés sur le jazz et toute la symbolique et la portée que ce genre musical véhicule, comme liberté, comme dialogue, comme ouverture… Le 30 avril, rendez-vous avec le jazz, que ce soit dans le cadre de la première édition du Beirut International Jazz Day organisé par Solidere, ou de l’événement Beirut Speaks Jazz on the International Jazz Day, organisé par le pianiste et compositeur Tarek Yamani, qui a pris part l’année dernière à la Journée internationale de Jazz au siège des Nations unies à New York, jouant aux côtés des légendes vivantes que sont Herbie Hancock, Ron Carter, Richard Bona, Chaka Khan, Wynton Marsalis, Wayne Shorter…
Beirut Speaks Jazz on The International Jazz Day – DRM (Democratic Republic of Music)
Cette initiative, organisée par Tarek Yamani, est probablement la première du genre sur la scène musicale locale. Gratuite, elle vise à promouvoir et à célébrer le jazz, l’une des formes les plus sophistiquées de l’expression musicale qui se base essentiellement sur l’improvisation. Ce genre est souvent sous-estimé au Liban et dans la région, contrairement aux autres pays où il est hautement salué. Ce n’est pas le public qui est en cause, mais le fait que le jazz est souvent mal compris. Pourtant, les musiciens libanais, tout comme l’audience, sont prêts et impatients d’étreindre ce style, ils ont juste besoin de l’approcher de la bonne manière. Et c’est l’idée de base sur laquelle repose l’événement Beirut Speaks Jazz qui cherche ainsi à réduire l’écart entre les fans de tous les genres musicaux.
D’improvisations et de rencontres
Des figures importantes de la scène musicale locale, issues de la musique underground, pop, rock, alternative, arabe et jazz, seront invitées à partager la scène du DRM le 30 avril. Une manière d’exprimer leur musique sur les bases du jazz, ses harmonies et ses rythmes. Ces rencontres ouvriront de nouvelles et diverses possibilités d’écoute et d’appréciation du «nouveau public» qui sera ainsi exposé à la liberté et à l’improvisation du jazz, permettant également aux artistes de se réunir autour d’un seul projet solide. Le message de la Journée internationale de Jazz sera ainsi atteint, tout en servant le concept de la musique improvisée.
Les musiciens qui prendront part à cet événement viennent d’horizons divers: les chanteurs Hamed Sinno (Mashrou3 Leila), Zeid Hamdan, Rasha Rizk (Itar Shameh), Ghazi Abdel-Baki et Chady Nashef également à la guitare, ainsi que le guitariste Raëd el-Khazen, les saxophonistes Basel Rajoub, Nidal Abou Samra, Avo Tutunjian, les pianistes Tarek Yamani et Hani Siblini, les bassistes Elie Afif et Jean Madani, ainsi que les batteurs Dani Shukri et Paolo Orlandi venu des Etats-Unis.
Après le concert, aura lieu un bœuf, une «jam session», où tous les musiciens seront invités sur la scène. Quiconque voudrait jouer est appelé à s’inscrire sur la liste préparée à cet effet et il sera invité sur scène. La «jam session» est une ancienne tradition du jazz qui a toujours contribué à faire connaître les musiciens. Et Tarek Yamani émet le souhait que cet appel soit surtout entendu par les jeunes talents qui n’ont pas jusqu’à présent trouvé la bonne plateforme pour exceller dans leur pratique musicale en général et le jazz en particulier. Ce sera l’occasion de se faire connaître par le public et par les musiciens qui ont déjà une longue expérience derrière eux.
Le rendez-vous est fixé au DRM, à 21h, entrée gratuite.
Beirut International Jazz Day – Rue Uruguay (centre-ville)
Organisé par Solidere en collaboration avec l’Unesco, Beirut International Jazz Day se veut purement libanais dans sa première édition, comme l’explique Randa Armanazi, chargée des relations publiques et de la communication au sein de Solidere, lors de la conférence de presse qui a eu lieu le 17 du mois. Organisant depuis 2004 le Festival international de jazz de Beyrouth, Solidere tient ainsi, toujours selon Randa Armanazi, à mettre en avant les talents locaux et à placer Beyrouth sur la carte mondiale de la culture.
Tous les mélomanes sont ainsi conviés à se diriger vers le centre-ville, le 30 mai, à la rue Uruguay, au centre-ville, en face du jardin Samir Kassir pour voir et entendre se succéder, dès 19h, six formations libanaises, chacune occupant l’espace pour une heure environ.
Raëd el-Khazen trio: ne pas être coincé dans un style musical et ne pas perdre l’identité de la région de laquelle on vient: telle est l’essence du jazz, selon le guitariste Raëd el-Khazen qui présentera, avec le bassiste Bashar Farran et le batteur Dani Shukri, ses compositions originales, un mélange de pop, funk, blues, rock et jazz rassemblés dans un «esprit local».
Troïka: formation récente de jazz, Troïka est inspirée de l’ère de Birth of cool, présentant des compositions de jazz traditionnel avec un twist oriental. Un combo de batterie, basse et guitare prouvant que «the Bird is still flying high»…
The Real Deal Blues band: fondé par Hani Alayli, il y a 16 ans déjà, The Real Deal Blues band est l’un des groupes de blues les plus établis sur la scène locale et régionale, avec un répertoire inspiré du Blues de Chicago des années 50, 60 et 70.
Arthur Satyan sextet: regroupant Arthur Satyan (piano), Thomas Horning (saxophone ténor), Elias Moualem (saxophone baryton), Raffi Mandalian (guitare), Makram Aboul Hosn (contrebasse) et Arnaud Oeggerli (batterie), le sextet fera résonner ses rythmes de swing, latin, et jazz moderne, de Charlie Parker à Wayne Shorter, jusqu’aux compositions originales d’Arthur Satyan.
Walid Tawil quartet: batteur et professeur de batterie depuis des années, Walid Tawil a joué aux côtés de divers musiciens internationaux, à l’instar de Larry Coryell, Victor Baily… et de musiciens locaux.
Little Tomatoes: Marie-Anne Chenaihi à la voix et la guitare acoustique, Rafi Hawi à la basse et Marc Ernest au piano et à l’accordéon travaillent ensemble depuis environ un an. Venant d’horizons différents, les membres de Little Tomatoes s’intéressent aux arts, essentiellement l’architecture et la musique sous toutes ses formes, ses sons et ses sonorités.
Nayla Rached