Ghazi Aridi mis à l’écart
Où est donc passé le ministre Ghazi Aridi? Tous les dossiers et contacts politiques gérés par Aridi auraient été confiés par Walid Joumblatt à Waël Abou Faour. C’est pourquoi le ministre des Affaires sociales du gouvernement démissionnaire s’occupe aujourd’hui des pourparlers politiques. Il se déplace ainsi de Baabda à Aïn el-Tiné, en passant par Mousaytbé et la banlieue sud. On ignore le pourquoi de la mise à l’écart de Aridi qui a pris l’initiative d’annoncer, à la demande du chef de son parti, qu’il ne sera pas candidat aux prochaines législatives. On raconte à cet égard que le courant ne passe pas entre Ghazi Aridi et Taymour Joumblatt, et que l’absence d’alchimie entre les deux hommes est l’un des facteurs qui ont joué en défaveur du ministre des Transports. Selon un ministre, il y aurait eu une altercation verbale entre ce dernier et son collègue Abou Faour à Moukhtara, la semaine passée, qui s’est achevée par la sortie de Aridi, en colère. Cette redistribution des rôles était claire lorsque Abou Faour s’est rendu au palais présidentiel, suivi de Aridi, et que les informations officielles ont indiqué que «le président Sleiman avait discuté avec ce dernier des affaires relatives à son ministère et, avec le premier, des développements politiques dans le pays».
Rallonge de cinq mois pour Fadel
Le ministre de la Défense, Fayez Ghosn, a prorogé le mandat du directeur des Renseignements, le général Edmond Fadel, jusqu’au 5-9-2013, après que le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, eut menacé de démissionner et de quitter son poste en même temps que Fadel dont le mandat avait été renouvelé une première fois par le ministre pour un mois seulement. Un député, présent à la réunion de Bkerké, révèle que le général Michel Aoun a blâmé le député Sleiman Frangié pour l’approbation de cette décision par le ministre Ghosn, décision à laquelle le chef du CPL était opposé. Il a d’ailleurs fait savoir à son allié du Nord qu’il n’acceptera pas le renouvellement des mandats du commandant en chef de l’armée et des cadres des Forces de sécurité intérieure (FSI), à l’instar du cas Rifi. Aoun argue du fait qu’il existe des officiers compétents capables d’assumer des responsabilités et qu’il est injuste de les priver de ce droit. Les députés du 14 mars attendent la formation du gouvernement Salam pour soulever cette question délicate.
La fille d’un ex-dirigeant arabe refoulée
Les départements de la Sûreté générale à l’aéroport Rafic Hariri de Beyrouth ont interdit l’entrée au Liban de la fille d’un ex-haut dirigeant arabe, en raison de l’existence de mandats d’arrêt internationaux émis contre elle et contre ses parents. Des personnalités juridiques et sécuritaires seraient intervenues pour régler l’affaire. L’accord final conclu a stipulé le départ de la fille de l’ex-responsable de l’aéroport sans que les autorités procèdent à son arrestation, parce qu’elle n’a pas foulé le sol libanais (!).
Quelle solution pour les réfugiés syriens?
Avec la multiplication du nombre de déplacés syriens au Liban et, dans la perspective de l’arrivée d’un nouveau flot avec l’intensification des batailles à Homs et dans le Rif de Damas, les autorités libanaises songent à aborder ce dossier d’une façon nouvelle plus adaptée à la gravité de la situation. Elles insisteraient sur deux points: l’internationalisation du dossier relatif à l’afflux des réfugiés et son transfert devant le Conseil de sécurité, en coordination avec la Jordanie, en vue d’organiser un congrès international consacré à cette crise humanitaire. Deuxièmement, l’implantation de camps pour les déplacés afin de mettre un terme à leur présence chaotique sur le territoire. L’idée, rejetée au départ en raison des antécédents en la matière avec les Palestiniens, est aujourd’hui envisagée vu le nombre croissant de Syriens réfugiés au Liban.
Achraf Rifi se recycle en politique
La prorogation du mandat du commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, est désormais indépendante de celle du mandat de l’ex-directeur général des FSI, le général Achraf Rifi, qui se prépare à intégrer la vie politique, soit en présentant sa candidature pour l’un des sièges parlementaires sunnites de Tripoli, sur la liste du Moustaqbal, soit par le biais d’un portefeuille ministériel qu’il obtiendrait en tant que représentant du Moustaqbal au sein du nouveau gouvernement de Tammam Salam.
«Si vous avez des noms…»
La visite que la coalition du 8 mars a pris l’initiative de rendre au Premier ministre désigné Tammam Salam, à son domicile, a une portée politique certaine, selon des sources. Le mouvement du 8 mars a ainsi voulu afficher sa position unifiée face à la formation du nouveau cabinet. La rencontre a été qualifiée de fiasco par ces sources, malgré le climat de courtoisie qui a régné pendant 90 minutes. Les représentants du Hezbollah, du mouvement Amal, du CPL et du Tachnag ont entendu un beau discours patriotique, mais aucun propos à caractère politique. Ils auraient même perçu que le président du Conseil désigné était enfermé dans un cadre qui l’empêchait de prendre une quelconque initiative. Aucun détail n’a été abordé durant cette rencontre, ni la composition du gouvernement, ni la distribution des portefeuilles… Mais la délégation a été étonnée, au moment de quitter Mousaytbé, d’entendre le président Salam lui dire sur le perron: «Si vous avez des noms à proposer, envoyez-les moi!».
Mariage civil: on tâtonne
Le ministre de l’Intérieur a sollicité du Haut Comité consultatif relevant de son ministère, un avis au sujet de l’enregistrement du contrat de mariage de Khouloud Succariyé et Nidal Darwiche dans les registres officiels, les avis sur la question étant fort disparates. Le ministre Marwan Charbel avait pris la décision d’enregistrer l’union du jeune couple dans les registres officiels des mariages civils contractés à l’étranger. Une première au Liban.
Qui a livré la liste des témoins?
Le président du tribunal international, chargé de l’enquête sur l’assassinat du président Rafic Hariri, William David Baragwanath, a évoqué les fuites relatives à la liste des témoins présumés publiée dans la presse, avec le procureur général, Hatem Madi. Ceci avait pour but de jeter le discrédit sur le tribunal et d’intimider les témoins pour les empêcher de dire la vérité, a dit le juge international. Le magistrat Madi a répondu que le Liban n’est pas impliqué dans cette affaire. Les infiltrations n’ayant pas eu lieu sur son territoire, le parquet n’a pas le pouvoir d’agir tant qu’aucune plainte ne lui est parvenue, ou tant que le tribunal international n’a pas soumis à la justice libanaise une demande officielle à ce sujet. Le président Baragwanath a assuré qu’une requête dans ce sens sera présentée au magistrat libanais. Le courant du Moustaqbal avait, pour sa part, porté plainte devant le parquet général qui a entamé une enquête sur cette affaire. Les milieux du tribunal international pensent que le Hezbollah pourrait être à l’origine de ces fuites.
Les réseaux terroristes fleurissent
La politique de distanciation est mise encore à rude épreuve, à en croire des rapports diplomatiques qui révèlent que le Liban a servi de couloir pour des éléments terroristes détenteurs de faux passeports européens dont des kamikazes qui auraient, par la suite, exécuté des attentats suicide en Syrie. Un diplomate des pays du Brics fait remarquer que les réseaux terroristes transfrontaliers se sont développés au cours des deux dernières années s’étendant à l’extérieur de la région du Moyen-Orient. Il pointe du doigt en particulier l’intégration des éléments d’al-Qaïda au nouveau pouvoir en Libye qui crée de graves menaces sécuritaires dont les ondes auraient atteint plusieurs pays de la région, le Liban inclus. Citant un haut responsable sécuritaire arabe, le même diplomate signale que les chefs de ces réseaux enrôlent de jeunes adolescents dont l’âge ne dépasse pas les 16 ans, qui ne parlent pas l’arabe, et auxquels ils font croire que les opérations menées visent Israël. Il met en garde contre l’insistance de certains pays européens et arabes à transformer le Liban en terre «d’al Nosra». Ces rapports ont coïncidé avec l’arrestation de réseaux terroristes liés à al-Qaïda en Turquie et aux Emirats arabes unis.
Echanges diplomatiques entre Riyad et le Hezbollah
La rupture totale entre l’Arabie saoudite et le Hezbollah ne tient plus. Une source ministérielle révèle que si l’intervention téléphonique de l’ambassadeur Ali Awad Assiri sur la chaîne al-Manar est significative, il faut savoir qu’il existe d’autres contacts à d’autres niveaux entre les deux parties. Ainsi, le Dr Hassan Khalil a reçu à son domicile, autour d’un dîner, certains pôles du 8 mars et l’ambassadeur d’Arabie saoudite qui ne cache pas sa volonté de rencontrer prochainement et publiquement le Hezbollah. La source parle également de contacts ininterrompus entre le Hezb et Riyad, loin des feux des projecteurs, menés exclusivement par le responsable des relations arabes au sein de la formation chiite, le cheikh Hassan Ezzedine. Ce dernier a d’ailleurs appelé l’ambassadeur Assiri pour saluer son intervention sur al-Manar. Pour la même source, il faudrait que ces échanges de courtoisie à caractère diplomatique se traduisent concrètement parce que Riyad, seule, a la latitude de convaincre le Moustaqbal d’accepter un cabinet de partenariat national. L’ambassadeur saoudien au Liban avait confirmé l’existence de contacts entre le Hezbollah et l’ambassade, assurant: «Nous traitons avec tout le monde de manière positive et souhaitons la bienvenue à tout visiteur».
Ambassadeur compréhensif
La visite du ministre Gebran Bassil à l’ambassade d’Arabie saoudite à Beyrouth a été entreprise à la demande de l’ambassadeur Ali Awad Assiri après un contact téléphonique entre les deux hommes. Ce n’était pas la première invitation du genre adressée à Bassil, avancent des sources informées, sachant que c’est l’ambassadeur Assiri qui a prévenu les médias qui ont couvert la rencontre, comme pour donner à l’opinion publique l’impression que le royaume entretient de bonnes relations avec toutes les forces politiques au Liban. La coalition du 14 mars a été prise de court par cette visite et n’a pas voulu l’interpréter comme un changement d’attitude des Saoudiens, mais de la politique suivie par les «aounistes». Assiri, indiquent ces sources, s’était rendu à Rabié et au ministère de l’Energie à plusieurs reprises, et il a été très positif lors de son entretien avec «le responsable des relations politiques du CPL», se montrant fort compréhensif et sensible aux équilibres internes délicats du Liban.
Armes saisies à Aïn Zhalta
Les armes saisies par les Renseignements de l’armée dans le village de Aïn Zhalta, il y a deux semaines, appartiendraient, d’après une source du Chouf, à l’arsenal militaire du Parti socialiste progressiste dont une partie est dissimulée dans ce village. Le député Walid Joumblatt a, depuis longtemps, réparti les armes qu’il possédait sur plusieurs lieux, dont une partie à Aïn Zhalta, incluant des armes de lourds, moyens et petits calibres, ainsi que des munitions et des équipements militaires dont certains avaient servi lors des guerres de la Montagne, de Beyrouth et dans les camps. Il aurait été impossible de sortir cette quantité d’armes saisie sans la permission de Walid bey, affirme la source qui dit que parmi les personnes arrêtées dans cette affaire figure un haut responsable du parti, ainsi qu’un second qui ne s’est pas présenté devant la justice et que le leader druze ne souhaite pas livrer aux services concernés… Les Renseignements de l’armée avaient mis la main sur une fourgonnette transportant des canons, des roquettes, des RPG 10 et des munitions. L’opération, au cours de laquelle un échange de coups de feu a eu lieu, a fait une victime.