Magazine Le Mensuel

Nº 3045 du vendredi 18 mars 2016

Confidences Liban

Confidences Liban

Le Liban, pomme de discorde
L’Administration du président Barack Obama exerce des pressions sur l’Arabie saoudite pour l’amener à cesser de sanctionner économiquement le Liban pour se venger du rôle politique croissant que prend le Hezbollah soutenu par l’Iran, c’est ce que rapporte le Wall Street Journal, citant des responsables arabes. Le Liban, affirme le quotidien, constitue le point de divergence le plus récent en matière d’affaires étrangères entre ces vieux alliés que sont Riyad et Washington, surtout par rapport au rôle régional de l’Iran. Des diplomates américains de haut niveau, dont le secrétaire d’Etat John Kerry, ont secrètement mis en garde l’Arabie et d’autres pays du Golfe contre tout type d’aventure visant à perturber la stabilité économique du Liban, les accusant de surréagir à la situation. Les mesures irréfléchies adoptées, rajoute un diplomate, risquent de propulser encore plus le Liban dans les bras de Téhéran, assurant que les aides américaines à l’Armée libanaise sont maintenues «pour ne pas laisser le champ libre au Hezbollah et ses parrains».

 

Koweïtiens, Omanais et le Hezbollah
Les canaux de communication entre des personnalités koweïtiennes et omanaises d’un côté, et le Hezbollah de l’autre, n’ont jamais été rompus, même après la résolution du Conseil de coopération du Golfe (CCG) d’accoler à ce dernier l’étiquette de terroriste, affirme-t-on dans les cercles de Haret Hreik. Le parti chiite a programmé, cette semaine, une série de visites à un nombre d’ambassades arabes à Beyrouth dans le but de les remercier pour «leur objectivité et la volonté de leurs gouvernements de se différencier des capitales qui n’arrêtent pas d’attaquer le Hezbollah!».

Réunification sunnite
Au moment où l’on enregistre une nette amélioration des rapports du président Saad Hariri avec l’ex-Premier ministre Najib Mikati, les ex-ministres Fayçal Karamé, Mohammad Safadi et Abdel-Rahim Mrad, la distance qui sépare le Moustaqbal de la Jamaa islamia reste la même… Ce vent de rapprochement ne soufflera pas non plus en direction du Sud pour englober le leader Oussama Saad, comme l’expliquent les observateurs, parce que le Futur le considère toujours allié fidèle du Hezbollah.

Le bras de fer se poursuit
L’Arabie saoudite est déterminée à durcir sa position vis-à-vis du Hezbollah qu’elle a inscrit sur la liste des organisations terroristes, cela en prenant des mesures concrètes aux niveaux politique, financier et médiatique. C’est dans cette perspective que les ministres de l’Information des pays membres du Conseil de Coopération du Golfe, invités à une réunion à Riyad, ont insisté sur «l’adoption de mesures légales contre les chaînes médiatiques qui appellent au chaos et à la violence». Ces mesures seront appliquées aussi aux sociétés de production qui collaborent avec ces chaînes. En revanche, le Hezbollah semble décidé à poursuivre la confrontation, selon ses sources, et se dit fier d’avoir réussi à absorber les conséquences de cette agression dont il fait l’objet. Haret Hreik estime avoir gagné la première manche de la bataille médiatique. Si Riyad a voulu creuser le fossé entre le Hezbollah, d’une part, et les Libanais et l’environnement chiite, de l’autre, il n’a en fait réussi qu’à brouiller les relations libano-saoudiennes et à mettre en exergue les divergences entre le royaume wahhabite et plusieurs pays arabes au sujet de l’apposition du qualificatif de terroriste au parti chiite.

Trois négations libanaises
Trois négations définissent la situation interne au Liban, d’après une source diplomatique.
– L’inexistence de vision ou d’horizon politique au double plan interne et externe.
– L’absence de fondements d’un Etat après l’échec du gouvernement dans la mission qui lui a été confiée.
– L’absence d’élection présidentielle parce que l’axe iranien attend la décantation du contexte syrien.
L’échéance présidentielle, poursuit cette même source, est devant l’alternative suivante: la prolongation du vide en attendant l’aboutissement de la médiation turque pour adoucir le climat entre l’Arabie et l’Iran. Ou l’organisation d’élections législatives avant la présidentielle, probablement sur base de la loi électorale actuellement en vigueur, qui seront suivies de la reconstruction de l’Etat.

Service paralysé
Voilà sept mois que l’organe de Sûreté de l’Etat est paralysé sans qu’émerge une position chrétienne concrète pour défendre cette institution qui s’inscrit dans les équilibres institués par les accords de Taëf, souligne-t-on dans les milieux grecs-catholiques, d’autant plus que le président Nabih Berry avait promis, il y a quatre mois, au général Michel Aoun de régler ce litige.
Une délégation du Conseil supérieur des grecs-catholiques a abordé la question avec le président Saad Hariri. Le ministre Michel Pharaon et le général à la retraite, Charles Atta, ont exposé en long et en large les tiraillements entre les cadres de cette institution paralysée en raison de l’attitude négative du vice-directeur, le général Mohammad Toufaily, due à la position du tandem Salam-Bouji. La solution, ont dit les membres de la délégation, passe par l’activation de cet organe plutôt que par son blocage via une décision gouvernementale.

Le Parlement divise
A partir de la première moitié du mois de mars, le Parlement devra faire face à une échéance, celle de la première session ordinaire qui se prolongera jusqu’à la fin du mois de mai, à l’heure où le président Nabih Berry souhaite convoquer l’Assemblée à des séances législatives successives avec le début de cette session. Les Forces libanaises (FL), pour leur part, restent attachées à l’engagement pris par le président Saad Hariri à la veille des séances de «la législation d’urgence», en novembre passé, qui donnait la priorité en la matière à la loi électorale vu la vacance présidentielle. Toute nouvelle alliance ne peut pas éliminer les engagements pris entre les alliés, avancent les FL. Alors que les sources du Moustaqbal temporisent en s’abstenant de se prononcer au sujet de la réactivation de la Chambre des députés… le chef de l’Assemblée se dit non concerné par les engagements adoptés par les uns et les autres, estimant qu’il est de son devoir de convoquer les députés à l’ouverture de la session ordinaire du Parlement.

Danger à Aïn el-Heloué
Visite express du ministre Nouhad Machnouk en Jordanie où il s’est réuni avec le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Les deux responsables ont passé en revue les développements de dernière heure et, particulièrement, la situation dans les camps palestiniens au Liban. Abbas a réitéré sa disposition à déployer tous les efforts possibles afin de sauvegarder la stabilité dans les camps et à établir les meilleures relations avec le gouvernement libanais. Les propos du secrétaire général des Ansarallah, Jamal Sleiman, à Aïn el-Heloué sur les dangers d’une implosion du camp qui abrite des éléments perturbateurs ont interpelé les observateurs. Ce discours concorde avec les informations obtenues par l’Etat libanais sur l’entrée d’étrangers suspects dans le camp pour y semer le trouble.

 

Daech s’incruste dans les milieux familiaux
Un expert en matière de terrorisme met en garde contre l’enracinement des réseaux terroristes dans les milieux familiaux libanais ou présents dans le pays. Ce phénomène, dit-il, n’est pas l’apanage de la société libanaise, il touche d’autres pays et, particulièrement, l’Arabie saoudite. L’expert commentait ainsi l’arrestation de Yasser Ali Ghandour à son domicile à Saadnayel où les Renseignements de l’armée ont saisi des ceintures d’explosifs. Il a souligné, par ailleurs, que les agents de l’armée ont réussi à identifier les deux acteurs terroristes proférant de graves menaces contre le Liban dans une vidéo diffusée, il y a quelques jours. Selon des rapports officiels, il s’agit des Libanais Bassam Baytiyé (de Souaïka-Tripoli) né en 1984, habitant de Bab el-Tebbané, et de Omar Satem (de Wadi Khaled-Akkar) né en 1987. Ce dernier fait partie d’un groupe familial daechiste, avec son cousin, Mohammad Satem, qui a exécuté plusieurs missions sécuritaires au Nord, avant de fuir vers Rakka en Syrie. Omar et Mohammad sont également liés par un cousinage avec le kamikaze Koteiba Satem qui s’est fait exploser dans un attentat à la voiture piégée dans la banlieue sud en 2013.

 

Les déboires de l’UNRWA
Les salaires des fonctionnaires de l’UNRWA pompent 85% du budget de cette organisation internationale essentiellement financée par les Etats-Unis et le Canada. La corruption est telle que les employés de certaines institutions, qui ont mis depuis un temps la clef sous la porte, continuent à recevoir leurs payes. Les sources palestiniennes qui lancent ces accusations dénoncent, par ailleurs, la gestion de la reconstruction du camp de Nahr el-Bared. Ce projet d’un coût de 400 millions de dollars est supposé être complètement achevé dès l’année prochaine or, juste 60% des travaux prévus ont été exécutés jusqu’à présent. Elles rajoutent que des analystes américains estiment que la branche libanaise de cette institution internationale est la plus inefficace comparativement à ses semblables dans les territoires occupés, ou en Jordanie et ailleurs. La suspension des services sous prétexte de manque de fonds équivaut à un chantage social et politique fait aux pays donateurs, pensent ces experts, parce que l’UNRWA accuse un manque de transparence financière, mais aussi parce que la conjoncture régionale est favorable aux parties qui veulent étouffer la cause des réfugiés palestiniens, dont le droit au retour est inscrit dans la résolution 194 du Conseil de sécurité qui prévoit aussi la création de l’UNRWA. Israël, concluent les sources, est le principal bénéficiaire de la réduction des activités de cette organisation.

 

Les paris perdus du bey
Le député Walid Joumblatt est fort inquiet. Certains milieux de la Montagne affirment qu’il craint un renversement radical des relations libano-syriennes au cours de la prochaine étape et la fin du «printemps libanais» qu’il a mené contre Damas et Téhéran depuis 2005. Toutes les frictions qu’il a cultivées avec ces deux pays ne lui auront apporté aucun résultat positif au plan politique, surtout avec les Iraniens qui ont expérimenté les volte-face de ce responsable libanais et son opportunisme malgré les lourds tributs payés pour stabiliser ses humeurs politiques. Joumblatt, selon l’analyse des mêmes milieux, sait très bien que l’heure des compromis internes au Liban n’a pas encore sonné et, peut-être, ne sonnera pas de sitôt. Son insistance à vouloir poursuivre la bataille présidentielle avec le candidat Henri Hélou, après sa bataille perdue avec le candidat Sleiman Frangié, n’est qu’une manœuvre interne qui n’a aucune valeur avec la vague des tempêtes géopolitiques qui grondent dans les pays arabes, en Turquie et même en Iran et en Europe. Ces secousses touchent fortement le Liban, et avec chacune, la marge des manœuvres traditionnelles se rétrécit, surtout pour Joumblatt. Le chemin du retour que préserve le leader druze avec le président Nabih Berry… aurait besoin d’être bien balisé.

 

Le machisme des politiques libanais
Des activistes expérimentés ont classé la réponse de l’ex-député Wiam Wahhab à l’adresse de Véra Yammine, membre des Marada, dans la case du discours machiste qui règne dans le milieu politique. Oser s’adresser aux femmes en recourant à des allusions d’ordre sexuel est une méthode dont l’objectif est de les décourager de participer à la vie politique. D’après ces militantes, même si Yammine n’a pas ménagé Wahhab, rien ne justifie qu’il la traite de «laide». Les mots dont il a fait usage constituent une agression morale et mettent en exergue le complexe de supériorité masculine de l’ex-ministre, complexe qui s’applique aussi à la majorité de ses pairs. Les activistes rappellent l’épisode new-yorkais lorsque le ministre Gebran Bassil avait «insulté» Caroline Ziadé, consule du Liban, en la présentant comme un objet de séduction à son homologue émirati. Sans oublier la célèbre déclaration du ministre Achraf Rifi qui a dit: «Nous ne pouvons pas porter des jupes pour défendre la dignité de Tripoli», comme pour souligner que dignité et féminité sont antinomiques.

 

 

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