Pour le député des Forces libanaises Antoine Zahra, si une loi est adoptée avant le 19 mai, les élections pourraient avoir lieu en octobre. Entretien.
Comment avez-vous compris la réponse négative mais diplomatique du PSP au projet électoral du président Nabih Berry?
L’aspect positif est que les contacts et le débat se poursuivent. Si les informations qui ont filtré sont exactes, le président Berry aurait proposé le vote par voix unique dans un système majoritaire. Bien que je ne connaisse pas les détails de l’entretien, le PSP aurait émis des réserves.
Vers quel système électoral penchent les Forces libanaises?
Les Forces libanaises se sont déclarées à maintes reprises favorables au système des 55% de votes majoritaires et 45% à la proportionnelle. Il existe une formule que nous étudions avec nos alliés portant sur ces pourcentages et sur la base de vingt-six circonscriptions qui se trouve traditionnellement dans la loi de 1960 et six circonscriptions à la proportionnelle.
Le CPL dit ne pas avoir de problème à revenir à la loi de 1960…
Ceci prouve que tout ce qu’ils ont dit sur les lois électorales n’était que surenchère car le seul interdit sur lequel il y a une unanimité libanaise c’est le retour à la loi de 1960. Le CPL, qui a fait la promotion «des droits des chrétiens», revient au projet de 1960. Ce n’est pas l’intérêt de la nation qui lui importe mais sa forte représentativité.
Si le projet de la Rencontre orthodoxe est soumis au vote parlementaire le 15 mai, quelle sera la position des Forces libanaises?
Nous verrons si cela arrive. Actuellement, nous œuvrons sérieusement à trouver une loi consensuelle à la lumière de tous les projets proposés à ce jour.
Que prépare selon vous le président Berry pour la séance parlementaire du 15 mai?
Le président Berry, connu pour son expérience du jeu parlementaire et des équilibres qu’il tente de maintenir malgré son appartenance politique, cherche à parvenir à un accord. Les opportunités de s’entendre sur une loi mixte ne manquent pas à condition que les forces du 8 mars aient le courage et la force de convaincre leur allié, le général Aoun, qu’il ne s’agit plus d’un simple jeu politique et d’une manœuvre électorale mais bien du sort du pays.
Peut-on être sûrs que les élections auront lieu à la date prévue?
Sûrement pas. Même si la loi est votée, elle ne peut être appliquée avant quatre à cinq mois. Le président Berry ne participera pas au fait accompli: ni Parlement ni élections. Si, par malheur, des pressions exercées sur le président Berry lui faisaient remettre la séance parlementaire, nous nous réunirions pour la lui réclamer au nom de la démocratie, du respect de l’alternance au pouvoir et du droit des citoyens à choisir leurs responsables politiques dans un délai raisonnable à travers l’institution mère, la démocratie. Mais sans me tromper, je peux dire que les élections n’auront pas lieu le 16 juin.
Le général Aoun a déclaré qu’il refusait le renouvellement du mandat parlementaire car il refuse celui du président de la République…
Nous refusons tous la prorogation du mandat parlementaire. Nous parlons de trois à quatre mois de report. Si, avant le 19 juin, nous parvenons à nous entendre sur une loi, nous pourrons organiser des élections en octobre. Ce serait donc une prorogation technique pour éviter le vide. Lorsque le général Aoun dit ne pas accepter la prorogation, alors qu’il sait que les élections ne sont pas possibles, il semble négliger la gravité du danger que le vide ferait risquer au pays. Il l’avait déjà déclaré mais c’était un autre temps où il était chef d’un gouvernement de trois ministres et où il détenait le pouvoir absolu.
Qu’arrivera-t-il si l’invalidation concernant la suspension des délais électoraux est acceptée par le Conseil constitutionnel?
Supposons que l’invalidation soit acceptée, cela voudrait-il dire que ceux qui ont présenté leurs candidatures sont élus d’office?
Ceci ne posera-t-il pas problème?
Certainement. Si l’invalidation est acceptée, nous aurions un Parlement tronqué et des dizaines de sièges vides.
La formation du gouvernement semble reportée et même bloquée. Le général Aoun refuse le principe de l’alternance des portefeuilles…
Le général Aoun se trouve dans l’impasse, son allié le Hezbollah s’étant impliqué dans le conflit syrien, aucun des partis du 14 mars n’accepterait de siéger dans un gouvernement où le Hezbollah serait représenté directement.
Que dites-vous de l’exigence du général Aoun d’avoir six ministres dans le gouvernement?
Le général Aoun devrait être plus modeste. Les circonstances ne permettent pas de telles exigences.
A votre avis, le président Salam pourra-t-il refuser de donner aux forces du 8 mars le tiers de blocage dans le gouvernement?
Le gouvernement tel qu’envisagé par le Premier ministre désigné et le président de la République n’est pas celui des blocages ni des veto.
Propos recueillis par Saad Elias