Magazine Le Mensuel

Nº 2895 du vendredi 03 Mai 2013

Expositions

Aquarelles libanaises. L’Association des artistes fait peau neuve

Du 18 au 28 avril dernier, l’exposition Aquarelles libanaises s’est déroulée dans les locaux de l’Association des artistes libanais, avant de se rendre à Tripoli, du 2 au 4 mai. Un événement qui sonne le départ d’une saison riche en rendez-vous artistiques pour l’association.

Dans son local, un temps oublié du grand public, rue Verdun, l’Association des artistes libanais (peintres et sculpteurs) a mis à l’honneur, au mois d’avril, sept aquarellistes libanais confirmés: Jacqueline Ohanian, Rached Bohsali, Atef Tohmé, Ali Shams, Antoine Matar, Fouad Jawhar et Michel Rouhana.
Le thème de cette exposition: la technique et la qualité des toiles d’aquarelle. Et c’est de cette technique picturale dont est tombée amoureuse Jacqueline Ohanian, forte de quarante ans de métier. «L’aquarelle fait partie de notre héritage, dit-elle. Mustafa Farroukh, Omar Onsi, Habib Srour et tant d’autres s’y sont prêtés avec talent. J’aime la façon dont les couleurs se conjuguent et capturent la lumière. J’aime mettre en avant ses effets. Il y a toujours un jeu de transparence». Mais attention, pas de repentir possible avec l’aquarelle, une fois que la couleur humidifie le papier, il n’y a plus de retour. «Il faut peindre en une fois», souligne-t-elle. Avec ses pinceaux, elle retrace les problèmes migratoires des jeunes, revisite les thèmes de l’identité et des traditions. «Les paysages du Liban nous aident beaucoup dans l’aquarelle, c’est notre meilleur modèle car tout y est pastel».
 

A chaque œuvre son histoire
Des paysages libanais, dont s’inspire également Michel Rouhana, pour ainsi dire la muse de ses quelque 1500 tableaux réalisés depuis le début de sa carrière. L’artiste aime donner à ses toiles une impression d’infini, ces dernières représentant pourtant des paysages bien réels. «L’aquarelle donne un climat de pureté et de tendresse. Ses couleurs vibrent, c’est une musique pour les yeux», déclare-t-il, affectionnant particulièrement la lumière d’Orient, tout comme Atef Tohmé. «Je respecte dans toutes mes œuvres le soleil du Liban, extrêmement riche», dévoile-t-il. De ses peintures présentes à l’exposition, un message commun se dégage: montrer la tolérance entre les différentes communautés du Liban. «C’est un sentiment réel, seule la politique sépare les gens», souligne-t-il. Pour Atef Tohmé, l’aquarelle possède une sensibilité permettant de transmettre une charge d’émotions, idéale pour peindre des sujets empreints de la vie quotidienne, à l’instar de sa toile représentant Ahwet el Azez, sur l’ancienne place des Martyrs. «C’était un monument beyrouthin symbolique, explique-t-il. De plus, le café est l’endroit par excellence où on discute avec l’autre et où on le respecte. J’ai décidé de peindre ce café de l’extérieur pour montrer son architecture et mettre en scène les personnes des différentes couches sociales qui s’y dirigent, en reconstituant les plus petits détails d’époque, comme ses tables en marbre soutenues par du fer forgé». Plus qu’une œuvre d’art, c’est un travail de mémoire qu’a souhaité réaliser l’artiste.
Un espace de partage voulu par le nouveau président de l’Association des artistes, Elias Dib. «Cette exposition marque notre nouvel état d’esprit dynamique et positif, déclare-t-il. Chaque mois, nous organiserons une exposition solo ou collective d’artistes libanais ou arabes. Le programme de l’année prochaine sera quasiment réservé aux femmes et permettra de mettre en avant les causes qui les concernent». A l’instar des Aquarelles libanaises, d’autres expositions devraient, au cas par cas, se prolonger à Tripoli au centre culturel de la Fondation Safadi, avec qui un partenariat a été décidé.
«Il était temps que les artistes aient leur salle, s’exclame Agnès Dib. L’un des mots d’ordre de cette première exposition était d’ailleurs de montrer que ce local de l’association est utile».
Une dynamique qui enthousiasme d’ores et déjà Michel Rouhana. «Nous avons débuté d’un très bon pied avec cette exposition. Tout le monde a salué la nouveauté et le changement entrepris. Rares sont les regroupements de peintres d’aquarelles, c’était un rêve pour moi de participer à un tel événement. Chacun avec son style, chacun avec son expérience».

Delphine Darmency

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