Magazine Le Mensuel

Nº 2896 du vendredi 10 mai 2013

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Cité du Vatican. Retour dans le temps

Bien que très puissant, l’Etat du Vatican n’en reste pas moins le plus petit Etat au monde avec 44 hectares de superficie et une population de 832 habitants. Enclavée dans la capitale italienne, Rome, la Cité du Vatican est la résidence du pape, chef de l’Etat, et de son gouvernement. Le pape est à la tête de l’Eglise catholique qui compte un peu plus d’un milliard de fidèles à travers le monde. Visite dans la demeure de Sa Sainteté le pape François.
 

L’Etat du Vatican ne date que de 1929, mais son Histoire remonte à bien plus loin dans l’Antiquité. A l’est de la colline du Janicule et de l’actuel Mont Mario, s’étend ce que l’on appelait dans l’Antiquité l’ager Vaticanus: petite plaine aux bords d’un fleuve. Selon les étymologistes, ce nom de Vaticanus tirerait son origine du mot Vaticinium en latin, qui signifie oracle, en hommage aux nombreux devins qui y auraient vécu… D’autres parlent d’une ville étrusque nommée Vaticum, qui aurait existé jadis. Les versions diffèrent mais le fait est que la colline et l’Ager du Vatican ne furent jamais, dans l’Antiquité, situés à l’intérieur des murs de Rome. Un quartier s’y éleva, néanmoins, autour des fameux jardins impériaux créés par Caligula et après l’incendie de Rome, Néron éclaira la ville avec des chrétiens enduits de poix en guise de torches. Caligula y construisit un cirque avant que la basilique Saint-Pierre n’y fut bâtie par Constantin.
L’Histoire du Vatican commence en réalité au IVe siècle, mais les frontières de la puissance de la papauté évoluent au fil des siècles. Les papes, dans leurs prérogatives de pouvoir temporel, se sont trouvés, durant un millénaire, à la tête d’une grande partie de la péninsule italienne, Rome comprise.
La justification historique de ce pouvoir temporel réside dans un acte, par lequel l’empereur Constantin 1er aurait donné au pape Sylvestre la primauté sur les Eglises d’Orient et le pouvoir impérial sur l’Occident. Le caractère apocryphe de ce document n’a été établi qu’en 1442 par l’humaniste Lorenzo Valla.
A la création de cet Etat religieux, les papes n’y établirent pas leur demeure. Ce n’est qu’à la fin du Ve siècle, qu’ils y installèrent une petite résidence, bâtie par le pape Symmaque, où séjournèrent des personnages illustres dont Charlemagne au moment de son couronnement. Au XIIe siècle, Célestin Il, puis Innocent III firent réparer cette demeure qui avait subi de nombreux dégâts, et ce ne fut qu’après leur retour d’Avignon que les papes s’y fixèrent. Après 1870, date de l’unité italienne et de la disparition des Etats de l’Eglise, le Palais du Vatican, fut exterritorialisé. C’est seulement en 1929, qu’après les accords de Latran, ce palais, les jardins et les bâtiments qui l’entourent – place et basilique Saint-Pierre, en particulier – formèrent un Etat souverain, la Cité du Vatican, à laquelle sont rattachés 23 autres édifices éparpillés dans Rome et à l’extérieur de la ville, tel le palais de Castel Gandolfo, résidence d’été des papes à laquelle la loi italienne accorde l’extraterritorialité.
Au cours de la Première Guerre mondiale, sous l’insistance de l’Etat italien, les gouvernements alliés décident d’exclure le Vatican de la participation aux conférences de l’après-guerre. Le 1er août 1917, Benoît XV avait proposé un plan de paix en cinq points, largement ignoré par la communauté internationale.

 

Le Vatican pendant la Seconde Guerre mondiale
Les relations entre le Vatican et le gouvernement fasciste italien se détériorent déjà avant la Seconde Guerre mondiale. En 1931, le gouvernement italien dissout les organisations de la jeunesse catholique. Le concordat, signé avec l’Allemagne, le 20 juillet 1933, n’est pas respecté par Berlin et, en 1937, Pie XI condamne le gouvernement allemand pour ses persécutions religieuses.
Lorsque la guerre éclate, le Vatican proclame sa neutralité. Après l’occupation nazie de Rome, le 10 septembre 1943, les dirigeants du Vatican s’inquiètent des éventuels dommages sur les territoires religieux causés par les belligérants. Au début de 1945, les officiels du Vatican essaient en vain de défendre les Allemands et les Japonais qui s’étaient rendus.
L’époque de la réconciliation
Après la Seconde Guerre mondiale, le Vatican amorce un processus de réconciliation avec la société séculière. Dans les années 1950, le pape Pie XII introduit, dans la vie de l’Eglise, de nombreux aspects des sciences modernes. Ces efforts ont atteint leur apogée entre 1962 et 1965 au concile Vatican II. En 1984, un concordat entre la Cité du Vatican et l’Italie modifie certaines des prescriptions les plus anciennes du traité, incluant la primauté du catholicisme romain comme religion d’Etat en l’Italie. Le 10 janvier 1984, les relations diplomatiques avec le gouvernement américain, rompues depuis 1867, sont rétablies. Le 30 décembre 1993, le gouvernement du Vatican conclut un accord basique avec le gouvernement israélien.

 

La mondialisation du Vatican
Les sujets d’actualité du Vatican portent sur le dialogue et l’entente entre les religions, ainsi que sur la réactualisation et l’application de la doctrine de l’Eglise. Le changement est rapide et les sujets à l’ordre du jour sont, entre autres, l’homosexualité et le sida. En pleine période d’une remise en question religieuse et avec les envies de laïcité exprimées haut et fort, le Vatican doit trouver sa place en Occident, même dans les pays les plus catholiques comme l’Espagne. Le Vatican doit, lui aussi, se pencher sur des sujets de crise internationale. Il s’est opposé avec vigueur en 2003 à la guerre du Golfe. Il a dépêché le cardinal Roger Etchegaray à Washington pour persuader les Américains de ne pas entrer en guerre… Sans résultat.
Les préoccupations actuelles du Saint-Siège portent sur la liberté religieuse, le développement international, le Moyen-Orient, le terrorisme, le dialogue interreligieux, la réconciliation entre les différentes Eglises et la concurrence que lui font de plus en plus sur ses terres de prédilection, notamment en Amérique latine, les Eglises évangéliques protestantes. De là l’importance et le caractère sacré du nouveau pape François qui vient d’Argentine… message sacré?…

 

Anne Lobjoie Kanaan
 

Le Vatican, état le plus riche au monde?
L’économie du Vatican est soutenue financièrement par une contribution annuelle des diocèses catholiques à travers le monde (connue sous le nom de Denier de Saint-Pierre), par la vente de timbres-poste, pièces de monnaie, de médailles, de souvenirs et d’objets dédiés aux touristes, par les redevances pour l’accès aux musées et la vente de publications diverses. Les revenus provenant de placements immobiliers représentent aussi une partie importante des recettes. Les revenus et le niveau de vie des travailleurs laïques (environ 3000 personnes, vivant à l’extérieur de la Cité) sont comparables à ceux de leurs homologues de la ville de Rome.
La richesse de l’Eglise se révèle dans ses églises et ses œuvres d’art. Les visiteurs sont éblouis par les basiliques romaines, les édifices grandioses, les marbres, les mosaïques, les verrières et les statues.
Ces monuments, ces églises surtout, furent érigés par des croyants au cours des siècles. Ils constituent une richesse spirituelle et non matérielle, car il est impossible de les vendre! La question qui se pose est de savoir pourquoi avoir créé, il y a quelques années, une commission spéciale chargée d’étudier les moyens d’équilibrer le budget, alors que le déficit, déjà de plusieurs millions, se creusait.

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