Créé, il y a 26 ans au Pays de Galles, et installé dans une quinzaine de pays, le Hay Festival célèbre sa 2e édition au Liban, qui a eu lieu du 8 au 10 mai dans différents espaces culturels à Beyrouth. Magazine s’est entretenu avec la directrice du festival, Christine Fuentes La Roche.
Pourquoi était-ce important d’établir un Hay Festival à Beyrouth?
Il était important pour nous d’être présents au Moyen-Orient. Nous avions déjà organisé en 2009 «Beirut 39» dans le cadre de Beyrouth capitale mondiale du livre. Nous avions eu alors l’occasion de collaborer avec trente-neuf écrivains arabes, de moins de quarante ans, et de découvrir de merveilleux talents dans la région, inconnus ailleurs. Quand nous installons le festival quelque part, nous cherchons à le développer. Cela demande du temps: il doit être adopté par le pays. Nous devons établir des liens, des contacts, trouver des collaborations pour le faire réussir et perdurer. Nous espérons l’installer dans la durée.
Il y a neuf ans, par exemple, nous avions été à Carthagène en Colombie. Depuis, le festival a lieu chaque année et, d’année en année, il devient un atout culturel important de la Colombie.
Le credo du Hay Festival est Imagine the world. Pourquoi?
Nous rassemblons des penseurs, des écrivains, des journalistes qui imaginent le monde tel qu’il pourrait être. C’est une sorte de credo qui regroupe plusieurs possibilités.
Est-ce que vous mettez l’accent sur certains thèmes dans cette 2e édition?
Il n’y a pas de thème spécifique. Nous nous concentrons sur d’intéressantes voix actuelles du monde entier. Nous discutons de sujets tels les droits de la femme, la liberté d’expression… essentiellement en raison de nos partenaires, comme Pen Liban, qui veulent mettre l’accent sur des questions relatives à la censure. Et c’est tout aussi bien vu la réalité qui prévaut dans la région.
Quel est, au final, le but du Hay Festival?
L’idée du Hay Festival est de créer des forums de discussions. Je crois que cela est possible à travers la culture pour pouvoir discuter de thèmes qui ne peuvent être débattus dans un autre contexte. Il y a également un intérêt à rassembler des auteurs internationaux, régionaux et locaux. Et l’échange auquel cela peut aboutir, est d’inviter par exemple les auteurs, que nous rencontrons ici, à d’autres festivals. Ainsi Joumana Haddad, que nous avons connue au «Beirut 39», a participé au Hay Festival au Pays de Galles et en Colombie. Nous répétons sans cesse qu’il ne s’agit ni d’un événement académique, ni d’une foire du livre, mais d’un festival d’idées et de dialogues, ouvert à un large public. Un festival inclusif de par la variété de ses thèmes et ses débats. Notre but est de célébrer l’écriture et de rassembler les gens tout autour.
Laila Rihani
Encadré
De débats et de rencontres
Du 8 au 10 mai, Beyrouth a été envahie par un souffle d’idées intellectuelles et littéraires. C’est que le Hay Festival célébrait sa 2e édition dans la capitale libanaise. Poètes, auteurs, penseurs, dessinateurs, journalistes…, internationaux, régionaux et locaux, se sont retrouvés dans différents endroits de la capitale pour débattre, discuter, échanger et imaginer le monde tel qu’il pourrait être. Littérature, poésie, environnement, bandes dessinées, démocratie, dictature, révolution, liberté d’expression, droits de la femme… les thèmes sont aussi divers que riches. A l’AUB, au Beirut Art Center, à Zicco House, à l’Institut français de Beyrouth, à l’espace 392 Rmeil 393, au théâtre al-Madina, le public est allé à la rencontre des idées de Patrick Deville, Charif Majdalani, Frédéric Martel, Joe Sacco, Hani Shukrallah, Tom Fletcher, Jonathan Lévi, Mohammad Hanif, Kamal Mouzawak, Rosie Boycott, Michèle Standjofski, Jana Elhassan… Le festival a été clôturé par une soirée poétique à Zicco House, animée par les membres des «Poeticians», Hind Shoufani, The Amzain’ Sardine, Tina Fish et Rewa Zeinati qui lançait son premier ouvrage Nietzsche’s camel must die, une publication Xanadu.