Magazine Le Mensuel

Nº 2897 du vendredi 17 mai 2013

Expositions

La Fransabank. Dénicheur de nouveaux talents libanais

Après sept ans d’absence, l’année 2013 sonne le retour de Jabal, à l’initiative de la Fransabank. Pour sa neuvième édition, qui s’est tenue du 8 au 12 mai dernier, le tapis rouge de l’hôtel Le Gray a été déroulé pour les cimaises de vingt-cinq artistes libanais choisis parmi une centaine de candidats.

Le 8 mai dernier, dans le hall d’exposition de l’hôtel Le Gray, difficile de se frayer un chemin. C’est qu’un millier de paires d’yeux sont venus découvrir la promotion 2013 de Jabal, le Salon des jeunes artistes des beaux-arts du Liban.
Débutée en 1998, l’aventure impulsée par la Fransabank prend racine dans un constat simple mais décisif: les jeunes artistes libanais ont besoin de pouvoir exposer leurs œuvres au grand public. Les éditions précédentes de Jabal ont ainsi permis à 300 jeunes de passer sous les projecteurs de la scène médiatique le temps d’une exposition et plus si affinités.
«La Fransabank est devenue un dénicheur de jeunes talents libanais», assure Laure d’Hauteville, conseillère artistique de l’événement, le 12 février dernier, lors d’une conférence de presse. «Une cinquantaine d’entre eux sont aujourd’hui reconnus sur la scène internationale et font la fierté du pays. Grâce à Jabal, ils se confrontent aux collectionneurs d’art et arrivent à trouver des galeries pour s’exposer, parce qu’il y a une vraie création au Liban, poursuit-elle. Au Pays du Cèdre, on souffre pleinement, on aime pleinement et on crée pleinement». Au doute parfois des jeunes artistes libanais, Fransabank a donc décidé de leur tendre la main pour leur permettre d’exprimer leur art.
A l’hôtel Le Gray, un établissement collectionneur d’art, les dédales de l’exposition entraînent le visiteur dans une flânerie en forme de cercle effréné. Les créations des vingt-cinq jeunes talents 2013 (dont dix-huit sont présents lors de l’inauguration) cherchent à attirer le regard des curieux et des passionnés dans un espace minimal.
Dans le flot d’admirateurs, une femme essuie discrètement ses larmes. Devant elle, une jeune artiste de 25 ans, Nour Ali, vient d’être plébiscitée et présentée élogieusement au président de la Fransabank, Adnan Kassar, par Laure d’Hauteville. Une fierté difficilement dissimulable dans les yeux d’une mère. Pour sa première exposition au Liban, la jeune céramiste propose un travail sur le thème des origines et de l’identité à travers le thé et le café.
«Jabal est une très bonne opportunité pour nous, explique-t-elle. C’est une belle façon de se faire connaître et de donner une idée de notre travail».
La peintre Rita Adaimy a, de son côté, une vingtaine d’années d’expérience. Elle est d’ailleurs professeur de peinture à La Sagesse et à l’Alba (Académie libanaise des Beaux-arts). Dans des toiles inspirées du Street art, elle se dévoile dans des autoportraits. «Jabal est un très bon mouvement d’artiste, d’autant que l’exposition rassemble différents courants artistiques du classique au moderne», déclare-t-elle.
D’une cimaise à une autre, les couleurs changent, les styles dialoguent entre eux et les supports se multiplient. Dans les couloirs de l’exposition, la place a été laissée à la transdisciplinarité: peinture, sculpture, photographie, illustration, street art, céramique, design et même vidéo.

«C’était inattendu, avoue Wafaa Céline Halawi. Jabal est plutôt typiquement tourné vers les beaux-arts et je me retrouve pour la première fois dans une exposition d’art en dix ans de métier pour présenter des vidéos de danse», souligne l’artiste.
Un peu plus loin, c’est également la première exposition de Cyrine Gautier, une dessinatrice franco-libanaise. «Mes dessins sont des satires du quotidien, présente-t-elle. Ces planches n’étaient d’ailleurs pas faites pour être exposées mais destinées à la publication d’un livre. Concernant Jabal, c’est une très belle initiative. C’est vraiment ce qui manquait au Liban. Il y a énormément d’artistes qui ont un très bon regard mais qui n’ont pas de local pour exposer. Jabal nous en donne l’opportunité, continue-t-elle. Bien sûr, je rêve de vivre un jour de mon art, comme toutes les personnes qui sont dans cette salle je pense».

Delphine Darmency

Des noms à retenir
Badeeh Abla, Fadi el-Hamwi, Walid Aouni, Nour Ballouk, Dima Boulad, Hala Dabaji, Sabyl Ghoussoub, Paul Gossian, Tamara Haddad, Janet Hagopian Yapoudjian, Yazan Halwani, Nada Hourie, Liane Mathes Rabbath, Jinan Moussa, Yasmine Nachabetaan, Youssef Nehme, Anastasia Nysten, Yasmina Alexandra Nysten, Louma Rabah, Marwan Tahtah et Sibylle Tamer.
Parmi ces jeunes talents, certains deviendront des noms réputés et reconnus au-delà des frontières libanaises. C’est tout ce qu’on leur souhaite. Il reste que l’exposition ne dure que cinq petits jours et laisse une envie d’encore.   

 

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