Le 46e congrès médical de l’AUB, Middle East Medical Assembly (Mema), a eu lieu du 9 au 11 mai, présidé cette année par le Dr Ala’ Charara. Coup de projecteur sur ce congrès qui replace le facteur humain au cœur des préoccupations médicales.
C’est la 46e édition de Mema. Comment le congrès a-t-il évolué au fil du temps?
Mema existe depuis 1950. Et comme son nom l’indique, il s’agissait à l’époque du seul congrès au Moyen-Orient qui couvrait toute la région. Un congrès de niveau international qui accueillait des experts du monde entier venus présenter une science de pointe à un auditoire composé d’experts libanais et régionaux. Avec le temps, le congrès gagnait en importance. Mais parallèlement, il était influencé par l’évolution de la médecine et l’organisation de réunions médicales dans les pays environnants. Son importance, unique au début, faiblissait, même si l’AUB essayait de le préserver comme un pivot essentiel de l’éducation médicale dans la région. Avec l’évolution galopante de la médecine, il devenait impossible d’organiser un congrès général qui couvre tout en même temps. Donc, chaque année on effectuait une rotation au niveau des sujets choisis, ce qui limitait toutefois son intérêt. Cette année, nous avons essayé une nouvelle approche.
En quoi consiste cette approche?
Il s’agissait de mettre des buts essentiels pour nous en tant qu’AUB, société libanaise, contexte régional et santé mondiale. Savoir par exemple comment améliorer la santé du citoyen et de la société, ou comment développer davantage l’éducation des étudiants en médecine. Nous avons fixé des buts et essayé de revenir en arrière pour les étudier et voir comment les réaliser. A partir de là, nous avons développé un programme sur cinq axes. D’ailleurs le congrès s’intitule Forum de santé générale (global health forum). Même dans le logo, on voit que l’accent est mis sur le facteur humain qu’il faut replacer au centre des préoccupations médicales. Le but au final est de sortir de l’étroit cercle de l’AUB et du congrès pour prendre part aux importants développements dans le monde, et pouvoir ainsi être leader dans l’approche des sujets essentiels qui préoccupent actuellement la société mondiale. C’était un projet ambitieux.
Avez-vous abouti à des résultats?
Toutes les questions débattues vont être suivies ultérieurement, en collaboration avec les ministères concernés et les associations. Parfois même le fait d’en parler suffit à enclencher l’idée. Le but est d’éduquer les nouvelles générations à être impliquées dans leur société et à ne pas voir les choses d’un point de vue médical seulement. Le médecin est avant tout un citoyen qui subit les mêmes conditions économiques, sociales et de santé générale. Son rôle ne doit pas se limiter à prescrire des médicaments ou à s’occuper des malades. Il doit aider à régler les problèmes qui en résultent et approcher les questions médicales de manière un peu avant-gardiste. Qu’il soit plus dans l’action que dans la réaction.
Avez-vous eu beaucoup de difficultés à organiser le congrès vu la situation locale et régionale?
Au total, nous avons invité 37 intervenants internationaux et régionaux de 13 pays différents, d’Asie, d’Europe, des Etats-Unis, du Canada, plus une cinquantaine d’experts libanais. Mais honnêtement, nous avons fait face à beaucoup de difficultés. Si le même congrès avait lieu à Prague, ce serait gigantesque. Il y a également le problème de la crise économique mondiale qui limite les financements qu’on peut avoir. D’autant plus qu’il s’agit de sujets de santé générale et de prévention. C’était un défi, mais je crois que nous avons réussi.
Propos recueillis par Nayla Rached
Forum de santé générale
Les questions débattues lors du 46e congrès médical de l’AUB tournaient autour de cinq axes principaux, en plus des ateliers de travail ouverts à tous les étudiants libanais. Le premier axe traite de «santé générale et de médecine sociale», pour renforcer le rôle social et humain du médecin. Le 2e de «médecine préventive», abordant notamment le problème du tabac et ses répercussions, ainsi que le cancer du côlon et son dépistage. Le 3e concerne l’«éducation médicale» et son évolution à travers notamment un atelier de travail de simulation, le premier du genre au Liban. Pour le 4e axe, il s’agit de «recherches cliniques», en collaboration avec le CNRS libanais. Et finalement, le 5e axe abordait les réformes des soins de santé.