La justice se saisit du dossier d’al-Madina
La justice s’est à nouveau saisie du dossier de la banque al-Madina. Une demande avait été présentée par le parquet à la commission des experts en audit de procéder à la vérification des comptes de la banque. Un dossier qui avait été gelé pour des considérations d’ordre politique. La commission a dressé une première liste de 451 comptes douteux soumis à enquête. Une première tranche a déjà été remise à la justice, il s’agit de 135 comptes de plus d’un million de dollars appartenant à des personnes qui n’ont pas encore été interrogées. Une deuxième tranche devrait être transmise bientôt. Des sources juridiques révèlent que des clients non libanais de la banque seraient impliqués dans cette affaire.
Un discours pour la 5e bougie
A l’occasion du 5e anniversaire de son accession à la première magistrature de l’Etat le 25 mai, le président Michel Sleiman s’adressera aux Libanais à travers les chaînes de télévision. Le chef de l’Etat évoquera tous les dossiers de l’heure et abordera certains sujets délicats comme la corruption et les infractions commises au niveau de l’administration. Il pourrait, par ailleurs, lancer un appel à la reprise du dialogue national en ces circonstances particulièrement difficiles, surtout qu’il a récemment présidé une réunion de la Commission de suivi du dialogue.
Les reproches des chrétiens du 14 mars à Salam
Les pôles chrétiens du 14 mars reprochent au président du Conseil désigné Tammam Salam d’être tombé dans le piège que lui a tendu le tandem chiite (Amal-Hezbollah). Il se serait laissé entraîner à faire des concessions. Lui qui avait donné sa bénédiction à un cabinet composé de 8×3, après avoir proposé la mise sur pied d’une équipe neutre chargée de l’organisation des élections, pourrait revenir à un gouvernement de 30. Après avoir catégoriquement rejeté le tiers de blocage, le voilà qui le tolère mais de manière détournée en laissant au président Nabih Berry la liberté de nommer un ministre chiite ou sunnite de la quote-part des centristes. Par ailleurs, alors que le discours politique du 14 mars prêche l’intransigeance face au Hezbollah et rejette l’équation tripartite (le peuple, l’armée, la Résistance), le Premier ministre désigné continue à tenir des propos favorables à la Résistance.
En se rendant auprès du chef du Parlement, le président Salam a encore fait une concession, selon l’analyse faite par ces sources, il s’était auparavant contenté d’entrer en contact indirect avec Berry, via des émissaires.
Climat tendu entre Joumblatt et le Hezbollah
Les tiraillements s’intensifient entre le député Walid Joumblatt et le Hezbollah, surtout au niveau de la base joumblattiste. Des mises en garde et des menaces implicites avaient été adressées au seigneur de Moukhtara via des messages codés émanant des alliés de la Syrie. Les observateurs ont noté la commémoration des martyrs de mai 2008 tombés dans des accrochages avec le Hezbollah. C’est bien la première fois que des cérémonies de cette envergure ont lieu à la Montagne. De Choueifat à Baysour a eu lieu une marche aux chandelles en présence du député Akram Chéhayeb qui avait gagné une grande popularité après les incidents de mai.
Chiffres confidentiels
Le chef des Forces libanaises, le docteur Samir Geagea, a refusé de livrer un décompte précis du nombre de députés chrétiens qui pourront accéder à l’hémicycle par le vote des chrétiens si jamais le projet de loi électorale mixte, proposé en partenariat avec le Moustaqbal et les socialistes de Walid Joumblatt, était appliqué. «Je laisse cette affaire aux experts et aux techniciens. Nous avons assuré le meilleur taux de représentativité possible compte tenu des données et des circonstances actuelles». Le général Michel Aoun a déclaré, quant à lui: «Tout projet mixte, quel qu’il soit, ne sera pas à même de nous garantir nos droits. Il nécessitera de grandes concessions. Dans le meilleur des cas, 14 ou 15 députés chrétiens, au bas mot, seront élus par des voix non chrétiennes».
Ali Bazzi au placard?
Les milieux du 8 mars ont été frappés d’étonnement en constatant que le député Ali Bazzi avait été écarté de la sous-Commission chargée de la loi électorale en faveur du ministre Ali Hassan Khalil, bien que les dernières réunions étaient présidées par le président Nabih Berry. Cette attitude de «distanciation» vis-à-vis du député Bazzi a suscité plusieurs interrogations surtout que ce dernier était toujours présent lors des rencontres du chef de l’Assemblée avec ses visiteurs étrangers.
Coopération des SR libanais et américains
Une délégation de la direction générale de la Sûreté générale s’envole pour Washington avant la fin du mois, dans le cadre de la coopération pour la lutte antiterroriste. Une coopération qui s’est concrétisée suite aux réunions successives du général Abbas Ibrahim, directeur de la Sûreté générale, et de Maura Connelly, ambassadeur des Etats-Unis au Liban. On apprend ainsi que les lignes de communication sont ouvertes depuis plus d’un an, à la demande des Américains, entre la direction de la Sûreté et les organes de renseignements américains et qu’elles étaient au stade de l’édification de la confiance. Elles avaient lieu, selon les informations disponibles, via l’ambassade de Beyrouth. Depuis le début de l’année, les liens se sont raffermis grâce à une collaboration directe scellée par la visite d’une délégation de la Sûreté générale à Washington, qui sera suivie d’une deuxième avant la fin du mois de mai.
L’Energie convoitée
«A moi, le ministère de l’Energie», a fait savoir le député Walid Joumblatt au Premier ministre désigné, Tammam Salam. Le député du Chouf voudrait placer son candidat, Bahige Abou Hamza, à la tête de ce ministère convoité. Ses proches mettent en garde: «Si vous voulez amadouer le général Michel Aoun en accordant encore une fois ce portefeuille à son gendre, aucun ministre joumblattiste ne se joindra à votre équipe. L’alternative est la suivante: le portefeuille de l’Energie sinon un cabinet sans ministres druzes. Gouvernez le pays sans eux, si vous le pouvez».
Contacts Hezbollah-Ikhwan
Les réunions de la Commission dite des bonnes intentions visant au rapprochement entre sunnites et chiites qui ont eu lieu en cours de semaine à Beyrouth, se sont limitées aux personnalités pro-syriennes et pro-iraniennes, comme le rapportent des sources islamiques. La rupture avec l’Union mondiale des ulémas musulmans, dirigée par le cheikh Youssef Kardaoui, à partir du Qatar, semble définitive et nul ne s’attendait à ce que cette institution participe aux réunions. Mais, malgré l’absence des Ikhwan d’Egypte et de représentants d’al-Azhar, le dialogue avec eux se poursuit. Une rencontre entre la Jamaa islamia (les Ikhwan, section Liban) et le Hezbollah aurait eu lieu en marge des réunions, la première depuis longtemps, elle n’aurait pu se tenir sans la bénédiction de la centrale des Ikhwan au Caire. Les sources affirment que les contacts entre Téhéran et la Jamaa des Ikhwan au pouvoir en Egypte connaissent un progrès qui pourrait aboutir à une alliance égypto-iranienne autour de laquelle pivoterait une coalition de gouvernements et de forces islamiques arabes. La participation du mufti de Syrie aux réunions a interpellé les observateurs, et les réseaux sociaux ont affiché des photos le montrant pénétrant avec des dignitaires chiites au monument touristique de Mellita.
Législatives et consensus irano-saoudien
L’organisation des législatives au Liban est désormais tributaire d’un accord saoudo-iranien, comme l’avance une source diplomatique. La rencontre du ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salihi, à Riyad avec son homologue Saoud el-Fayçal n’a pas abouti à livrer un mot de passe consensuel à leurs alliés libanais respectifs. Le diplomate des pays du Brics estime que certains milieux influents dans le royaume veulent maintenir les pressions politiques sur le Hezbollah et ses alliés en leur bloquant l’accès au «paradis» gouvernemental. L’effondrement de la formule S S (Syrie-Arabie saoudite) nécessite, ajoute-t-il, l’émergence d’une équation régionale de substitution qui rééquilibrerait le pouvoir de plus en plus vacillant au Liban. Ces mêmes milieux saoudiens, toujours d’après le diplomate, n’hésitent pas à financer des groupes armés à Saïda et ses environs dans le but d’attiser la tension communautaire dans cette région et attirer ainsi le Hezbollah dans le piège d’un affrontement interne. Sans l’intervention du roi Abdallah Ben Abdel- Aziz et de ceux qui partagent sa ligne de conduite, le diplomate craint que ces milieux saoudiens ne misent sur les faucons des Etats-Unis qui veulent réaménager le paysage régional par la force, peu soucieux de la menace qu’ils font peser sur la paix civile au Liban.
Le feu couve dans les camps
Les accrochages armés qui ont opposé des éléments du Fateh et du Front al-Nosra dans le camp de Aïn el-Heloué, en fin de semaine passée, ont été aiguisés par certains leaders du Hamas. La source palestinienne, qui fait ces révélations, signale que la branche Kardaoui et celle du Hamas, proche du Qatar, souhaitent affaiblir le président palestinien, Mahmoud Abbas, quelques mois avant la réconciliation programmée. Ils souhaitent, par ailleurs, éliminer de l’équation politico-militaire les forces de la coalition palestinienne favorable à Damas, notamment les combattants du Front populaire-Commandement général qui ont chassé Hamas d’un nombre de camps palestiniens en Syrie. Le groupe de Bilal Badr, qui reçoit un appui direct de la branche de Khaled Machaal à Qatar, joue un rôle militaire dans le camp de Aïn el-Heloué pour camoufler celui de Hamas, poursuit la source. Les confrontations du 19 mai ont eu lieu juste quelques jours après la tentative de déploiement de ces éléments, le 14 mai, dans le périmètre du camp de Chatila au sud-est de Beyrouth, à la limite de la banlieue-sud. Tentative que l’armée avait fait avorter.
A quoi joue Assir?
Les quartiers populaires de Saïda vivent dans la peur après la propagation d’informations sur la mort de combattants appartenant à la ville dans les batailles de Qoussair. Des habitants et des dignitaires indépendants tentent d’entrer en contact avec le cheikh Ahmad el-Assir afin de recueillir des informations sur le sort du groupe de Saïda qu’il avait envoyé au jihad en Syrie et dont les familles n’ont plus aucune nouvelle. Les observateurs qui suivent ce dossier affirment que ce qui rend la situation encore plus confuse, c’est la dissimulation par les miliciens d’Assir de l’identité complète de leurs combattants tombés en Syrie. Le cheikh Assir qui connaît bien leurs noms s’abstient de transmettre cette information aux parents, aussi a-t-il annoncé que son fils Mohammad avait rejoint les jihadistes, qu’il avait été blessé et rapatrié à Saïda. Or, selon certaines sources de la ville, Mohammad a été hospitalisé pour une gastroscopie et son médecin a affirmé qu’il n’y avait nulle trace sur son corps de balle ou d’éclat d’obus.