Magazine Le Mensuel

Nº 2881 du vendredi 25 janvier 2013

Confidences Liban

Anciennes confidences

Chypre-Liban: guerre des tribunaux
La ministre chypriote des Affaires étrangères, membre de la délégation officielle présidée par le président de la République, en visite au Liban, a soulevé avec le procureur général, Hatem Madi, le dossier d’une ressortissante chypriote séparée de son époux libanais. La diplomate a réclamé que l’enfant, né de cette union, soit remis à sa mère, la justice de son pays lui ayant octroyé le droit de garde, alors qu’un tribunal libanais a reconnu ce même droit au père. Parallèlement, le président Demetris Christofias, témoin du mariage du couple, comme il l’a confié, a abordé la question avec son homologue libanais. Les pourparlers à ce sujet se poursuivent afin de trouver une formule de règlement satisfaisante à ce contentieux. Des élections présidentielles doivent avoir lieu, dans les prochains mois, dans l’île de Chypre et on dit qu’il n’est pas évident que l’actuel président soit réélu.

 

Reconduction minée
L’idée de la prorogation des mandats des responsables sécuritaires supérieurs et du procureur général, qui atteindront l’âge de la retraite au cours de cette année, ne fait toujours pas l’unanimité à l’ombre des dissensions politiques. Il est difficile, pour ne pas dire impossible, que les forces en présence parviennent à leur trouver des successeurs acceptés par les deux bords, chacun tentant de placer ses propres poulains. Ce sont les leaders du 8 mars qui favorisent le projet de prolongation des mandats, selon un responsable sécuritaire, projet qui n’a pas encore été soumis au Conseil des ministres vu les divergences qu’il suscite. Le président Nabih Berry, qui veille à la sauvegarde de la stabilité dans le pays, tente d’assurer une couverture à ce projet, sachant que la reconduction des mandats nécessite le vote d’une loi par le Parlement, notamment en ce qui concerne le commandant en chef de l’armée, Jean Kahwagi. Un ministre prévoit le règlement de ce dossier au cours du mois de février pour que l’Assemblée ait la latitude de procéder au vote.

 

Le Liban, source de renseignements
Un responsable sécuritaire a mis le cap sur un pays asiatique où il s’est entretenu avec ses homologues. Au menu, l’examen de dossiers sécuritaires à la lumière de l’arrestation par le Liban de deux ressortissants de ce pays, accusés d’appartenir à al-Qaïda. Les autorités de ce pays voudraient que les informations sécuritaires importantes, recueillies durant l’interrogatoire par le Liban, leur soient transmises. Tout comme elles souhaiteraient savoir si l’extradition des deux repris de justice est possible. Par ailleurs, des responsables sécuritaires européens ont débarqué à Beyrouth, à la suite des événements au Mali, en quête de renseignements sur les organisations terroristes et fondamentalistes dont certains membres auraient rejoint la Syrie pour combattre sous la houlette du Front al-Nosra étroitement surveillé par l’Occident. Quant à la situation au Liban, elle restera relativement stable, selon un responsable sécuritaire, vu que nul n’a intérêt à provoquer une explosion et que les organes militaires et sécuritaires restent mobilisés!

 

Réélection et non-reconduction
Le président Michel Sleiman aurait dit à plus d’une reprise devant ses visiteurs qu’il refuse que l’on évoque la reconduction de son mandat, invitant les acteurs politiques à s’entendre sur une nouvelle personnalité capable d’assumer cette haute responsabilité. L’idée de renouveler le mandat présidentiel ne peut être écartée dans le cadre général de la recherche d’un nouveau chef d’Etat. Une source fiable estime que si le président Sleiman devait finir par admettre l’idée, il le fera sous certaines conditions, à savoir l’amendement de la Constitution pour faire du mandat présidentiel un quinquennat renouvelable une seule et unique fois. Une fois cet amendement voté, le président Sleiman pourrait alors présenter sa candidature comme tout autre candidat pour être élu par le Parlement. D’autres revendications avancées par le président actuel sont également au programme: la correction des failles de Taëf successivement relevées avant lui par les présidents Elias Hraoui et Emile Lahoud.


Les camps sous surveillance
Le ministre de l’Intérieur palestinien, Saïd Abou Ali, était de passage au Liban la semaine passée où il a rencontré plusieurs officiels. Au programme, les dossiers d’intérêt commun, la situation dans les camps et les armes palestiniennes hors des camps. Le président palestinien, lors de sa visite à Beyrouth l’an dernier, avait informé les autorités qu’il appuyait la mise des camps sous le contrôle de l’Etat, refusant que ceux-ci soient transformés en îlots sécuritaires ou en refuges pour hors-la-loi. La visite du ministre Abou Ali s’inscrit dans le cadre de l’inspection des camps et de l’attachement à la non-ingérence des Palestiniens dans le conflit interlibanais.
Un responsable sécuritaire indique que, en vue de mieux réglementer la situation à l’intérieur des camps, une unité militaire du Kifah pourrait être mise sur pied pour empêcher les accrochages et régler l’anarchie armée.

 

Le Sénat en compensation
Les concertations entreprises par le député Walid Joumblatt avec les instances politiques et religieuses de la communauté druze ont abouti à un accord unanime concernant la poursuite des démarches visant à la création du Sénat qui sera présidé par un druze. Certains estiment qu’il est fort possible que le Sénat serve de contrepartie à un aval sur la loi électorale. Ce serait une loi mixte basée, à la fois, sur la proportionnelle et le scrutin majoritaire. Le Sénat étant soumis à la loi orthodoxe où chacune des communautés est appelée à élire ses propres représentants.

 

Le secrétariat encore paralysé
Le Secrétariat général du 14 mars n’a plus tenu de réunions depuis le début de l’année. Les représentants des Kataëb avaient alors participé au cocktail donné par le secrétariat après l’entente conclue pour le retour du parti dans ses rangs. Mais le projet de loi de la Rencontre orthodoxe, soutenu par les partis chrétiens du 14 mars, a entravé les réunions vu la tiédeur qui règne entre les composantes de cette coalition après que le Moustaqbal et les chrétiens indépendants eurent dénoncé le projet orthodoxe et clamé leur attachement au scrutin majoritaire agrémenté d’un nouveau découpage électoral en 50 petites circonscriptions.

 

 

 

La loi de 1960 retouchée
L’ancien ministre Naji Boustany a remis au président Michel Sleiman une copie de son projet électoral qui consiste à diviser le Liban en 34 circonscriptions, soit la loi de 1960 à laquelle seront greffés quelques amendements afin de satisfaire toutes les fractions. Boustany, qui a aussi discuté de son plan avec le chef du Législatif et fait la promotion de son projet auprès du patriarche maronite et de plusieurs acteurs politiques, estime que son plan prend en considération les craintes des chrétiens et des musulmans, respecte la spécificité de Walid Joumblatt dans la Montagne, assure un équilibre en faisant échec aux listes bulldozer et permet le dégagement de blocs indépendants non alignés. Un responsable qui suit le dossier de près pense que la loi de 1960 retouchée pourrait constituer une sortie de crise en attendant l’institution d’une loi moderne basée sur la proportionnelle et les circonscriptions moyennes.

 

Obama II: le Liban, c’est où?
La politique extérieure est toujours une source de préoccupations pour le président Barack Obama, selon un chercheur arabe qui travaille aux Etats-Unis. Celui-ci estime que la nouvelle Administration va prendre son temps avant de définir la stratégie régissant ses relations avec le Liban. Le nouvel électorat du président américain, composé majoritairement d’électeurs issus des communautés noires, des minorités et des marginaux, orientera les priorités du deuxième mandat qui sera principalement axé sur les dossiers internes, en l’occurrence le chômage, la dette, la crise financière, la question des armes individuelles et les prestations sociales. Le Liban va, par ailleurs, être influencé par l’intérêt grandissant des Américains pour l’Asie du sud-est et la Chine, au détriment du Moyen-Orient…
Le chercheur a révélé, par ailleurs, l’existence de pourparlers entre l’Administration Obama et l’Iran via des médiateurs. Ces négociations, qui connaissent des hauts et des bas, portent sur divers dossiers régionaux dont le Liban et la Syrie. Sans oublier les dossiers qui relèvent de la sécurité régionale en Irak, en Afghanistan, au Yémen et ailleurs. L’analyste regrette que certains politiques libanais ne soient pas conscients des changements survenus aux Etats-Unis, soulignant l’érosion de la popularité du Congrès et se demandant si la désignation de Chuck Hagel au Secrétariat d’Etat à la Défense ne constitue pas un message positif adressé à l’Iran.

Joumblatt isolé
La visite que le député Walid Joumblatt a rendue au président Nabih Berry, il y a deux semaines, quelques heures après le clivage confessionnel et parlementaire, mis en exergue par le projet de la loi orthodoxe, a constitué une étape décisive pour le leader druze qui se prépare à la phase à venir. La source ministérielle, qui rapporte cette information, pense que ce qu’il faut retenir de la visite c’est que Aïn al-Tineh est devenue le «mur des lamentations» du seigneur de Moukhtara préoccupé par les développements en Syrie. Il aurait même confié à son ami chiite «Assaad a gagné, c’est fini». D’après la même source, Berry réserve un traitement spécial à Joumblatt parce que ce dernier «sait quand attaquer pour tirer des bénéfices et quand se retirer pour sauvegarder ses acquis», et cette maturité politique, de l’avis de la source, facilite l’entente sur un nouveau partage parlementaro-gouvernemental qui apparaîtra au grand jour après l’échéance parlementaire au début de l’été prochain. Avec le choix du projet orthodoxe par les partis chrétiens, Joumblatt a réalisé l’étendue de son isolement électoral, il se retrouve seul dans la barque avec les Hariri qui ont commencé ces derniers temps à lui disputer un siège sunnite dans l’Iklim et un autre à Beyrouth et en même temps à flirter avec le président Berry. La situation électorale du chef progressiste n’est pas meilleure à Hasbaya et dans la Békaa-Ouest où il reste tributaire de la machine électorale des Hariri.

Tensions à Naameh-Damour
La région de Naameh-Haret Naameh-Damour est le théâtre d’une ébullition confessionnelle croissante avec le gain d’influence des adeptes de l’islam wahhabite. Des sources locales révèlent que ces gens ont réussi à forcer les portes d’une ancienne école, malgré les protestations des habitants, pour y loger des déplacés venus de Syrie. L’idéologie wahhabite, ajoutent ces sources, se propage à un rythme rapide parmi les jeunes et les déplacés dont le nombre dans la région ne fait que croître, une tendance nourrie par certains hommes de religion qui exploitent n’importe quelle petite querelle de village pour alimenter un climat de haine à l’encontre des chrétiens, en colportant des mensonges et en inventant des scénarios, «l’ennemi» chiite n’étant pas présent dans cette région. Les sources mettent en garde contre la gravité de ce phénomène et exhortent les forces politiques à assumer leurs responsabilités pour mettre un terme à ces agissements qui menacent la paix civile et l’union nationale.


Rupture entre Riyad et le tandem chiite
Rupture quasi totale entre le tandem chiite, Amal-Hezbollah, et l’Arabie saoudite. Zéro contact, relèvent les milieux chiites, depuis la participation, au mois de septembre passé, du ministre de la Santé, Ali Hassan Khalil, à un congrès médical qui se tenait à Riyad. Le ministre Khalil avait pris l’initiative de demander un rendez-vous au ministre saoudien de l’Information et de la Culture, Abdel-Aziz Khoja, qui compte parmi les responsables en charge du dossier libanais. Après la rencontre Khalil-Khoja, on s’attendait à un réchauffement des relations, mais il n’en fut rien. Malgré cela, l’ambassadeur saoudien Ali Awad Assiri, qui entretient des relations avec tous les courants politiques, n’a fait aucune ouverture envers les leaders chiites en dépit de l’étape particulièrement délicate sur le plan interne. Les mêmes milieux estiment qu’il n’existe aucun problème spécifique entre le royaume saoudien et le Hezbollah, rappelant que la visite qu’avait entreprise le vice-secrétaire du Hezb, cheikh Naïm Kassem, en 2007 à Riyad avait constitué un tournant dans les rapports bilatéraux parce qu’elle avait clarifié la position du duo Amal-Hezbollah quant au régime confessionnel et à l’unité des musulmans et de la Résistance. Aujourd’hui, les milieux se montrent optimistes, après la rencontre entre le président Mikati et le fils du roi qui occupe la fonction de vice-ministre des Affaires étrangères saoudiennes, l’émir Abdel-Aziz Ben Abdallah. Ils espèrent que cette entrevue guidera le diplomate Assiri vers Aïn el-Tineh.

 

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